Récemment, alors qu'Adobe tentait de verrouiller son programme et de gérer les failles pouvant être exploitées par des pirates, certains experts en sécurité avaient suggéré que le sandboxing pourrait être une idée judicieuse. Sans doute mieux connu pour son utilisation dans le navigateur Chrome de Google, ce procédé permet de cloisonner le traitement des données et même de l'isoler du système de la machine, afin d'empêcher l'exécution d'un code malveillant. Selon Brad Arkin, directeur de la sécurité et de la vie privée chez Adobe, cette solution sera ajoutée dans la prochaine mise à jour importante du Reader (version 10) sous Windows. S'il s'est refusé à communiquer un calendrier précis pour la disponibilité de cette mise à jour, le responsable d'Adobe a néanmoins indiqué que ce serait avant la fin de l'année.

"Avec le sandboxing, toute personne en présence d'un PDF malveillant pourra constater que le code suspect est conservé dans le bac à sable", a déclaré Brad Arkin, à propos de cette technologie, également utilisée par Microsoft dans Internet Explorer 7 et 8, et dans Office 2010. Les attaques restent possibles, mais il faudrait pour cela que le pirate soit en mesure de sortir le logiciel malveillant de la sandbox. Le plug-in du Reader pour navigateur internet permet déjà d'utiliser IE7 et IE8 en mode protégé - Microsoft utilise le terme Protected Mode au lieu de «sandbox» dans son navigateur - et le cloisonnement fonctionne déjà sous Chrome. L'ajout de la sandbox à la version générale, permettra également de protéger les utilisateurs de Firefox et ceux qui utilisent la version stand-alone du Reader PDF.

Des aides extérieures

Dans un premier temps, le Reader triera les requêtes en écriture faites par le programme, de manière à bloquer les tentatives d'inscrire du code dans le système.  Une version ultérieure limitera aussi la lecture seule, afin d'empêcher les tentatives de vol d'informations importantes, comme les numéros de carte de crédit ou les mots de passe. " Dans la première version, tout le processus de rendu d'un fichier PDF se passe dans la sandbox," a déclaré Brad Arkin. Cela comprend aussi  l'analyse du document PDF et des images associées, et l'exécution de JavaScript qui avait servi à exploiter des failles dans Reader.

 

 

Crédit Photo: D.R

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La technologie, activée par défaut, sera associée au mode protégé, selon la terminologie utilisée par Microsoft dans IE7 et IE8. Adobe reconnait avoir reçu le soutien de Microsoft et de Google, "qui ont donné beaucoup de conseils", selon le responsable. Celui-ci a également rappelé que Adobe avait basé sa technologie sur des techniques décrites en 2007 par David LeBlanc, un expert en code sécurisé chez Microsoft, et de Michael Howard, développeur dans la firme de Redmond, co-auteurs de Writing Secure Code. Nicolas Sylvain, ingénieur logiciel chez Google, et l'équipe de Chrome, sont également cités pour leur aide dans la mise au point du mode protégé du Reader.

Une offre complémentaire

Cela fait un peu plus d'un an qu'Adobe concentre ses efforts sur ce que Brad Arkin appelle le " processus du courtier ", qui décide quelles fonctions le Reader est autorisé à mener en dehors de la sandbox, comme l'écriture sur le disque ou le lancement d'une pièce jointe ou d'un exécutable à partir du logiciel. "Le "broker" est contraint par des options préréglées - que les utilisateurs peuvent modifier - qui restreignent différentes actions," a indiqué le responsable d'Adobe. Il s'est dit confiant que la sandbox serait "solide comme le roc" lorsque la version 10 du lecteur serait livrée, notamment parce que le "broker" est récent. Depuis l'année dernière, Adobe a adopté une méthode de développement appelée Secure Product Lifecycle (SPLC), une approche similaire au Software Development Lifecycle (SDL) de Microsoft. Les deux impliquent plusieurs étapes spécifiques de sécurité mises en place pour les programmeurs afin que leurs logiciels abritent moins de bugs.

Ces dispositions sont à rapprocher d'autres actions, dont un calendrier trimestriel de sortie de correctifs de sécurité, mises en place en 2009, suite aux critiques à propos du temps mis par Adobe à réagir à corriger une faille de sécurité exploitée par des pirates la même année. " Le mode protégé est un autre aspect de cette campagne," ajoute Brad Arkin avant de conclure "c'est un changement très important pour Reader."