Atos, fournisseur de supercalculateur depuis le rachat de Bull en 2014, vient d’annoncer la vente d’une machine BullSequana X1310 équipée de 552 puces Marvell ThunderX2 reposant sur l’architecture 64 bits Armv8-A. Le X1310, qui sera livrée fin 2018 dans le centre du CEA/DAM à Bruyères-le-Châtel, en Ile-de-France, intégre 92 lames BullSequana X1310, avec trois nœuds de calcul par lame. Cette dernière est dotée de deux puces Marvell ThunderX2 avec 32 cœurs cadencés à 2,2 GHz, épaulée par 256 Go de RAM. L’interconnexion réseau est assurée par des liens EDR Infiniband. Pour calculer la puissance brute de cette machine, le service de presse d'Atos nous a fait parvenir cette information : 640 GFlops/s par processeur donc si on a 552 puces Marvell ThunderX2 (92*3*2), cela donne une puissance crête totale de 353 Tflops.

« Nous sommes fiers d'installer le premier système BullSequana X1310 au CEA. Il s'agit de l'aboutissement de notre engagement de longue date dans le projet européen Mont-Blanc qui évalue le potentiel d'utilisation des clusters basés sur la technologie ARM pour atteindre l'exascale. Ce système est la version commerciale du prototype développé et construit par Atos dans le cadre du projet Mont-Blanc à des fins de test et d'évaluation », indique dans un communiqué de presse Sophie Proust Houssiaux, responsable du département Big Data et de recherche et développement en matière de sécurité chez Atos. Rappelons que le projet Mont Blanc 3, financé par la Commission européenne et coordonnée par Atos, visait à évaluer la capacité des systèmes ARM à faire face aux besoins HPC au niveau exascale.

Le projet Mont Blanc est à l'origine du premier supercomputer ARM d'Atos. (Crédit D.R.)

Un virage technologique pour le CEA

Cette acquisition est une première pour le CEA (des prototypes ARM ont déjà été testés au CEA) qui suit l’exemple du Barcelona Supercomputing Center (BSC). Ce dernier a en effet investi dès 2011 dans un supercomputer ARM. Actuellement dominé par des machines équipées de puces x86 et d’accélérateurs GPU, les acteurs du HPC cherche à maîtriser la consommation électrique des systèmes sans sacrifier les performances.

Si les puces x86, épaulées par des GPU, dominent toujours largement le classement des supercalculateurs (6 machines x86 dans les 10 premières du Top500 de novembre 2018), les fournisseurs pensent que les solutions ARM, moins énergivores, pourraient percer sur le marché du HPC. L’énorme quantité d’énergie - plusieurs mégawatts - nécessaire pour alimenter les supercalculateurs est devenue une préoccupation dans beaucoup de pays et les puces ARM, moins gourmandes en énergie, font figure d’alternative pour ces matériels. Reste que ce changement radical demande de gros investissements dans le silicium, les logiciels et le support client. Voilà pourquoi Atos poursuit également le développement de ses supercalculateurs x86 avec l’annonce du support des processeurs AMD EPYC Rome dans ses BullSequana XH2000, en plus des Intel Xeon, grâce à son architecture Open Sequana.