Ce qui était autrefois le Manoir de Paris, dans le 10e arrondissement de la capitale, est aujourd’hui devenu une école, Albert School, tournée vers la data et le business. Sur une surface de 2 500 m², deux bâtiments impressionnants – l’un sur cinq étages et l’autre sur quatre étages – accueillent depuis début septembre une première promotion de 33 élèves et 10 enseignants. Grégoire Genest, co-fondateur et directeur de l’école, estime que d’ici 3 ans les lieux pourront accueillir jusqu’à 500 élèves, représentant ainsi une centaine d’élèves par promotion. Hier, lors de son inauguration, Albert School a fait les choses en grand. L’ensemble des élèves, enseignants, partenaires, et investisseurs – 200 personnes au total – étaient attendus. Xavier Niel, fondateur d'Iliad et investisseur de la première heure, et présent lors de l’événement, a félicité les trois fondateurs – Mathieu Schimpl, Matthieu Heurtel et Grégoire Genest – pour cette initiative. « C’est une fierté de participer à la création de cette école qui répond à un besoin concret des entreprises. L’ensemble de nos entreprises reposent aujourd’hui sur la data » a-t-il ajouté.

200 personnes étaient attendues pour l'inauguration de l'établissement ce 20 octobre. (Crédit : C.S.)

Cédric O était également parmi les invités d’honneur, nommé parrain de la première promotion. S’adressant aux étudiants, l’ancien secrétaire d'État chargé du Numérique a rappelé l’importance du numérique et notamment de la data dans les entreprises. Un point confirmé par Elodie Perthuisot, CDO chez Carrefour depuis maintenant quatre ans. « On est dans un monde totalement prédictible. Carrefour traite des millions de lignes de données par jour et apporte à Albert School des millions de lignes à étudier ». La firme est en effet partenaire de l’école, et devrait accueillir plusieurs étudiants d’Albert School lors de stages ou en alternance. S’adressant à ces derniers, Elodie Perthuisot assure que l’entreprise a pour ambition de travailler sur la data avec eux et de leur proposer des cas d’applications concrets.

Ce bâtiment historique, transformé au fil des années, sert aujourd’hui de lieu de formation. (Crédit : C.S.)

Une première promotion de 33 élèves

Les travaux, démarrés il y a un an et demi, devraient être complètement finis dans quelques mois. 4 salles de classes sont actuellement disponibles, et, à terme, Albert School devrait disposer de 8 salles. Chacune dispose d’un dispositif hybride et d’un LiveBoard, une solution de tableau blanc collaboratif, un équipement au goût du jour et qui a attiré de nombreux candidats. Après une sélection parmi 700 postulants, 70 élèves – triés sur le volet – se sont en effet vu offrir une place au sein de l’école, avec le choix d’une formation en 3 ou 5 ans de type bachelor ou Master. En septembre 2022, 33 élèves ont finalement fait le pari de suivre ce cursus sous la direction d’une dizaine de professeurs. « Nous visions jusqu’à 60 élèves et nous sommes heureux que 33 étudiants aient décidé de nous faire confiance » précise Grégoire Genest. Parmi eux, 8 filles ont fait le choix de ce cursus, un point sur lequel l’établissement souhaite insister davantage lors des prochaines promotions. « Nous voulons nous rapprocher du 50/50 mais nous souffrons de l’image qu’ont la data, les maths et le code » ajoute le directeur.

Côté programme, les élèves ont une trentaine de cours par semaine avec un après-midi libre. Les cours sont orientés à 50 % maths et data et 50 % business – incluant des cours sur la finance, la stratégie, l’économie, et le marketing. « Nous voulons former les leaders de l’économie de demain » se targue Grégoire Genest. L’objectif est ambitieux mais répond aussi à un besoin urgent en compétences clés pour les entreprises. L’établissement s’appuie ainsi sur son réseau d’entreprises partenaires pour apporter aux étudiants des cas concrets et pratiques et les former afin qu’ils puissent viser des postes clés dans ces dernières en sortie d’école. « Il s’agit de comprendre la transformation de l’économie et de la data, savoir ce qu’est une API, d’entraîner à la programmation, mais aussi acculturer les étudiants, leur donner une culture d’entreprise » détaille le co-fondateur.

Les étudiants disposent de plusieurs espaces de travail aménagés autour de l'espace de conférence. (Crédit : C.S.)

Des sessions professionnalisantes

Pour assurer l’aspect professionnalisant de son cursus, Albert School a fait appel à une soixantaine d’entreprises partenaires qui ont signé pour embaucher stagiaires et alternants mais surtout pour venir témoigner et travailler avec les étudiants. Des sessions de trois semaines – appelées deep dives – sont donc organisées tout au long de l’année en parallèle des cours. Pour cette première année, 8 entreprises interviendront tout au long de l’année. « Il s’agit de 4 grandes entreprises et 4 start-ups qui viennent faire découvrir et partager leur travail, et leurs problématiques aux étudiants. Les professeurs s’appuient ensuite sur ces cas pratiques dans leurs cours » affirme Grégoire Genest.

Avec des débouchés qui ressemblent très largement à ceux d’une école de commerce, l'établissement veut toutefois se différencier en proposant des Masters spécialisés et en s’attaquant aux métiers qui émergent, à mi-chemin « entre data scientist et des purs produits de l’école de commerce ». Albert School, qui se définit comme un lieu d’excellence mêlant business et data, veut « bouleverser les codes de l’école » et offrir aux entreprises, françaises comme étrangères, des profils aux doubles compétences, à la fois orientés IT et business. Un point que nous pourrons vérifier lors de la sortie d’école de cette première promotion d’étudiants.