Renaissance numérique a tenu son colloque jeudi 4 décembre au Conseil général des Hauts de Seine. L'association vouée à la réduction de la fracture numérique n'a pas caché une certaine amertume quant au plan France numérique 2012 d'Eric Besson. « Plutôt que 154 mesures éparpillées, avec des niveaux de priorité très inégaux, il aurait mieux valu une demi douzaine de mesures, étayées, budgétées, concrètes », entonnent sur des airs variés mais en choeur, les membres de l'association. « Quand on veut enterrer un sujet, on commence par lister 154 mesures, » assène même un des membres. « Cela donne l'impression que l'on agit davantage par obligation que par conviction, estime de son côté, Stéphane Lelux, PDG de Tactis qui évoque les « ambassadeurs » du plan France numérique 2012 qui « vont expliquer à nos grands-mères comment regarder la télévision sur Internet... » Le colloque a été l'occasion pour Renaissance numérique de décrire son propre plan d'action Initiative France Numérique. Après une réflexion de six mois avec des experts du domaine, 12 mesures concrètes et 6 groupes de travail ont été définis autour de sujets jugés prioritaires. Ces derniers s'intéresseront à l'équipement et à la formation des foyers défavorisés en France, à l'accès au haut débit pour tous, à la formation des seniors aux TIC, à la formation aux TIC dans l'enseignement scolaire, à la communication sur les usages du numérique et l'accessibilité du Web accessible pour tous. A peine plus de la moitié des foyers connectés en France, contre 70% en Allemagne [[page]]L'association avait déjà présenté sa démarche au Secrétaire d'état au Développement de l'économie numérique Eric Besson en juillet dernier. Parmi les propositions de l'association qui ont été retenues se trouvent l'idée d'un ministre de l'économie numérique, la défiscalisation du don d'ordinateurs aux employés des entreprises et le label Ordi 2.0 pour une filière de reconditionnement. « Même si la France a progressé, seuls 54% des foyers sont connectés contre 70% en Allemagne et au Royaume-Uni, » déplore Christine Balagué, vice-présidente de Renaissance numérique. Elle énumère trois situations dans lesquelles cette fracture numérique peut se révéler plus que problématique : « comment un chômeur peut-il retrouver du travail s'il est pas connecté à Internet ? Comment une famille dans la précarité peut-elle accéder aux offres promotionnelles du Web ? Et enfin, comment les enfants, qui ne sont pas tous des digital natives, loin de là, peuvent-ils s'en sortir ? » La fracture concerne la société et les entreprises Pour Pierre Kosciusko-Morizet, PDG de Priceminister, il s'agit bel et bien « d'un phénomène culturel. On s'adapte moins vite au changement en France, de façon générale. Et la fracture numérique n'est donc pas la faute des pouvoirs publics, mais ils n'ont rien fait pour la corriger. Voire même, ils ont eu tendance à l'aggraver. » Il ajoute que « cette fracture concerne, certes, la société mais aussi les entreprises, du fait du vieillissement de leurs dirigeants et de leur petite taille en moyenne, en France. » L'association, née en 2007, réunit des universitaires et des responsables d'entreprise du secteur des TIC autour de la question de la fracture numérique en France. Les membres adhèrent à titre individuel et non pour représenter leur entreprise. « C'est une association citoyenne pour le développement du numérique pour tous en France, explique Thibaut Munier, DG de 1000mercis. Nous ne défendons pas d'intérêts corporatistes, mais il est bien évident qu'il y a aussi un fort enjeu de compétitivité.»