« Les données échangées par les BlackBerry sont immédiatement exportées offshore, où elles sont prises en charge par une entreprise commerciale étrangère », indique sur son site Internet la TRA, la Telecommunications Regulatory Authority (TRA), autrement dit l'autorité de régulation des télécommunications des Emirats Arabes Unis (EAU). « C'est le seul service parmi ceux fonctionnant dans les Emirats à opérer de cette manière », poursuit-elle en ajoutant que « dans leur forme actuelle, certains services Blackberry permettent aux utilisateurs d'agir sans aucune responsabilité légale, ce qui pose un problème judiciaire, social et de sécurité nationale. »

Le communiqué précise que « cette décision intervient suite à l'échec des négociations entreprises depuis 2007 visant à offrir des services BlackBerry en conformité avec la réglementation des télécommunications du pays. » Dans sa notification de suspension, la TRA précise qu'elle a demandé à ce que l'opération se passe de manière à limiter au minimum les perturbations, en proposant notamment aux utilisateurs des services alternatifs. 

Un service difficile à surveiller

Citant deux sources anonymes commentant la décision du gouvernement des EAU, le Wall Street Journal a rapporté dimanche que RIM, le constructeur du Blackberry, avait récemment refusé de mettre en place un serveur proxy dans les Émirats afin de répondre aux préoccupations du gouvernement. Celui-ci se plaint en effet que les messages instantanés envoyés via les services BlackBerry ne peuvent être retrouvés, et que le service ne peut être surveillé ou utilisé dans des enquêtes criminelles ou terroristes. [[page]]
Pour Reporters sans frontières, « le gouvernement des Emirats considère les services offerts par le BlackBerry, et notamment sa messagerie instantanée, comme un obstacle pour renforcer la censure, le filtrage et la surveillance. » L'action entreprise contre RIM, qui gère les services du BlackBerry depuis ses centres d'opération situés au Canada, arrive au moment où l'Inde exige également du constructeur d'installer un serveur en Inde afin de faciliter aux services de sécurité indiens l'accès aux messages circulant dans le pays.

Des services alternatifs à ceux de RIM

L'opérateur Etisalat basé aux EAU a déclaré dimanche avoir été informé par la TRA de sa décision de suspendre les services de messagerie électronique, de navigation Internet, de messagerie instantanée et de réseaux sociaux offerts par le BlackBerry à partir du 11 octobre, jusqu'à ce qu'une solution acceptable qui mette les services BlackBerry en conformité avec la réglementation des télécommunications des Émirats Arabes Unis « puisse être développée et appliquée».

Pour l'opérateur, la priorité est de veiller à la continuité des services de mobilité qu'il offre à ses clients. Il indique qu'il annoncera bientôt une gamme de produits et de services mobiles alternatifs pour ses clients BlackBerry existant. Après le 11 octobre, l'opérateur précise que ceux-ci seront en mesure d'utiliser leurs appareils BlackBerry pour la voix, les SMS (Short Message Service), les MMS (Multimedia Messaging Service) la navigation Web, et certaines autres applications.