Facebook a accepté de prendre en compte les accusations de la Federal Trade Commission, qui estime que le réseau social a trompé les utilisateurs « à de nombreuses reprises, » affirmant d'un côté que les informations privées de leurs utilisateurs étaient protégées, alors que, d'un autre, le réseau les a partagé plusieurs fois, comme l'a déclaré la FTC. L'institution américaine a relevé que dans un « certain nombre de situations, » Facebook avait fait, en matière de protection de la vie privée des utilisateurs, des promesses « qu'elle n'avait pas tenu, » a ajouté la FTC dans son communiqué.

Dans sa plainte en huit points, rendue publique mardi, la Commission accuse aussi le site de pratiques commerciales déloyales et trompeuses. « Facebook doit tenir les promesses qu'elle a faites à des centaines de millions d'utilisateurs, en matière de confidentialité des données, » a déclaré Jon Leibowitz, président de la FTC. « Son innovation n'a pas à se faire au détriment de la vie privée de l'utilisateur. La FTC va faire en sorte que cela ne soit pas le cas. »

Une surveillance similaire à Google


En vertu de l'accord proposé, Facebook ne doit plus faire de nouvelles annonces trompeuses en matière de confidentialité, et l'entreprise a obligation d'obtenir l'approbation des utilisateurs avant de modifier la manière dont le réseau partage leurs données. Le règlement proposé par la FTC exige également qu'elle se soumette à l'évaluation régulière de ses pratiques en matière de protection de la vie privée, par des experts indépendants, pendant les 20 prochaines années. « L'accord ne comporte pas de sanctions financières, parce que la Commission n'a pas le pouvoir d'infliger des amendes pour violation du FTC Act, » a précisé son président.

« Cependant, dans le cas où Facebook ne respecterait pas ces nouveaux engagements, le réseau social pourrait être soumis à une amende de 16 000 dollars par jour, » a-t-il ajouté. « L'accord exige que le site de réseau social mette en place un système de protection global, » a aussi expliqué Jon Leibowitz. L'accord proposé est semblable à celui conclu entre la FTC et Google au mois de mars dernier au moment du déploiement du réseau social Buzz.

Un mea culpa de Mark Zuckerberg sur quelques erreurs


Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a reconnu que son entreprise avait commis « plusieurs erreurs » en matière de protection de la vie privée des utilisateurs. « En particulier, un petit nombre de grosses erreurs, comme Beacon, il y a quatre ans, et les dysfonctionnements survenus lorsque nous avons changé nos modalités de protection de la vie privée il y a deux ans. Celles-ci ont occulté les nombreux efforts que nous avons réalisé en ce domaine, » a-t-il écrit dans un blog. Beacon avait été conçu pour informer les amis d'un utilisateur sur les sites affiliés qu'il avait lui-même visités.

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Dans l'ensemble, Mark Zuckerberg estime que sa société « peut faire valoir un certain nombre de choses positives en matière de transparence et de contrôle et dire qui peut ou non voir les informations des utilisateurs. » Par ailleurs, le patron du réseau social pense que sa société a déjà pris en compte un bon nombre des préoccupations soulevées par le régulateur américain. » Selon lui, « la plainte de la FTC visait notamment le Verified Apps Program, auquel a mis fin le réseau social en décembre 2009. Il y a aussi l'affaire des annonceurs, qui ont reçu par inadvertance le numéro d'identification de certains utilisateurs dans des URL, un problème que Facebook a résolu en mai 2010, » a t-il déclaré. Par ailleurs, le fondateur a annoncé la nomination de deux dirigeants, un responsable de la politique de protection des données privées et un responsable de la politique de protection des produits.

La FTC est revenue dans le détail sur plusieurs cas où elle estimait que le site de réseau social avait adopté des pratiques de confidentialité déloyales à l'égard des utilisateurs. En décembre 2009, lors de la modification de son site, elle avait rendu publiques certaines informations, pourtant estampillées comme privées par les utilisateurs, la liste d'amis notamment. « Le réseau social n'avait pas prévenu les utilisateurs de ce changement à venir, et n'avait pas non plus demandé leur approbation, » comme l'a rappelé la FTC.

Facebook avait également affirmé que les applications tierces installées par les utilisateurs auraient uniquement accès aux informations de l'utilisateur dont elles avaient besoin pour fonctionner. « En fait, les applications pouvaient accéder à la quasi-totalité des données personnelles des utilisateurs, y compris des données dont les applications n'avaient pas besoin pour fonctionner, » a encore expliqué l'agence américaine. Facebook avait aussi indiqué à ses utilisateurs qu'ils pourraient restreindre le partage des données à un public limité, par exemple « les amis seulement. » Mais, le fait de sélectionner les « amis seulement » n'a pas empêché que ces informations soient partagées avec des applications tierces utilisées par leurs amis, » a encore ajouté la FTC.