Dans un contexte de plein emploi, comme l'indique la dernière note de conjoncture publiée par l'Apec, la problématique des informaticiens seniors reste pourtant au coeur des débats lorsqu'on aborde la question du chômage. Dans une note sur les tensions du marché du travail observées au cours du second semestre 2007, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, ministère du Travail), montrait que le nombre de demandeurs d'emploi en informatique s'élevait à 35 545 en juin 2007, soit un taux de chômage de 7,1%. L'Apec a également décidé de se pencher sur la question, en publiant pour la première fois une étude sur les recrutements des cadres de 50 ans et plus, par secteur, dont l'informatique. Les résultats montrent bien que dans la IT, le chômage frappe davantage que dans d'autres filières : en effet, les embauches des seniors y sont trois fois moins fréquentes que pour l'ensemble de la population des cadres. En 2007, les activités informatiques n'ont recruré que 2% de seniors âgés de 50 ans et plus, tandis que 8% seulement de seniors ont été embauchés dans les études techniques , l'ingénierie et la R & D. Des chiffres peu élevés, malgré une augmentation sensible de l'effectif senior dans l'informatique, par rapport à 2001. 8% d'embauches pour les plus de 15 ans d'expérience [[page]] Ce pourcentage reste cependant très insuffisant, les entreprises de la high-tech ayant tendance à miser sur des jeunes diplômés (34% des embauches en 2007), formés aux dernières technologies du marché, et très peu sur les profils expérimentés (8% des informaticiens ayant plus de 15 ans d'expérience recrutés en 2005, contre 13% en moyenne). Face à ce constat, l'association pour l'emploi des cadres a demandé à un informaticien âgé de 58 ans de témoigner sur sa situation. Patrick Gaudillet, directeur de production, est resté sans emploi pendant plus de trois ans, après avoir été licencié par une SSII située dans le Sud de la France. « L'âge est l'un des facteurs les plus discriminants en France, surtout dans l'informatique, témoigne-t-il. Sur 800 CV envoyés, je n'ai reçu aucune réponse positive. La situation était telle qu'on m'a conseillé de me diriger vers un autre secteur d'activité. Du coup, j'ai eu l'idée de me lancer dans la création d'entreprise. » Son projet à peine bouclé, Trigône, une SSII parisienne, le contacte pour lui proposer un poste. Il laisse son projet de création d'entreprise pour un CDI qu'il signera illico. Quitte à baisser son salaire de 30%, et accepter un trajet de deux heures chaque jour, depuis la ville de Dijon où il réside, jusqu'à Paris, où siège l'entreprise qui a décidé de l'accueillir.