Le stress et la souffrance au travail peuvent avoir des conséquences fatales pour certains salariés de l'informatique et des télécoms. Après les suicides relevés cette année chez PSA, Renault et EDF, la série noire se poursuit cette fois chez France Télécom. Ainsi, le 2 juillet dernier, un technicien d'un des centres clients de l'opérateur historique situé dans le Nord de la France mettait fin à ses jours. Depuis février 2008, il s'agirait du septième suicide, les victimes étant toutes des techniciens reconvertis après la suppression ou la sous-traitance de leur activité, selon le syndicat Sud PTT. Chez France Télécom, les chiffres de la sous-traitance viennent tout juste d'être relevés à la hausse, et représentent actuellement plus de 25% des effectifs de l'opérateur dans les unités d'intervention. « Jean-Michel était un ancien technicien dont le site de Bercenay-en-Othe a été fortement restructuré, déplore Sud dans un communiqué. France Télécom avait annoncé la fermeture du site, puis déployé une grande partie du personnel sur les plateaux de Troyes : '1016' et 'Orange'. Au final, le site a été maintenu, mais avec une équipe réduite. Jean-Michel s'est ensuite retrouvé du jour au lendemain transféré sur le plateau du centre client Orange de Troyes. Il a laissé des lettres à sa famille et à une déléguée syndicale où il déclare avoir baissé les bras. » 166 cas de souffrances relevées par des cellules d'écoutes [[page]] Pour le syndicat Sud PTT, le travail ne doit pas être l'enfer décrit par ce technicien, mais plutôt un lieu de vie collective et de solidarité. Compte tenu de cette situation, l'ensemble des organisations syndicales de France Télécom demande la tenue d'un Comité national d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CNHSCT) extraordinaire, au plus tard au mois de septembre, sur les risques psychosociaux . Reconnaissant que la transformation engagée depuis plusieurs années pouvait générer des situations difficiles pour certains salariés, la direction de France Télécom avait pourtant pris les devants en créant des cellules d'écoute en 2007. Après 9 mois de fonctionnement, 101 salariés ont saisi directement ces cellules, et 65 salariés ont été signalés par leurs médecins, managers ou représentants. Sud signale par ailleurs que la moitié d'entre eux ont plus de 50 ans. Le Comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail de France Télécom considère que ces structures ne peuvent pas faire de mal en soi, mais qu'elles ne répondent qu'à des situations individuelles. Vouloir traiter le stress uniquement en créant ce type de structures, c'est, d'une certaine façon, ne vouloir encore une fois aborder le stress que du point de vue de la victime, pas du point de vue de l'organisation du travail, considère le comité. Selon ce dernier, cette pratique permet, en fait, d'instiller le message de l'entreprise dans le psychisme des personnes fragilisées et de renforcer l'individualisme dans lequel sont englués les salariés.