( Source EuroTMT ) Pour tous ceux qui attendaient de France Télécom un grand plan national de déploiement de la fibre optique capable de remobiliser ses salariés autour d'un grand projet d'avenir à l'image du plan télécoms des années 70, l'annonce faite mercredi 10 février par l'opérateur historique, va constituer une déception. FT a bien indiqué qu'il reprenait ses investissements dans les réseaux FTTH, 2 milliards d'euros d'ici à 2015. Cette enveloppe apparait aussi modique que les objectifs que s'est fixé le groupe : couvrir 9 millions de foyers d'ici à 2015, l'opérateur aura alors déployé au moins un réseau FTTH par département métropolitain et dans trois départements d'outre-mer à cette date. Cette enveloppe ne concerne que les zones très denses définies par l'Arcep, ainsi que les principaux centres urbains figurant dans la zone moyennement dense. C'est-à-dire là où les investissements devraient être, a priori, rentables. Pour le reste, France Télécom s'en remet aux collectivités locales (pour les zones peu denses) et à de futurs accords de co-investissement avec ses concurrents dans la zone moyennement dense, un premier accord d'expérimentation de mutualisation ayant déjà été conclu avec SFR. Cet accord devrait être ouvert à Free qui a annoncé son intention de s'y associer. Et l'effort financier qui sera consenti pour ces zones sera d'autant moins élevé que l'opérateur et ses concurrents devraient bénéficier d'aides publiques telles que prévues dans le cadre du grand emprunt et les co-investissements réalisés par les collectivités locales. Pour les analystes financiers, cette annonce constitue donc une bonne nouvelle : le montant de l'investissement, légèrement inférieur à ce qu'ils attendaient, ne devrait pas se traduire par une hausse globale des investissements réalisés par l'opérateur. [[page]] En clair : la fibre optique ne va pas peser sur le cash-flow, donc sur la rémunération des actionnaires. D'autant que France Télécom va dépenser très progressivement l'enveloppe allouée au FTTH : 100 millions en 2010, 283 millions en 2011 puis en 2012. L'accélération interviendra l'année suivante avec 444 millions d'euros par an entre 2013 et 2015. Compte tenu de l'environnement économique toujours incertain, France Télécom joue donc clairement la prudence. Selon Exane, France Télécom pourrait espérer capter une part de marché comprise entre 30 % et 45 % sur les zones couvertes par son plan d'investissement : soit entre 2,7 millions et 4,05 millions d'abonnés au très haut débit à l'heure où l'opérateur revendique 33 000 clients à son offre fibre. Ce qui serait (même dans le cas du scénario le plus conservateur) une excellente nouvelle pour France Télécom, sa part de marché DSL dans ces zones étant assez faible. Ces niveaux de prises d'abonnement permettraient aussi de faire tomber le coût par abonné à un niveau (entre 494 € et 741 €) très inférieur au coût par abonné estimé dans le passé (entre 1 000 € et 1 500 €). Cette annonce devrait, toutefois, avoir pour mérite de débloquer la situation dans la fibre optique, ses principaux concurrents ne pouvant faire moins. Free devrait ainsi communiquer sur son propre plan lors de la présentation de ses comptes 2009, prévue le 23 mars. Mais le réel décollage commercial de la fibre optique ne devrait pas intervenir avant 2011. Au plus tôt.