(Source EuroTMT) C'est devenu une habitude depuis peu, à chaque fois qu'il a l'occasion de prendre la parole en public, Stéphane Richard, le directeur général de France Télécom, remet en cause la régulation asymétrique mise en oeuvre par l'Arcep (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) à l'encontre de l'opérateur historique. A l'entendre, cette régulation, qui s'explique par la prédominance de France Télécom sur les marchés du fixe, serait la (seule ?) responsable de tous les maux commerciaux.

Après une interview donnée au Monde, Stéphane Richard a ainsi répété ses propos devant l'assemblée générale de ses actionnaires, organisée le 9 juin dernier, le même jour que la présentation par l'Arcep de son rapport annuel, permettant ainsi de justifier l'absence des dirigeants de l'opérateur au cocktail organisé pour l'occasion.

En répétant ainsi ses attaques contre l'Arcep, Stéphane Richard espérait-il faire flancher Jean-Ludovic Silicani, le président de l'autorité de régulation des télécoms, et les membres du collège ? Si c'était le cas, c'est raté. Lors de l'interview qu'il a accordé à EuroTMT (n° 155), Jean-Ludovic Silicani a clairement défendu la régulation asymétrique et la nécessité de la maintenir en place, précisant que le poids de la régulation mise en oeuvre par l'Arcep sur les activités domestiques de France Télécom ne représentait que 0,5 % du chiffre d'affaires de l'opérateur, ce qui est loin d'être très handicapant.

Une fermeté des propos qui a d'ailleurs rassuré les concurrents de l'opérateur historique, inquiets que les attaques répétées de Stéphane Richard ne déstabilisent l'autorité de régulation. D'autant que, pour ces derniers, les difficultés commerciales de France Télécom s'expliquent par des raisons conjoncturelles dans le haut débit, l'opérateur historique ayant toujours, selon eux, la capacité d'accélérer et de retrouver des parts de marchés bien plus élevées.


Photo : Stéphane Richard, Directeur Général de France Telecom (D.R.)

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Pour autant, Stéphane Richard a au moins réussi à faire passer son message auprès d'autres oreilles plus réceptives, des critiques (off) contre l'Arcep et son supposé soutien apporté à Free se faisant entendre dans les coulisses du pouvoir. Et si l'Arcep ne semble pas fléchir, France Télécom a obtenu gain de cause auprès de l'Autorité de la Concurrence dans le dossier des fichiers croisés. Au moins partiellement.
Dans un avis publié lundi 14 juin, l'Autorité de la Concurrence a en effet autorisé l'opérateur historique à utiliser cette technique commerciale pour vendre son futur forfait quadruple-play auprès de ses abonnés mobiles et haut débit. Mais l'Autorité a encadré cette mesure, prévenant l'opérateur que les conditions dans lesquelles il mettrait en oeuvre le cross-selling pourraient aussi être qualifiées de pratiques anticoncurrentielles.

D'ailleurs, comme le note aussi l'Autorité de la Concurrence dans son avis, c'est moins le cross-selling que la remise proposée par Bouygues Télécom dans son offre quadruple-play qui explique le succès de l'opérateur mobile dans le haut débit. Au total, un client qui opterait pour l'offre de Bouygues Télécom aurait une réduction de 16 euros par rapport à un client qui prendrait un forfait mobile indépendant d'un forfait haut débit.

Un domaine dans lequel France Télécom a moins de marges de manoeuvres, étant l'opérateur historique de la boucle locale à qui les opérateurs alternatifs louent les lignes. Pour le moment, le carcan réglementaire qui délimite les capacités d'action de l'opérateur historique n'a guère été desserré. Et on peut s'attendre à ce que Stéphane Richard continue à tenir un discours critique vis-à-vis de l'Arcep.