(Source EuroTMT) Les enchères pour attribuer les deux derniers lots de fréquences 3G encore disponibles sont terminées. Et les vainqueurs sont SFR et Orange.C'est ce qu'a annoncé l'Arcep (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes). Si le résultat ne constitue pas une surprise, la pression médiatique exercée par Free, qui participait aussi aux enchères, a porté, au moins partiellement, ses fruits. Pour gagner le lot de 5 MHz, SFR a en effet proposé 300 millions d'euros, alors qu'Orange, qui empoche le lot de 4,8 MHz, a déboursé un peu plus de 282 millions d'euros.

Pour les caisses de l'Etat, l'opération se révèle donc être un succès. Entre les recettes encaissées à cette occasion et le prix déboursé par Free pour acquérir le lot de 5 MHZ réservé au nouvel entrant, ce sont quelque 820 millions d'euros qui reviennent à l'Etat. Un montant d'autant plus significatif quand on le compare aux recettes encaissées par les autres Etats européens qui ont mis en vente récemment de nouvelles fréquences 3G. Les opérateurs italiens n'ont versé que quelques millions et, en Allemagne, les enchères, encore en cours, portant sur des fréquences similaires n'ont atteint pour le moment que 338 millions d'euros.

Mais cette bonne opération financière ne peut pas cacher l'autre face du dossier, à savoir l'absence d'avancée notable du dossier concernant les opérateurs mobiles virtuels MVNO (Mobile Virtual Network Operator) et les services qui leur seraient autorisés.

Peu de place laissée aux MVNO

A l'occasion de cette mise aux enchères, l'Arcep avait en effet mis en place un système sophistiqué permettant de revaloriser l'offre financière proposée par les candidats en fonction du degré d'ouverture de leur réseau respectif aux opérateurs virtuels.

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Quatre niveaux d'engagements étaient ainsi proposés aux candidats, depuis rien jusqu'à une ouverture complète à des « full MVNO » (pouvant gérer leur propre base de données connectée au réseau). Malheureusement, ni SFR, ni Orange n'ont accepté de s'engager au-delà du niveau 1 (« faire droit aux demandes raisonnables d'accueil sur leur réseau », selon l'Arcep). Ce qui est en fait est la situation qui existe déjà. Pour Alternative Mobile, l'association qui regroupe les opérateurs virtuels, le résultat de ces enchères se traduit donc par l'échec qu'elle redoutait. Mi-mars, l'organisation s'était félicitée du système retenu par l'autorité de régulation, mais doutait que les opérateurs en place jouent le jeu. Ces craintes se révèlent donc fondées.

Or pour ses dirigeants, la pérennité du modèle d'opérateur virtuel passe nécessairement par le modèle « full MVNO », qui leur permettra de prendre une véritable indépendance par rapport aux opérateurs hôtes. C'est ce modèle que tente déjà de construire Virgin Mobile, le plus gros MVNO tricolore, hébergé chez France Télécom. Faute d'avancée sur cette voie à l'occasion des enchères 3G, l'association plaidait pour que l'Arcep intègre l'ouverture des réseaux mobiles aux « full MVNO » comme une contrainte lors des futures attributions de fréquences.

L'Autorité doit en effet ouvrir maintenant le dossier des fréquences en or, la bande des 800 MHZ libérée par la fin de la télévision analogique, et des fréquences en 2,6 GHz, dont l'attribution est attendue pour la fin de l'année ou le début de l'année prochaine. Et cette opération constituera la dernière occasion, avant de nombreuses années, pour faire évoluer significativement le dossier MVNO.

En attendant, pour SFR et Orange, le succès est double. En acquérant chacun un lot, les deux opérateurs mobiles mettent la main sur des ressources rares essentielles au moment où l'explosion du trafic data met sous pression leur réseau. Et les deux opérateurs évitent de voir Iliad renforcer ses propres ressources spectrales, ce qui lui aurait permis de crédibiliser un peu plus ses ambitions dans le mobile.