Alors que les régulateurs américain et européens - pressés par de nombreux annonceurs - s'interrogent sur l'éventuel abus de position dominante susceptible de naître de l'accord publicitaire tissé entre Yahoo et Google, ce dernier reprend la main. Dans un billet publié sur le blog officiel du géant du Web, Hal Varian, son économiste en chef ( 'chief economist', un poste chargé de superviser les analyses financières d'une entreprise) se livre à un démontage de ce qu'il qualifie de « fausses idées » et de malentendus entourant le partenariat entre les deux géants du Web. Si Google restait plutôt silencieux alors que des salves de critiques s'abattaient sur cet accord et que les instances antitrust américaines recrutaient un expert pour préparer une éventuelle action juridique, ce mutisme prend désormais fin. Le gargantuesque moteur prend le pas sur ses détracteurs et présente ses éléments de défense en s'escrimant à démonter un rapport publié en juin par SearchIgnite, l'éditeur de solutions de gestion de campagnes publicitaires en ligne. Dans ce document, SearchIgnite affirmait que l'accord Yahoo/Google pourrait entraîner une augmentation de 22% des coûts de la publicité contextuelle sur Yahoo. Rappelons que ce partenariat prévoit l'affichage des publicités de l'un des acteurs dans les pages de résultats de l'autre. Un rapport qui n'avait pourtant pas fait de bruit [[page]] Les conclusions de SearchIgnite sont erronées, assure Hal Varian. Et d'expliquer en substance que les annonceurs seront les premiers bénéficiaires de l'association. Surtout, Google rappelle qu'il ne sera, pas plus que Yahoo, en mesure de fixer les coûts des publicités. Ils sont en effet déterminés à l'issue d'un processus d'enchères auquel se livrent les annonceurs. Dès lors, « les prix reflètent en définitive la valeur qu'accordent les annonceurs » à ce pour quoi ils enchérissent. Aux yeux de John Timmer, contributeur au blog Ars Technica, spécialisé dans l'analyse de l'actualité IT, il est étonnant de voir Google s'exposer autant pour répondre à des arguments avancés par une entreprise spécialisée dans le marketing. D'autant que le rapport en question n'avait pas vraiment fait sensation : « une recherche rapide sur Google News indique que 'SearchIgnite' apparaît seulement quatre fois, et une seule des réponses concerne l'accord avec Yahoo ([ces chiffres ont augmenté depuis, NDLR] », commente John Timmer. Pour le blogueur, le comportement de Google s'explique par « une hypersensibilité concernant tout ce qui dépeint défavorablement l'accord avec Yahoo, à l'heure où les régulateurs menacent de le saborder. »