Le dernier mainframe zEnterprise EC12 d'IBM est très adapté aux applications analytiques et aux clouds hybrides. Le système annoncé hier intègre un nouveau processeur six coeurs tournant à 5,5 GHz. Il succède au processeur quadri-coeur de 5,2 GHz livré avec le zEnterprise 196 qui avait été annoncé il y a un peu plus de deux ans. Selon les analystes, ce processeur six coeurs est peut-être le plus rapide du monde dans le circuit commercial, même si le saut d'échelle en terme de fréquence d'horloge est plus modeste que ceux observés entre des modèles précédents.

Quoiqu'il en soit, selon IBM, les performances par coeur de ce système sont 25% plus élevées et elles pourront atteindre 45% pour certaines charges de travail. Actuellement, le choix des fabricants de systèmes et de processeurs a été d'ajouter des noyaux et d'opter pour le parallélisme logiciel pour améliorer les performances. Mais Jeff Frey, CTO de la plate-forme System z et IBM Fellow, explique qu'IBM continue à croire à la performance sur un thread unique au niveau du mainframe. « Nous continuons à explorer la performance à thread unique», a-t-il déclaré, ajoutant que cette architecture était importante pour les clients qui faisaient tourner des applications traitant des calculs en série, comme les applications de batch.

Une puce offrant 33% de plus de cache de niveau 2

La dernière puce d'IBM a été gravée selon le processus à 32 nanomètres, contre 45 nanomètres pour celle équipant le système précédent. La réduction de taille obtenue a permis d'intégrer plus de cache dans la puce, et plus précisément 33% de cache de niveau 2 en plus. « Dans ce système, nous avons doublé le cache L3 et L4 rapport à la génération précédente », a déclaré Jeff Frey. Le système peut prendre en charge jusqu'à 120 coeurs. Selon Joe Clabby, de Clabby Analytics, qui connaît le nouveau système d'IBM dans le détail, l'augmentation de la mémoire cache joue un rôle particulièrement important dans l'amélioration des performances. « La puce est désormais bien meilleure pour les charges de travail intensives », a déclaré l'analyste. « Plus on rapproche les données du processeur, plus le traitement est rapide », a t-il ajouté.


Le zEnterprise EC12 (crédit : IBM)

Comme le z196, le mainframe zEnterprise EC12 a été doté de 3 To de mémoire système, mais celle-ci a été étendue avec une mémoire flash appelée Flash Express, qui permet d'augmenter la capacité jusqu'à 6,4 To, toujours pour améliorer les performances du système. « Cette mémoire est facilement configurable. Elle est aussi protégée par un cryptage en 128 bits », a expliqué le CTO de la plate-forme System z. « Pour l'instant, la mémoire flash sera utilisée en interne pour améliorer la pagination de la mémoire virtuelle, les diagnostics et les performances des charges de travail », a ajouté Jeff Frey. (.../...)
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A l'intérieur du zEnterprise EC12 (crédit : IBM)

A l'avenir, DB2 et Java exploiteront directement la mémoire flash


Mais dans l'avenir, DB2 (le système de gestion de base de données d'IBM) et Java, pourront exploiter directement cette mémoire flash. A ce moment là, on pourra constater « des améliorations considérables » dans la performance et la mise à l'échelle de DB2, les pools de mémoire tampon et Java ». IBM n'a pas de calendrier pour la mise en oeuvre de cette fonctionnalité, mais dès que la base de données et Java pourront utiliser la mémoire flash directement, « DB2 sera capable d'exploiter de très grandes bases en mémoire avec une performance exceptionnelle », a ajouté le CTO.

IBM estime que les performances obtenues avec le nouveau mainframe seront augmentées de 45% pour les charges de travail Java multithread, de 35% pour le calcul intensif, les applications en C et C++, et jusqu'à 30% pour les applications d'analyses relationnelles, les transactions DB2, ou encore les charges de travail SAP. Le système zEC12 a également été adapté pour certaines conceptions de datacenters, sans plancher surélevé. Enfin, il peut être alimenté par un réseau électrique aérien et comporte un support de câblage. Selon IBM, c'est une première pour le mainframe.

32 ans de service et 19 mainframes installés

David Wade, DSI de l'entreprise de services financiers Primerica, a déclaré qu'il envisageait de mettre à niveau son système zEnterprise 196 d'ici 12 à 18 mois. En 32 ans de service (il a commencé comme technicien de contrôle de la production dans l'entreprise), il a installé 19 ordinateurs centraux chez Primerica. Leur environnement informatique est principalement IBM et comprend aussi des P Systems et des plates-formes Wintel. La base de données de l'entreprise vient également d'IBM. David Wade raconte qu'il a installé la première version de DB2 en 1984, laquelle a été mise à jour depuis jusqu'à la version 10 actuelle. Le DSI est favorable aux mises à jour continues. Contrairement à certains gestionnaires IT qui commencent par ajouter des processeurs pour gagner en performance, il estime qu'il faut d'abord mettre à niveau vers la dernière version pour obtenir des gains réels. Lorsque l'entreprise a acheté son premier système z196, « nous avons interrompu notre cycle de batch pendant 4 heures dans la nuit », se souvient-il.

David Wade reste fidèle à la plate-forme IBM. Certains de ses collègues ont bien migré vers d'autres mainframes, mais sont revenus à IBM. Selon lui, « changer de mainframe est juste une perte de temps et d'argent ». Ce sont des gens comme lui qui ont poussé IBM à continuer sur ce terrain, malgré les capacités croissantes des systèmes alternatifs, y compris ses propres systèmes Power.

IBM doit continuer à adapter ses systèmes

Selon Charles King, analyste chez Pund-IT, qui connait également bien le nouveau système, chaque nouvelle génération de mainframe, « a apporté sa dose de performance et de fonctionnalités pour s'adapter aux charges de travail émergentes. Ça a été une constante dans la stratégie mainframe d'IBM ». Selon lui, il est important « qu'IBM adapte ces systèmes aux nouvelles charges de travail, pour les applications analytiques notamment ». De cette façon, la plate-forme d'IBM « ne reste pas confinée au secteur de la carte de crédit ou des transactions bancaires ».

Par exemple, le mainframe est aussi bien adapté pour traiter les données de systèmes RFID que celles provenant de compteurs électriques. IBM a choisi un modèle transactionnel « et l'adapte ensuite aux différents types d'opérations», a déclaré Charles King.