Les avis sont mitigés quant aux effets de l'IA sur les emplois. Une étude réalisée par BSI, organisme national de normalisation du Royaume-Uni, met en évidence des signaux d’alerte concernant l’impact de ces technologies sur le marché du travail. Et ce en particulier sur les postes en début de carrière. Le rapport combine une analyse de plusieurs rapports annuels de multinationales, avec une enquête mondiale effectuée auprès de plus de 850 dirigeants d’entreprise en France et également en Allemagne, Australie, Chine, Etats-Unis, Inde, Japon, et Royaume-Uni. Les résultats confirment les craintes selon lesquelles les entreprises privilégient l’automatisation pour réduire les effectifs, plutôt que d’investir dans la formation et le développement des compétences.
Ainsi, dans l’Hexagone, un peu plus d’un quart des chefs d'entreprise (26 %) interrogés affirment qu'au cours de l'année dernière, des postes juniors ont été réduits ou supprimés en raison des gains réalisés avec l'IA. Il s’agit toutefois du deuxième taux le plus faible après le Japon (16%). La Chine occupe la première place avec 61% de dirigeants ayant réduit des emplois de profils débutant leur carrière l’an dernier, juste devant l’Australie (57%) et l’Inde (50%). Derrière, se trouvent au coude à coude, les Etats-Unis, (40%), l’Allemagne et le Royaume-Uni (38% respectivement).
Impacts de l'IA sur l'emploi des profils juniors en France en 2025. (Source : BSI)
Des inégalités sur la formation
Parallèlement, en France, un tiers des répondants s’attend à des diminutions d’emplois de profils juniors du cours des 12 prochains mois. Ils sont également 40 % à estimer que les agents virtuels peuvent aider les employés peu qualifiés à masquer leurs problèmes de performance. Près de la moitié (47 %) vont même jusqu’à affirmer que l'IA réduira les capacités de réflexion critique des employés juniors tandis que 28 % s'attendent à ce qu’elle freine leurs aptitudes décisionnelles. De leur côté, un quart des dirigeants français pense que l'IA réduira leurs propres capacités de collecte d'informations. . il apparaît aussi que seules 28 % des entreprises en France disposent d'un programme d'apprentissage et de développement visant à garantir la réussite d’une formation à l'IA.
Déploiement de plans de formations IA dans les entreprises en France et à l'échelle mondiale en 2025. (Source : BSI)
Des réductions d'effectifs globales à venir
Conscients de l’impact de la robotisation sur l’emploi des postes juniors, 49 % des répondants français déclarent se sentir chanceux d’avoir commencé leur carrière avant la généralisation des outils d’IA, tandis que 21 % pensent que leur premier emploi n’existerait plus aujourd’hui. Une majorité (57 %) estime néanmoins que les bénéfices liés à la mise en œuvre de l’IA dans les organisations justifieront les perturbations au sein des effectifs. Loin d’être rassurante, l’enquête de BSI indique également que pour 43 % des dirigeants français interrogés, l’IA donne la possibilité de réduire les effectifs dans leur globalité. Bien que seuls 17 % déclarent que leur organisation explore aujourd’hui des solutions d’automatisation avant d’envisager une embauche humaine, 40 % pensent que ce sera le cas d’ici cinq ans.
Malgré ces données, les bots génèrent des sentiments pour le moins contradictoires Ainsi, la confiance dans les capacités de ces outils semble plus faible en France que dans d’autres pays : seuls 13 % estiment que la majorité des tâches effectuées par un collègue débutant pourrait être automatisée contre 25 % au Royaume-Uni et 54 % en Inde. Par domaine d’activité, tous pays confondus, le secteur des services financiers est le plus actif sur l’adoption de l'IA.
Secteurs d'activité ou l'IA a réduit ou supprimé des postes de juniors. (Source : BSI)
La moitié des entreprises de la finance interrogées ont baissé le nombre de postes de débutants durant les 12 derniers mois et une proportion quasi équivalente (53%) prévoit de poursuivre dans cette voie. La réduction des équipes est l'un des principaux facteurs motivant l'utilisation de cette technologie (22 %) constituant un signe de l'ampleur des changements organisationnels à venir dans les entreprises avec l'IA.