Loin des débats habituels de l'Icann sur la gouvernance d'Internet, ces dernières semaines avaient été dominées par les suites à donner aux menaces proférées par le groupe terroriste Al-Shabab basé en Somalie. Les annulations d'hôtel s'étaient enchaînées, certains membres de l'Icann ayant décidé de boycotter le meeting de Nairobi(du 7 au 12 mars 2010), et de tenir des sessions parallèles à New York et à Washington D.C, refusant de prendre le risque de se rendre en Afrique de l'Est. Lundi matin, les organisateurs locaux avaient enregistré 800 participants contre les 1000 dénombrés habituellement. « La sécurité concerne tous les pays mais le Kenya a ses propres problèmes à régler,» a déclaré le président de l'Icann. insistant aussi sur le fait que l'Icann n'avait pas sanctionné les réunions parallèles aux États-Unis, assumant qu'elles avaient eu lieu dans des forums en ligne destinés aux personnes n'ayant pu pas assister à la réunion africaine.

Des réformes devenues nécessaires


Cette semaine, les observateurs seront attentifs aux engagements pris par l'Icann pour résoudre ses différends concernant ses mécanismes de fonctionnement, depuis qu'un comité indépendant (Independent Review Panel) a jugé que l'Icann était injuste et discriminatoire dans le traitement des propositions pour l'adoption d'un domaine .xxx pour référencer les sites offrant un contenu explicitement sexuel. L'ICM Registry avait en effet proposé un .xxx TLD (Top-Level Domain ou domaine de premier niveau), mais l'idée a finalement été rejetée. « Nos statuts exigent que les membres du bureau de l'Icann examinent les conclusions de l'Independent Review Panel qui a testé la validité de notre dispositif et cette question sera abordée à la réunion du conseil d'administration vendredi, » a déclaré Peter Dengate Thrush, un membre du conseil de l'Icann. [[page]] Le conseil devrait également discuter des questions relatives aux noms de domaine internationalisés (IDN) et apporter des éclaircissements sur les raisons pour lesquelles la procédure accélérée appliquée par la Chine a échoué, alors qu'elle en est l'un des plus grands bénéficiaires à coté de la Russie, des Émirats Arabes Unis, de l'Arabie Saoudite et de l'Egypte. Le débat sur les nouveaux domaines génériques de premier niveau devrait gagner du terrain notamment en matière de protection des marques commerciales. En particulier, la question de savoir si les marques déposées devront acheter tous les nouveaux gTLD afin de protéger leurs identités, sera à l'ordre du jour.

Toujours pas de bureau en Afrique


Dans son discours d'ouverture, Rod Beckstrom a rendu hommage aux progrès réalisés par les gouvernements africains pour assurer l'accès à Internet. Il a également exhorté l'Afrique à davantage participer au comité consultatif du gouvernement, au sein duquel l'Icann met en place ses différentes politiques. Toutefois, le président de l'Icann a clairement indiqué que l'Icann n'ouvrirait pas de bureau en Afrique, arguant que 90 % des recettes de l'institution provenaient d'Amérique du Nord. « Une des raisons pour lesquelles il existe trois bureaux là-bas et aucun en Afrique. » Par ailleurs, l'Afrique n'a pas encore résolu certaines questions élémentaires, comme la redélégation du code de pays pour les domaines de premier niveau, laquelle a déjà été effectuée il y a dix ans dans de nombreux pays membres de l'Icann. Le ccNSO, l'organe qui, au sein du Conseil d'administration de l'Icann, représente les intérêts de la communauté des registres nationaux qui y ont adhéré - dont des domaines de premier niveau africains - et également organisation de support technique, s'occupe de gérer les codes pays. « S'il y a des questions de redélégation, elles seront traitées par l'Internet Assigned Numbers Authority, » a déclaré Rod Beckstrom. En marge des discussions, l'Icann organise également une formation technique sur la sécurité pour les opérateurs et gestionnaires de registry participant au meeting de Nairobi.