(Source EuroTMT ) L'Arcep a publié ses orientations encadrant la montée en débit de la boucle locale en cuivre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la grande ambition, qui avait conduit l'Autorité de régulation des télécoms à ouvrir ce chantier pour améliorer significativement l'accès au haut débit aux quelque 40 % des foyers mal (ou pas) desservis, a vécu. L'Arcep se contente en effet de recommander le recours aux technologies de montée en débit aux seules zones « non dégroupables », et d'avertir les collectivités locales qu'elles ne devront pas le faire si les opérateurs privés envisagent d'investir dans le FTTH sur leur territoire. Il faut reconnaître à l'Arcep que l'avis rendu par l'Autorité de la concurrence, fin décembre, ne lui laissait guère d'autre choix. L'Autorité de la concurrence, sous la pression des opérateurs alternatifs, avait en effet adressé un avertissement au régulateur, estimant que le projet de montée en débit constituait un risque concurrentiel dans le haut débit et pouvait handicaper gravement le développement du très haut débit. Quelle est la raison d'une telle opposition des opérateurs alternatifs alors que le projet peut élargir leur marché adressable et donc leurs revenus ? Elle est toute simple : quel que soit le débit réel de l'abonné, ce dernier paie à son FAI le même tarif (29,90 € ) qu'il soit ou non éligible au triple-play ! [[page]] Comme deux des trois solutions permettant la montée en débit (la bi-injection et le réaménagement de la sous-boucle locale) passent par un accroissement des investissements des opérateurs pour installer tout ou partie de leurs équipements au niveau du sous-répartiteur, ces investissements supplémentaires se seraient révélés non rentables pour les concurrents de l'opérateur historique, faute de nouvelles sources de revenus compte tenu de leur politique tarifaire. Mais il y a plus grave : en considérant que la montée en débit constituait une technologie concurrente du FTTH, l'Autorité de la concurrence a, peut-être, commis une erreur d'analyse. Alors que les élus locaux, qui se montrent actifs en matière de télécommunications, estiment qu'il faut une progressivité des investissements pour aboutir à terme à des réseaux optiques couvrant tous les foyers, l'Autorité de la concurrence préjuge que les opérateurs vont, rapidement, substituer le FTTH au DSL dans les zones où ils sont présents. Si cela sera bien le cas dans les grands centres urbains et les quartiers des autres villes à forte concentration de population, les villes moyennes qui connaissent un habitat diffus ne seront pas couvertes avant de très longues années. Et dans ce cas, la montée en débit pouvait constituer une étape intermédiaire. Ce qui ne sera donc pas possible. Résultat : la balle est à nouveau dans le camp des collectivités locales. L'accès à une infrastructure moderne de télécommunications étant un enjeu économique et politique, d'autant que le gouvernement ne cesse d'affirmer que le déploiement des réseaux FTTH constitue une priorité (sans pour autant accorder tous les moyens financiers nécessaires), les collectivités locales vont devoir, à nouveau, investir, alors que la dégradation de leurs finances (et la réforme de la taxe professionnelle) réduit leur marge de manoeuvre.