L'annonce de la nouvelle plate-forme publicitaire de Facebook n'a pas manqué de susciter des réactions plus ou moins indignées, voire virulentes, de la part des internautes et des associations de défense de la vie privée. Il faut dire qu'avec son outil « complètement innovant, très puissant, et jamais vu ailleurs » (comme l'a lui-même qualifié Mark Zuckergerb, P-dg de la société), Facebook propose à ses annonceurs un accès direct vers les informations concernant ses membres, afin de les aider à mieux cibler leurs campagnes publicitaires. Facebook n'est pas le premier réseau social à avoir mis en place une plate-forme de « publicité comportementale ». Ses concurrents MySpace et Yahoo l'ont devancé de quelques semaines. Mais chez Yahoo (qui recense 12 millions de visiteurs uniques par mois), on se défend de tout amalgame entre les deux modèles : « notre stratégie publicitaire est très différente de celle de Facebook », explique ainsi Christophe Pelletier, le responsable de la communication. Une publicité comportementale à plusieurs niveaux Yahoo ne vend pas à ses annonceurs les informations concernant ses membres. Les informations qu'il récolte avec les cookies (c'est-à-dire les publicités sur lequel l'internaute a cliqué, les mots clés tapés et les pages visitées sur Yahoo) sont stockées, analysées et exploitées uniquement en interne. « Ces données servent ensuite à créer des profils, à qui nous diffusons les publicités que nous jugeons les plus pertinentes », explique encore Christophe Pelletier. Yahoo précise par ailleurs que, depuis le lancement de cette plate-forme publicitaire interactive, un bandeau rouge placé en bas de chaque page avertit les membres de la présence de ces cookies et lui propose, s'il le souhaite, de les désactiver. Chez Facebook, le principe de cookies « récolteurs d'informations » est le même. Mais à la différence de Yahoo, les partenaires annonceurs de Facebook peuvent eux-mêmes (moyennant finances) piocher à leur guise dans les informations glanées à propos des membres du site communautaire (date de naissance, lieu de résidence, loisirs, études, activités professionnels, sites visités...), afin de les exploiter. Autre différence de taille, chez Yahoo, les annonces publicitaires « ciblées » sont envoyées uniquement à l'utilisateur profilé. Chez Facebook, si l'utilisateur clique sur la bannière publicitaire, elle sera automatiquement transmise à l'ensemble de son réseau d'amis, un peu à la manière d'un virus. Une pratique à la limite de la légalité [[page]] Selon le New York Times, une loi concernant la protection de la vie privée pourrait remettre en question la nouvelle plate-forme publicitaire de Facebook. Cette loi, qui date de cent ans, stipule que tout personne « dont le nom, l'image, les informations personnelles ou la voix sont utilisés dans un but commercial sans son consentement écrit peut intenter un procès en justice pour réclamer des dommages et intérêts ». Facebook se défend évidemment contre cette accusation, arguant que cette loi est brandie dans un contexte beaucoup trop général. De son côté, Andrew Frank, analyste pour le cabinet d'études Gartner, estime pour sa part que « chaque membre est libre de déterminer les informations qu'ils souhaite rendre publiques ou pas », sous-entendu, lors de son inscription. Sauf que le système de Facebook va plus loin. Sa plate-forme (et plus particulièrement une application baptisée « Beacon ») est capable de suivre les déplacements des utilisateurs, même lorsqu'ils se rendent sur d'autres sites. Et cela, peu de membres le savent. D'après nos confrères du Point, le Center for Digital Democracy, une société qui lutte pour que la protection de la vie privée soit renforcée, aurait d'ores et déjà demandé à la Federal Trade Commission (FTC-Commission fédérale sur le commerce) d'enquêter sur les pratiques publicitaires de Facebook, mais également sur celles de MySpace.