L'audience portant sur l'extradition de Julian Assange a débuté ce lundi à Londres. Les avocats du fondateur de WikiLeaks ont préparé leurs arguments sur un risque   d'extradition vers la base de Guantanamo, s'il était d'abord extradé en Suède. L'Australien est recherché par un procureur suédois suite à une affaire de viol, de contrainte et d'agression sexuelle. Il a toujours soutenu que les deux femmes qui avaient porté plainte contre lui en août dernier étaient consentantes. Après que les autorités suédoises aient demandé qu'un mandat d'arrêt européen soit délivré à son encontre, Julian Assange s'était rendu à la police du Royaume-Uni le 7 décembre dernier. Après une semaine de détention, il avait été libéré sous caution à la condition qu'il remette son passeport, porte un dispositif de surveillance électronique et se rende régulièrement auprès de la police pour vérification. Ses avocats envisagent de faire valoir que le mandat d'arrêt a été délivré « aux fins de poursuivre ou de punir Julian Assange pour ses opinions politiques», selon un document de 35 pages décrivant leurs arguments juridiques. Rappelons que les problèmes juridiques de Julian Assange se sont intensifiés lorsque Wikileaks avait dévoilé, fin novembre, 250 000 câbles diplomatiques américains.

Eviter les pressions exercées par les Etats-Unis

L'annonce avait provoqué la fureur des politiciens des États-Unis, parmi lesquels l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee, qui avait demandé la peine de mort pour ceux qui avaient émis ces câbles, ou l'ancienne vice-candidate à la présidence, Sarah Palin, qui était allée jusqu'à déclarer qu'Assange devait être pourchassé avec le même degré d'urgence qu'Al-Qaïda et les chefs talibans. Ces observations alimentent les arguments des avocats de Julian Assange, qui soutiennent que, si ce dernier était extradé vers la Suède, le pays pourrait céder aux pressions des États-Unis. Le bureau du procureur américain avait enquêté sur le fondateur de WikiLeaks, mais aucune charge n'avait été retenue. « Le risque est sans doute réel, que si il est extradé vers la Suède, les Etats-Unis chercheront alors à obtenir son extradition et/ou son transfert vers les États-Unis, où il pourrait être détenu, que ce soit dans la base de Guantanamo ou ailleurs», indique le document.

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Situé à Cuba, le centre de détention de Guantanamo a été créé en 2002 sous  le mandat de George W. Bush pour tenir les prisonniers de guerre issus des conflits en Afghanistan et en Irak. Il a été conçu pour placer en détention les personnes qui devaient être jugées par des tribunaux militaires. Le président américain Barack Obama s'est engagé à fermer Guantanamo, quand il a pris ses fonctions en Janvier 2009, mais la controverse politique a entravé cet effort.

Un interrogatoire non conforme au droit britannique

La défense de Julian Assange semble similaire à celle de Gary McKinnon, le hacker britannique qui est en attente d'une décision du Home Office sur son extradition vers les États-Unis, suite à des accusations de piratage informatique. À un moment donné au cours de son appel, les avocats du hacker avancèrent qu'il pouvait être classé comme terroriste dans la mesure où les États-Unis pourraient l'accuser d'avoir interrompu des réseaux militaires après les attentats terroristes du 11 septembre 2001.
Les avocats de Julian Assange ont également l'intention de faire valoir plusieurs arguments juridiques et techniques sur la façon dont la Suède a poursuivi ce dernier. Ils vont arguer que le procureur suédois Marianne Ny n'était pas autorisé à délivrer un mandat d'arrêt européen, et que l'extradition dans le  seul but de l'interrogatoire d'un suspect n'était pas en conformité avec le droit britannique. Le fondateur de WikiLeaks a soutenu qu'il s'était rendu disponible pour être interrogé par la justice suédoise, mais qu'il n'avait pas été contacté. L'audience, qui a débuté à 10 h ce lundi au tribunal de Belmarsh, autorisera la diffusion de news via Twitter. Au cours de l'audience du 14 décembre dernier, la Cour de Westminster avait permis aux journalistes d'utiliser Twitter dans la salle, alors qu'en général, les huissiers demandent aux auditeurs d'éteindre leur téléphone portable. Reste que deux jours après la caution interjetée lors de l'appel, un juge de la Haute Cour de Londres n'avait pas permis d'utiliser le service de microblogging pour diffuser des mises à jour en temps réel.

Illustration: Crédit photo: D.R