Le lieu n’a pas été choisi par hasard, le fort du Mont Valérien (Hauts-de-Seine, 92) est en effet depuis 1977 le centre de traitement informatique de Paris, puis s’est transformé en datacenter pour le ministère de la Défense. Aujourd’hui, il accueille le supercalculateur classifié Asgard - en référence au royaume des dieux Ases dans la mythologie nordique - dédié à l’intelligence artificielle. Sébastien Lecornu, ministre des Armées l’a inauguré en soulignant qu’aujourd’hui, « l’IA révolutionne la guerre » et cite comme exemple les retours d’expérience de la guerre en Ukraine « où l’IA joue une place centrale quand elle est embarquée dans les drones et les robots de combat ».

Au début 2024, il a donc lancé un plan stratégique pour l’IA de Défense en mettant en place l’Amiad (agence ministérielle pour une IA de Défense) dirigé par Bertrand Rondepierre. Dans ce programme, il était aussi prévu de « démultiplier les infrastructures IA ». Le ministère des Armées disposait de « 200 puces d’IA d’anciennes génération », se souvient Sébastien Lecornu dans son discours inaugural. Un appel d’offres a donc été lancé pour construire un système plus moderne. Le choix s’est porté sur le duo HPE Cray et Orange au détriment d’Atos et sa branche HPC Eviden. Une décision qui a provoqué une polémique sur les questions de souveraineté.

Un système livré en temps et en heure

Une chose est sûre, le ministère voulait aller vite. Le projet a été « livré en temps et en heure » relève le ministre « dans un climat de tension sur l’approvisionnement en puces IA ». Le système Asgard comprend 1024 GPU Nividia de dernière génération sans donner de précision mais très probablement des B200 (architecture Blackwell). Le supercalculateur sera pleinement opérationnel en novembre prochain avec des personnes habilités secret défense.

Avec cette infrastructure et les compétences de l’Amiad, plusieurs projets militaires vont être accélérés. « Nous allons créer des modèles de fondation pour optimiser l’analyse de certaines données de renseignements sur le terrain militaire », glisse Sébastien Lecornu. Un autre cas d’usage concerne les « oreilles d’or », des sous-mariniers capables de détecter au sonar le bruit émis par des sous-marins adverses. Les tests vont permettre de savoir si l’IA est capable à terme de mieux reconnaître ces bruits que l’humain entend. Enfin, Asgard aidera au développement de la 1ère unité robotique de combat connue sous le nom de Pendragon (tête de dragon ou chef des guerriers dans la légende celtique), à travers du travail de simulation.