L'astuce pour obtenir des gains de performances se situe dans les routeurs qui dirigent le trafic Internet, explique Vincent Chan, ingénieur en électricité et professeur d'informatique au MIT, à la tête d'une équipe de chercheurs. Il a indiqué à nos confrères de Computerworld vouloir remplacer le signal électrique au sein des routeurs par un signal optique plus rapide qui dynamise de 100 à 1000 fois les débits. Cette technique réduit également la consommation d'énergie.

Que faire avec des débits aussi élevés ? Aujourd'hui, un abonné qui télécharge difficilement 100 Mo, pourra sans souci envoyer un message de 10 Go avec un accès à Internet 100 fois plus rapide.

« Nous observons dans le futur des  processeurs de plus en plus puissants (on parle de 16 coeurs prochainement), des téléchargements de taille  plus importante et  des applications gourmandes en ressources » explique Vincent Chan en ajoutant « quand ces puces arriveront, les gens vont demander alors plus de débit et la question est de savoir si Internet supportera ces évolutions. Car beaucoup de personnes vont utiliser le haut débit pour faire de la 3D, des jeux interactifs, etc. »

Une commutation du signal optique

La réponse à ces problématiques s'appelle la fibre optique. Cette dernière est largement utilisée pour l'accès à Internet sur de grandes distances. Si elle transmet  l'information de manière plus efficace que les signaux électriques, la lumière est plus compliquée à gérer. Un routeur par exemple a des difficultés de gestion en temps réel des signaux optiques provenant de plusieurs sources. Pour contourner ce problème, les routeurs convertissent le flux lumineux en un signal électrique, qui peut être stocké en mémoire. Après traitement, le signal est reconverti en lumière pour être réinjecté dans le réseau.

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Ce procédé est gourmand en temps et en énergie. Vincent  Chan et son équipe ont trouvé un moyen pour éliminer cette conversion. L'architecture de Chan s'appelle « la commutation de flux » qui établit une voie dédiée sur le réseau entre les sites concernés par l'échange de volumes de données importants. Cela signifie que les routeurs choisissant cette méthode, seul le signal provenant d'une direction déterminée sera accepté et le retour s'effectuera aussi dans une seule direction.

Dan Olds, analyste pour Gabriel Consulting Group souligne que « si on peut réellement accélérer l'accès à Internet près de 100 fois, cela aura un impact important sur l'utilisation du Net, à l'heure de l'arrivée de la 3D ».  Pour Rob Enderle, analyste du groupe éponyme « aujourd'hui, le réseau est le goulet d'étranglement pour l'informatique hébergé. Cette technologie pourrait transformer l'industrie telle que nous la connaissons » et d'ajouter « nous avons besoin d'un Internet plus rapide. Nous utilisons actuellement dans certains endroits que 20% de la bande passante ».

Des tests concluants

Dan Olds rappelle l'importance de travailler sur les terminaux et les applications. « Internet va devenir plus rapide, mais des milliards de personnes transitent sur le réseau chaque année et il ne faut pas oublier que des millions d'équipements (smartphones, capteurs,...) se connectent également » explique l'analyste.

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Vincent Chan constate qu' « avec des applications de taille importante et de plus en plus de points d'engorgement, vous avez la possibilité d'ajouter de la bande passante complémentaire, mais à un prix excessif et à certains clients seulement ». Les chercheurs du MIT ont testé la couche transport de son architecture dans les Bell Labs du New Jersey. L'objectif de ces expériences est de s'assurer que ce procédé n'a pas d'impact à long terme sur Internet.

En voie de commercialisation

Le scientifique devrait créer sa propre société pour développer et commercialiser la technologie. Il en profitera également pour tester l'intégration de sa solution sur les réseaux traditionnels américains. « Je pense que nous avons réalisé suffisamment de test pour savoir que le transport est prêt et que l'architecture devrait fonctionner » précise le futur entrepreneur.

Des discussions sont également en cours avec les fabricants de routeurs sur l'implantation de cette architecture. « En supposant que la technologie fonctionne comme annoncé, le principal inconvénient sera le coût de déploiement du nouvel équipement et l'optimisation du Net afin qu'il tire parti des dernières fonctionnalités. Ce tarif sera revu à la baisse par un effet de volume » déclare Dan Olds.