Après les accords entre les opérateurs mobiles et les banques, dans le cadre de l'opération "Payez Mobile", les mêmes opérateurs se tournent vers la grande distribution. Le projet, baptisé Ergosum (Ergonomie des services sur mobile), vise à développer, à travers des tests grandeur nature, les solutions de paiement avec un téléphone portable. Ce type de paiement repose sur la technologie NFC (Near Field Communication). Concrètement, il s'appuie sur un téléphone équipé d'une puce NFC et capable d'échanger des données avec un lecteur spécifique. Les achats sont ainsi réglés en approchant le combiné devant la borne de paiement (idéalement en posant le téléphone sur le terminal sans contact). Après confirmation, le montant des achats est ensuite directement débité sur le compte du client. En France, plusieurs expérimentations ont été conduites depuis novembre 2007 auprès d'usagers des transports publics et de certains commerçants, notamment à Paris, Strasbourg, Caen ainsi qu'en Bretagne. Une initiative lancée par Orange, SFR et Bouygues Telecom Réalisées sous l'égide du groupement "Payez Mobile", 1 000 personnes et 500 commerçants ont pu essayer cette technologie, que 90% des clients ont jugée "pratique, rapide et simple à utiliser". La nouvelle initiative lancée par les trois opérateurs mobiles (Orange, SFR et Bouygues Telecom) a suscité la participation des leaders de la grande distribution : Auchan, Castorama, Carrefour, la Fnac, Intermarché, Leroy Merlin, etc., et des organismes bancaires. Elle prévoit une nouvelle série de tests en France, dès 2009 dans les enseignes participantes. Les clients pourront ainsi régler leurs achats en passant simplement un mobile équipé devant un terminal. Ces expérimentations devraient également inciter les fabricants de téléphonie mobile à proposer plus rapidement des combinés compatibles NFC. [[page]] Cela dit, le paiement sans contact depuis un mobile progresse à petits pas. Pour rappel, fin 2007, pour la première fois, Orange, SFR et Bouygues Télécom s'étaient entendus avec les banques françaises de premier plan (Crédit Mutuel-CIC, BNP Paribas, Crédit Agricole et LCL, Société Générale, La Banque Postale, Caisse d'Epargne), ainsi qu'avec les spécialistes des moyens de paiement (Visa, Mastercard) sur les standards permettant d'héberger dans la carte SIM du mobile, de façon sécurisée, une application bancaire de paiement. Trois modèles de portables équipés en NFC avaient été utilisés pour cela : le L600V de LG Electronics, le L7 de Motorola et le My700X de Sagem. La puce NFC est d'origine Inside Contactless. Côté terminaux de paiement chez les commerçants, deux fabricants sont intervenus : Sagem Monetel et Ingenico. Quant à Gemalto et à Oberthur Card Systems, les leaders de la carte à puce, ils ont fourni les cartes SIM et les plateformes de gestion sécurisée des applications. De nombreux acteurs contraints de s'entendre Si la bonne marche technologique de ces systèmes a été validée, on n'a pas encore eu d'écho sur les négociations commerciales entre chacun des opérateurs de téléphonie mobile et chacune des banques. Car il faudra bien s'entendre sur le coût des services tels que l'hébergement de l'application bancaire sur la carte SIM, ou les mises à jour et la désactivation d'une SIM volée ou perdue via le réseau mobile. Les standards utilisés lors des expérimentations de "Payez Mobile" avaient pour objectif de pouvoir héberger plusieurs applications dans la carte SIM, parmi lesquelles figurent déjà des solutions de paiement de banques différentes. Bien d'autres usages sont envisageés [[page]] Mais, beaucoup d'autres usages applicatifs sont envisagés. Transport, billets de spectacle, stationnement, cartes d'accès ou de fidélité, lecture d'étiquettes marketing, etc. : tout émetteur de cartes devrait pouvoir placer son application sur la SIM. Le paiement ou le compostage du titre de transport font partie des extensions naturelles. Cet usage a déjà été testé, notamment à Paris par Bouygues Télécom et la RATP en 2006. Orange a également testé le mobile transformé en ticket virtuel à Rennes avec la SNCF et ses filiales locales. On achète son titre de transport, ses caractéristiques sont téléchargées dans le téléphone portable. On le composte en présentant le mobile devant une borne sans contact, dans les gares ou en montant dans le bus. L'expérimentation concernait une trentaine de personnes, disposant pour l'occasion d'un téléphone intégrant une puce NFC. Les acteurs de « Payez mobile » estiment à plusieurs millions les Français susceptibles d'utiliser le téléphone sans contact comme moyen de paiement d'ici à 2012. A noter que la voie avait été ouverte dès la fin de 2006 par le Crédit Mutuel et l'opérateur NRJ Mobile à Strasbourg, qui ont rejoint « Payez mobile » . Mais le téléphone mobile n'est pas le seul à se plier au sans-contact, la carte bancaire traditionnelle l'adopte également. Cette offensive sur les cartes s'explique notamment par le fait qu'il faudra encore du temps avant que tous les mobiles puissent être équipés en NFC, et du temps également pour que les opérateurs et les banques s'entendent sur les tarifs de leurs prestations réciproques. Vers un déploiement national en 2009 A la mi-novembre 2007, la banque Accord, filiale du groupe Auchan, avec 2,7 millions de clients en France, a été la première dans l'Hexagone à lancer le test du système sans contact Paypass de Mastercard sur une carte plastique. La carte est une carte bancaire EMV (Europay Mastercard Visa) standard dotée d'une antenne radio. Le paiement sans contact s'effectue sans saisie du code secret pour moins de 25 euros, ce qui devrait fluidifier le trafic aux caisses des supermarchés. Le test avait débuté par trois points de vente (Auchan à Englos, un magasin Bizzbee et un restaurant Flunch) et avec quelques dizaines de clients ; le pilote visait 150 000 clients sur la métropole lilloise au deuxième trimestre 2008 et deux mille points de vente. Le déploiement national était prévu pour 2009. Les terminaux de paiement sont compatibles avec les portables de « Payez Mobile » . Le projet d'Accord se déroule dans le cadre du pôle de compétitivité « Industries du commerce » , tandis que l'expérimentation « Payez mobile » se déroule dans le cadre du pôle de compétitivité TES (Transactions électroniques sécurisées). Désormais, la grande distribution, les banques et les opérateurs de téléphonie mobile sont condamnés à s'entendre.