Le mois dernier, la Wireless Gigabit Alliance (WiGig) a publié une spécification sur les réseaux sans fil Gigabit qui utilisent les fréquences dans la bande 60 GHz pour offrir un débit de 7 Gbits Aux États-Unis, la bande des 60 GHz commence à être utilisée pour les applications grand public, et peut se révéler très attractive pour les usages demandant beaucoup de bande passante comme les points d'accès très fréquentés ou le streaming de vidéo HD. Et selon le WiGig, les fréquences 60 GHz sont disponibles dans la plupart des pays. Conformément à un accord annoncé lundi dernier, la WiFi Alliance évaluera la technologie WiGig pour l'intégrer dans le cahier des charges 60 GHz à venir. Dans le cadre du même accord, le groupe WiGig aura accès aux spécifications de la WiFi Alliance afin qu'il puisse poursuivre l'alignement de sa propre technologie sur ces normes. "Nous allons certainement examiner de manière approfondie leurs spécifications et peut-être même les certifier », précise Edgar Figueroa, CEO de la WiFi Alliance.

La société SiBEAM, le principal promoteur d'une technologie alternative appelée WirelessHD 60 GHz, a également indiqué qu'elle avait mis au point une puce bimode WirelessHD / WiGig. Les échantillons de ce circuit sont maintenant disponibles en quantité, et SiBEAM proposera en juin prochain un référence design pour ses clients, a déclaré John LeMoncheck, le PDG de la société. Contrairement aux projets de WiGig, SiBEAM a déjà planifié l'expédition de ses puces à destination de fabricants de produits électroniques grand public tels que les téléviseurs. Mais il est aujourd'hui le seul fabricant de puces à porter la norme WirelessHD. SiBEAM n'est pas prêt à plier devant le WiGig, soutient John LeMoncheck. Au contraire, les deux technologies ont des forces différentes et SiBEAM pourra offrir les deux à ses clients, précise-t-il. Bien que le WirelessHD ait été conçu pour le streaming vidéo entre deux appareils, le WiGig est plus orienté vers les réseaux de données et n'est pas aussi bien adapté à la vidéo, poursuit-il. Le WirelessHD a un débit théorique de 28 Gbits contre 7 pour le WiGig, donc il convient mieux aux futurs équipements qui afficheront de la vidéo HD.

 

Illustration : boitier WiGig, crédits photo D.R.

 

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Une autre technologie haut débit sans fil, le WHDI (Wireless Home Digital Interface), est également disponible sur certains équipements grands publics, les TV notamment, mais il n'est pas en concurrence directe, car il fonctionne dans la gamme des 5 GHz.

L'Alliance WiGig a été formée il y a un an par de nombreux fabricants de puces WiFi et certains acteurs comme Microsoft, Nokia et les principaux constructeurs de produits électroniques grand public. Elle a achevé une spécification technique en décembre 2009 et a publié le mois dernier une version libre de droit à destination des développeurs. Les fabricants de puces Intel, Broadcom et Atheros ont exprimé le désir de faire du WiGig une extension du WiFi, permettant aux utilisateurs de bénéficier de vitesses de plusieurs gigabits tout près d'un point d'accès et de rebasculer sur du WiFi traditionnel quand le signal 60 GHz n'est plus accessible. Combiné à cette nouvelle norme, le WiFi, déjà largement adopté dans le monde entier, pourrait faciliter le développement du WiGig sur les hotspots ou dans les foyers en équipant les box des opérateurs.

Le groupe de travail 60 GHz au sein de la WiFi alliance va étudier les spécifications WiGig pendant des semaines ou des mois avant de décider quels éléments il apportera, le cas échéant , à son propre standard 60 GHz, a déclaré Ali Sadri, président  de l'Alliance WiGig. Si la WiFi Alliance n'est pas un organisme de normes officielles, elle a toutefois le pouvoir d'agir au nom de ses membres très actifs dans l'élaboration d'un standard de réseau sans fil. Le groupe a ainsi déjà travaillé de concert avec l'Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) pour définir des normes comme le Draft 802.11n.

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Le rôle de la WiFi Alliance est de s'assurer que les produits des différents fournisseurs pourront bien travailler ensemble de toutes les manières qu'ils prétendent. Quand un consommateur rentre à la maison et tente de faire communiquer ses équipements, explique Edgar Figueroa le CEO de la WiFi Alliance. Ainsi, si le WiGig finit par faire partie du WiFi, des produits auront une certification spéciale pour cette capacité, et les consommateurs sauront qu'ils pourront facilement passer de la bande 60 GHz à d'autres bandes de WiFi, dit-il. L'interopérabilité avec WiFi peut sans doute commencer par les fonctions de base telles que la connectivité LAN et WiFi Direct, une forme peer-to-peer de la communication de données, nous explique Ali Sadri. Pour certifier les produits WiGig pour d'autres usages, comme le sans-fil HDMI (High-Definition Multimedia Interface), l'alliance peux se tourner vers d'autres organismes.

Le fruit de ces accords ne sera pas susceptible d'arriver avant la deuxième moitié de 2011, estime l'analyste Kurt Scherf qui travaille pour Parks Associates. Mais un partenariat entre le WiGig et le WiFi pourrait être un tournant sur le marché selon les analystes. "C'est potentiellement un jeu d'échanges», a ainsi souligné Brian O'Rourke, analyste chez In-Stat. Le partenariat apporte plus de crédibilité au WiGig et renforce le WiFi qui plafonne à un débit théorique de 600 Mbits avec le 802.11n. Compte tenu de cet accord, la compagnie SiBEAM devra probablement trouver un moyen d'interagir avec WiFi, estiment les analystes. Mais John LeMoncheck pense qu'il n'est guère besoin d'une capacité de transfert intercellulaire entre le WirelessHD et le WiFi puisque le premier est conçu principalement pour le streaming vidéo dans une pièce. L'intégration avec WiFi sera vraisemblablement un processus graduel, ajoute Brian O'Rourke. Il existe d'une part des défis particuliers à l'ajout de capacités de 60 GHz à une puce. "À cette fréquence, la fabrication des puces devient de plus en plus difficile», précise-t-il. « Quand la fréquence augmente, les problèmes d'interférence sont multipliées."

Pourtant, même la fin de l'année prochaine, il ne sera pas encore trop tard pour capitaliser sur une demande naissante, analyse Kurt Scherf de Parks Associates. Les utilisateurs n'ont tout simplement pas besoin de 7 Gbits pour relier un ordinateur portable à un moniteur ou à un périphérique de stockage, selon lui. La première application qui va vraiment exiger une telle technologie sera probablement le streaming vidéo ou la lecture de films Blu-Ray sans fil plutôt que via un câble HDMI, conclut-il.

 

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