Le secteur des services financiers de New York et du New Jersey a  ressorti ses  plans de reprise d'activité en cas de sinistre et se prépare à résister à Sandy, un ouragan violent qui pourrait s'accompagner de vents allant jusqu'à  300 km/h  et de graves inondations. Certains prédisent que ce sera «la tempête du siècle». D'autres, comme Henry Margusity, météorologue à AccuWeather, a déclaré que le phénomène causerait  une «catastrophe de proportions bibliques ».

Mais les analystes et les experts de l'industrie s'accordent à dire que New York et le  New Jersey ne sont pas des proies faciles quand il s'agit de catastrophes potentielles - surtout lorsque cela concerne le secteur  des services financiers.  Pour Kevin Knox, directeur de recherche chez   Gartner, les leçons tirées des attentats terroristes du 11 septembre n'ont pas été oubliées.

« Après le 11 septembre, on s'est rendu compte  qu'un grand nombre de datacenters étaient près les uns des autres », a assuré l'analyste. Depuis cette date, d''importants travaux ont été réalisés pour les séparer afin de s'assurer qu'une catastrophe régionale ne puisse potentiellement pas impacter plusieurs d'entre eux. »

La Bourse de New York travaille actuellement avec les autorités de la ville pour évaluer le niveau de préparation de ces systèmes (sécurité,  puissance, eau et transports.« A ce jour, le  New York Stock Exchange (NYSE) prévoit d'être opérationnel aux heures de travail normales le lundi 29 octobre et les jours suivants", a déclaré son porte-parole, Eric Ryan.

Un temps de récupération réduit à 4 ou 5 h

Au cours de la dernière décennie, les systèmes informatiques sont devenus résistants en termes de RTO (Recovery time objective ou durée maximale d'interruption admissible)  et de RPO (Recovery point objective ou perte de données maximale admissible), c'est-à-dire le temps qu'il faut pour obtenir un retour des systèmes et minimiser la quantité de données perdues pendant cette période.  « Durant ces dix  années, les RTO sont passés de 48 heures  à 4 ou 5 heures dans de nombreux cas, a indiqué Eric Ryan. «Les spécialistes de la finance sont sans doute parmi les plus agressifs  en termes de capacités de reprise après un sinistre, tant dans la rapidité de reprise d'activité que dans l'atténuation des risques», a-t-il ajouté.

Selon Kevin Knox, dans de nombreux cas, les banques et les courtiers ont deux centres de données relativement proches - 20 ou 30 miles de distance (soit entre 70 et 100 km) - pour la continuité des activités où les données seront répliquées en temps réel  afin d'assurer que si l'un des datacenters  tombe, l'autre pourra encore fonctionner . Ensuite, elles disposeront d'un troisième site de récupération pour s'assurer qu'une catastrophe régionale ne paralysera pas leurs opérations.

L'analyste a ajouté que la virtualisation était pour beaucoup  dans l'amélioration des RPO et RTO concernant les infrastructures de serveurs x86 dans les grandes entreprises, ainsi qu'au sein des PME et TPE, les services cloud en mode SaaS ayant permis, en cas de catastrophe,  de meilleurs plans de reprise d'activité qu'à tout autre moment dans l'histoire. « Y  aura-t-il  des entreprises ou des  choses arriveront ? «, s'interroge- t-il. «  Bien sûr, si un désastre survient à l'échelle régionale. Mais relativement parlant, elles sont assez bien préparées».
La plupart des modèles climatiques indiquent que l'ouragan Sandy  balayera les régions Mid-Atlantique (qui comprennent trois États du  New Jersey, de New-York et de Pennsylvanie) et la côte Nord-Est des Etats-Unis entre aujourd'hui et demain.

Des « mégacentres » pour les employés

Selon Weather.com, les vents causés par Sandy seront très puissants  sur une grande surface. Ils seront capables d'abattre et d'endommager de nombreux arbres et peut-être souffler les fenêtres de grattes-ciel. Les prévisionnistes météo de toute la région du Nord-Est pensent  que la tempête pourrait causer des milliards de dollars de dommages aux infrastructures publiques, aux  entreprises et aux résidences privées. Walter Dearing, vice-président des  services de reprise d'activité et du support clients chez  SunGard, a déclaré que des clients avaient déjà exécuté des actions sur leurs plans de reprise après sinistre.

SunGard, qui assure les plans de continuité et fournit des services d'hébergement, exploite deux types d'installations sur la côte Est : un  datacenter qui peut être activé et utilisé par les entreprises et des «méga-centres» où les employés peuvent aller travailler avec des bureaux et des PC facilement disponibles et pré-configurés. «Notre philosophie est d'encourager nos clients à tester aussi fréquemment que possible ce type de situations », a déclaré le dirigeant.

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Walter Dearning a ajouté que les ouragans permettaient un meilleur temps de préparation que d'autres catastrophes naturelles ou d'origine humaine qui surviennent sans avertissement. Il a comparé l'ouragan  Sandy à Irène en 2011 qui fut la cinquième tempête la plus coûteuse de l'histoire américaine, et à l'ouragan Bob survenu en 1991, qui  figurait  à l'époque parmi les dix les plus coûteux des Etats-Unis. L'ouragan Irene, qui a sévi le long du Mid-Atlantique  jusqu'à sa destination  finale à Brooklyn a provoqué des inondations massives et les dégâts dûs à ses vents violents. Il a  provoqué 56 décès et laissé des millions de personnes sans abri. La catastrophe a été estimée à 15,6 milliards de dollars pour les dommages. En Juillet 1991, Bob a balayé les iles Outer Banks en  Caroline du Nord, puis Long Island à New York, avant de terminer sa course à Rhode Island. Il a causé 1,5 milliard de dollars de dommages dans l'Upper Northeast et entraîné 17 décès.

La mobilité, un acteur clé

SunGard dispose de centres hébergés  à Orlando, Atlanta, Herndon, en Virginie, Philadelphie, Carlstadt, NJ,  Queens, et Boston. Selon Marc DeCastro, analyste chez IDC Financial Insights, l'impact d'un ouragan est toujours double : il a des conséquences sur les systèmes informatiques et l'infrastructure commerciale, et également l'élément humain. Ce que les employés doivent faire, c'est de se  préparer à travailler chez eux ou dans des chambres d'hôtel qui soient proches d'un site de reprise d'activité après sinistre, et être aux commandes  des centres de calcul  lors de la tempête. «Tous les plans ont été ressortis », a assuré Marc DeCastro. Ils ont déjà été revus par les dirigeants et ont été communiqués aux employés. »

Les progrès réalisés dans les technologies mobiles  joueront sans doute  un rôle clé, comme elles l'ont été dans un passé récent et maintiendront les communications pendant et après la tempête, prévoit l'anayste  «Dans le secteur bancaire en particulier,  il y a un grand nombre de canaux électroniques disponibles », a-t-il précisé . « Si nous n'avons  pas d'électricité,   je pourrai toujours continuer à communiquer avec mon smartphone », a-t-il indiqué. «Je  le rechargerai sur la batterie de ma voiture, et si j'ai besoin de transférer de l'argent ou d'effectuer un paiement, je pourrai  encore le faire avec mon  mobile. »