Alors que certains réfléchissent déjà à repousser l'âge de la retraite à 70 ans, les entreprises ont encore du mal à embaucher des seniors . En France, seuls 38,3 % des 55-64 ans sont encore actifs, et en Europe ce taux atteint tout juste 44,7 %. La Commission européenne a donc lancé un projet, eSangathan, pour vérifier si ces populations étaient toujours adaptées aux technologies actuelles. L'étude qu'ils ont mené durant deux ans a montré que oui. Les chercheurs ont observé durant deux ans des groupes de travail mélangeant toutes les tranches d'âges, d'une part dans la région de l'Oresund, entre Suède et Danemark, et d'autre part, dans l'entreprise indienne Mahindra & Mahindra. Au sein de ces groupes, les seniors (50 ans et plus) n'avaient au départ qu'une compétence basique en informatique (bureautique et navigation simple). A la fin de l'expérience, ils avaient à 95 % intégré tous les outils de travail collaboratifs proposés (Wiki, VoIP et messagerie instantanée, blog, espace de travail collaboratif, fils RSS, etc) comme s'il s'agissait d'une seconde nature, les 5 % restant ayant assimilé le fonctionnement des outils mais de façon moins intuitives. Un langage commun pour gommer les différences d'âge [[page]]Selon Nicole Turbé-Suetens, coordinatrice du projet : « sur le lieu de travail, les TIC favorisent les relations intergénérationnelles. Les seniors ne les rejettent pas. Au contraire, ils ont la volonté d'apprendre et de partager leurs savoirs. » Elle dénonce au contraire le management des entreprises qui n'investit pas assez dans des plans de formation pour les plus de 40 ans et l'absence de réelle politique de partage de compétence : « Les seniors ne sont pas des handicapés ! Ils n'ont pas besoin d'outils adaptés. N'importe qui peut se servir du matériel informatique et des outils actuels, à condition qu'on lui laisse le temps d'apprendre. » Au contraire, elle constate que l'utilisation d'outils de travail communs, et le fait de développer ainsi des usages et un langage commun gomme les différences d'âge à l'intérieur d'un même projet. Elle signale également qu'il ne faut pas se focaliser sur la division seniors/juniors. La génération X (ndlr : ceux nés entre 1964 et 1977) sont les seniors de demain, et certains d'entre eux ont aussi des difficultés à utiliser les nouveaux outils.