L'Agence Fédérale américaine a retenu 7 charges d'accusations contre la société Megaupload officiellement domiciliée à Hong Kong et ordonné le blocage des DNS des sites. Chose faite hier en fin de journée en Europe. Cette action d'éclat intervient un jour après que des milliers de sites dans le monde aient protesté le 18 janvier contre les projets de loi antipiratage aux États-Unis. Les autorités fédérales américaines ont annoncé aujourd'hui avoir démantelé un réseau pirate qui aurait généré un chiffre d'affaires de 175 millions de dollars.

Sept individus et deux sociétés ont été accusés de racket, de violation de copyright et de blanchiment d'argent par le Département américain de la Justice (DOJ) selon un communiqué du gouvernement.

Une myriade de sites web

Les deux sociétés - Megaupload Limited et Limited Vestor - exploitaient des sites connus sous les noms de Megaupload.com, Megavideo.com, Megastuuf.co et Megaporn.com... avec des serveurs situés aux États-Unis, au Canada, à Hong Kong et aux Pays-Bas. Selon les fonctionnaires fédéraux, le gang a généré 175 millions de dollars de recettes provenant de la vente d'espaces publicitaires et d'accès premium à leur service et aurait causé plus de 500 millions de dollars de dommages aux ayants droit. Parmi les contenus piratés distribués sur les sites Megaupload, on retrouve des films, des séries TV, de la musique, des livres électroniques et des logiciels.

«Cette action est parmi les plus grands cas de crime contre le droit d'auteur  aux États-Unis», a déclaré le Départment de la Justice US dans son communiqué de jeudi. Les procureurs ont également défini le groupe Megaupload comme « une entreprise internationale de crime organisé qui serait responsable de piraterie en ligne massive dans le monde entier. »

4 suspects arrêtés, 3 autres recherchés en Europe

Parmi les sept hommes inculpés par un tribunal de Virginie (un grand jury plus exactement), quatre ont été arrêtés le 19 janvier en Nouvelle-Zélande par les autorités locales : Kim Schmitz, un informaticien allemand à l'origine du site (37 ans), Bram van der Kolk (29 ans), Finn Batato (38 ans) et Mathias Ortmann (40 ans). Leurs demandes de libération sous caution ont été refusées. Les trois autres - qui vivent en Estonie, en Allemagne et en Slovaquie - sont toujours en fuite. Les sept hommes inculpés par le Ministère américain de la Justice risquent, chacun, un maximum de 55 ans de prison s'ils sont reconnus coupables. Outre les arrestations d'hier, le FBI a également saisi 50 millions de dollars sur les comptes de Megaupload, des voitures de luxe pour un montant de 6 millions de dollars et a obtenu 20 mandats de perquisition aux États-Unis et ailleurs pour saisir les serveurs utilisés par les sites.


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Une cour américaine a également ordonné la saisie de 18 noms de domaine appartenant à Megaupload. Selon le réquisitoire du tribunal américain, Megaupload.com recevait 50 millions de visiteurs par jour et représentait 4% du trafic Internet. Le service de classement de sites Alexa répertorie actuellement la plate-forme Megaupload comme la soixante-deuxième audience web dans le monde. Au cours des trois derniers mois, les visiteurs du site représentaient en moyenne 1,4% de tous les utilisateurs d'Internet.

Un coup de semonce avec le black-out day du 18 janvier

Les arrestations d'hier arrivent juste après la tentative de « black-out d'Internet » de ce mercredi, lorsque des milliers de sites, y compris Google et Wikipedia, ont partiellement ou complètement noirci leurs pages d'accueil en signe de protestation contre les projets de lois américaines sur le piratage en ligne (SOPA) et la protection de la propriété intellectuelle (PIPA).

Ces deux propositions de loi - rédigées respectivement par la Chambre américaine des Représentants et le Sénat américain - sont conçues pour faciliter la tâche des ayants droit qui désirent fermer les sites étrangers qui diffusent des films piratés, de la musique et des logiciels. Les opposants ont toutefois fait valoir que ces projets de lois donnent aux propriétaires de contenu trop de pouvoir.

Les alternatives existent

Depuis l'annonce de cette fermeture, les différentes communautés sur Internet débattent des alternatives : FileServe, FileSonic, Rapidshare... mais également bitTorrent (pas très sûr) et bien sûr les newsgroups. Et depuis plusieurs mois, de nombreux forums de discussions travaillent sur les moyens plus faciles pour crypter les échanges et rerouter les adresses IP. Voir encore plus radicale, la création de réseaux communautaires limités à un groupe d'utilisateurs. On trouve des initiatives reposant sur une plate-forme Darknet ou F2F (Friend to Friend) de type Waste, un réseau I2P, un serveur NAS avec un réseau local WiFi crypté et des noeuds mesh reposant sur la distribution Linux basée sur Porteux (voir projet Byzantium du groupe de hackers HacDC). Plus ambitieux, le projet de réseau satellitaire Hackerspace Global Grid emmenait par un groupe allemand. Le retour des bons  BBS mais avec des débits sans commune mesure.