Il y a une « énorme opportunité » pour améliorer l'efficacité énergétique en utilisant des serveurs basés sur des petites puces de faible puissance telles que les modèles Atom d'Intel et Bobcat d'AM, a déclaré Dileep Bhandarkar, un ingénieur travaillant pour la Global Foundation Services de Microsoft, qui gère les centres de calcul de la firme de Redmond. Ces petits processeurs consomment peu d'électricité, car ils ont été conçus à l'origine pour équiper des ordinateurs mobiles comme les netbooks. Mais, pour certaines charges de travail, ils sont aussi plus économes en énergie que les processeurs pour serveurs comme les puissantes puces Intel Xeon, a indiqué Dileep Bhandarkar lors d'un exposé au centre de conférence Liney Group dans la Silicon Valley. Les datacenters de Microsoft alimentent les différents services en ligne de l'éditeur comme Bing, Hotmail et Windows Live Messenger, ainsi que Windows Azure et les déclinaisons SaaS des applications d'entreprise Sharepoint et Exchange.

Des expérimentations déjà en cours

Ce n'est un secret pour personne que Microsoft et d'autres grands opérateurs de centres de calculs expérimentent les puces de faible puissance. Des fournisseurs comme Dell tentent déjà de vendre des serveurs basés sur le processeur Nano de Via. Les commentaires de Dileep Bhandarkar témoignent du vif intérêt de Microsoft dans ces modèles alternatifs et des demandes spécifiques qui ont été faites à Intel et AMD. Les fondeurs doivent également utiliser une approche plus intégrée de leurs puces a-t-il dit. « Quand vous regardez ces coeurs minuscules, une autre façon de les faire fonctionner d'une manière très efficace est [de ne pas] multiplier les liens et les contrôleurs... Fondamentalement les noyaux minuscules et les systèmes sur une puce devraient  aller de concert ». 

Microsoft possède un poids suffisant pour faire pression sur ses fournisseurs et obtenir les équipements qui répondent à ses spécifications; Intel est en outre tout à fait capable de concevoir une puce Atom pour serveurs, souligne de son coté Linley Gwennap, fondateur et analyste principal du Linley Group. « Je pense qu'Intel va devoir se résigner à le faire. Nous voyons également les dirigeants d'ARM s'intéresser au marché des serveurs et pour répondre à cette concurrence sur la performance par watt de puissance, Intel devra s'appuyer sur ses processeurs Atom », a-t-il ajouté.

ARM, nouveau challenger sur le marché des serveurs

Dileep Bhandarkar a encore expliqué que Microsoft peut accompagner ARM sur le marché des serveurs, mais cette architecture doit encore faire face à de nombreux obstacles. « Si ARM réussit à nous montrer qu'elle apporte plus de bénéfices qu'une solution x86 nous pourrons considérer la chose, dit-il. Mais le bénéfice en termes de performances doit être absolument significatif ». «La translation de jeu d'instructions est un exercice très difficile », précise Dileep Bhandarkar . « Pour certaines applications où il n'y a pas vraiment de dépendance [à la plate-forme x86, ndlr], ... ARM a quelque chose d'intéressant à proposer et si il réussit pousser Intel et AMD à sortir des solutions x86 plus efficaces, j'en serai très heureux ».

Microsoft a récemment déclaré qu'il allait porter Windows [la version 8 attendue en 2012, ndlr] sur les processeurs ARM pour une utilisation dans des dispositifs mobiles tels que les tablettes. Mais c'est très différent des PC et des serveurs, fait valoir Dileep Bhandarkar, qui doivent exécuter un large éventail de logiciels existants. ARM, qui a décidé de concevoir de puissantes puces pour serveurs et commutateurs, est plus optimiste. La firme note que certains serveurs n'ont besoin que d'une poignée de programmes pour travailler, comme la stack LAMP (Linux, Apache, la base de données MySQL et PHP). 

Illustration principale : plaque de coeurs Atom, crédit photo Intel

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Linley Gwennap estime que les processeurs ARM pourraient tout à fait jouer un rôle dans les datacenters. Ils sont susceptibles d'être d'abord utilisés par les fournisseurs de services Internet et pour certains usages dans les entreprises. «Il est clair que le logiciel est un gros obstacle, mais certains clients sont prêts à travailler avec ça», précise-t-il. « Cela va prendre du temps, mais si ARM réussit à s'installer dans les centres de calcul, puis à migrer dans les entreprises, il peut y avoir un certain élan ».

Un porte-parole d'Intel a noté que HP vend un serveur multimédia familial avec 
un processeur Atom, mais Intel n'a « pas de nouvelles à annoncer » concernant l'arrivée de puces Atom pour les centres de calcul, a-t-il indiqué. Il a également souligné que Google et Microsoft ont, dans le passé, indiqué leurs préférences pour des processeurs plus puissants. « Nous sommes très satisfaits des dernières solutions multicoeurs, et nous pensons que, pour améliorer le design et la performance des processeurs, la course au toujours plus petit n'est pas forcément la meilleure solution », écrivait d'ailleurs Google, une note de synthèse l'an dernier. 

Réduire la consommation globale des datacenter

Mais Dileep Bhandarkar affirme de son coté qu'il y a une baisse des rendements lorsque les puces multi coeurs montent en fréquences. Microsoft prête une attention particulière à la performance par watt pour un dollar au moment de sélectionner son matériel, et les gains en performance des dernières puces ne compensent pas assez l'augmentation de la consommation d'énergie. « Donc, pour beaucoup de nos configurations, nous avons généralisé l'usage de puces quatre coeurs » conclut-il. 

Chez Microsoft, les processeurs ne sont toutefois qu'une partie de l'équation de l'efficacité énergétique. L'éditeur essaie de considérer ses datacenters dans une approche globale avec un cahier des charges très stricte à destination des constructeurs. La firme a par exemple installé des serveurs sans ventilateurs en optimisant l'agencement des racks dans les armoires. Microsoft demande également à ses fournisseurs des serveurs sans lecteur de CD ou DVD, avec moins de slots DIMM et de ports PCI, et des alimentations électriques répondant aux normes Gold et Platinium de l'Initiative Climate Savers.