« On ne sait pas se battre contre ça. » Julien Musso, directeur marketing de NSP, éditeur français d'une solution d'analyse de statistiques de fréquentation des sites Web, ne cache pas son désarroi face à la concurrence de plus en plus pressante de Google Analytics. Qui l'a conduit à assigner l'éditeur américain devant le tribunal de commerce de Paris pour pratiques anticoncurrentielles. Elaborée à partir du rachat d'Urchin en 2005, et proposée gratuitement, la solution d'analyse de Google a sensiblement modifié l'environnement concurrentiel du secteur. « Nous avons de grosses difficultés quand nous approchons de nouvelles entreprises, explique Julien Musso. Elles ne veulent pas payer pour quelque chose que Google propose gratuitement. Et certains clients qui avaient des besoins plus limités sont allés sur Google Analytics. » Les clients de NSP seraient démarchés Proposer un service gratuit, financé par la publicité, est un modèle économique valable ; Julien Musso le reconnaît, tout en précisant que Google Analytics ne correspond pas à ce cas de figure. « Google ne finance pas Google Analytics par la publicité, au contraire de Xiti, par exemple, un de nos concurrents en France : Xiti propose un module gratuit, moyennant un échange de visibilité. Mais dans le cas de Google, il y a juste une volonté affichée de prendre des parts de marché ; certains de nos clients ont même été contactés, il y a un démarchage actif. » [[page]] Pour une petite société comme NSP (5 personnes en tout, environ 200 000 euros de chiffre d'affaires), s'attaquer publiquement à Google peut aussi passer pour une volonté d'assurer sa publicité à moindres frais. « Dans tout autre secteur d'activité, cela paraîtrait tout à fait normal, se défend Julien Musso. Le droit français existe, il faut le respecter. » Autre argument avancé : l'action de NSP participerait aussi de la défense du consommateur. « Google collecte des informations dont on ne sait pas vraiment ce qu'il en fait, avance Julien Musso. Et je rappelle qu'aux Etats-Unis, depuis le Patriot Act passé après le 11 septembre, le gouvernement peut aller voir toutes les informations stockées sur des serveurs aux Etats-Unis. » Google explique être ouvert à tous, gratuitement et librement Cet aspect ne sera pas pris en compte par le tribunal de commerce, néanmoins il n'est jamais inutile de rappeler que les services gratuits ont des politiques de confidentialité liées à l'utilisation des données parfois un peu floues. Google vient juste de préciser la sienne. La première audience aura lieu le 11 Septembre 2008. Le service de relations publiques de Google fait savoir de son côté « qu'il n'est pas dans les habitudes de Google de commenter les affaires en cours ». Et précise que « Google Analytics est une offre gratuite utilisable par tous, mais qu'il existe aussi une offre payante, toujours appelée Urchin, pour des entreprises ayant des besoins plus avancés ».