Lors de l'Open Networking Summit (ONS) SDN qui s'est déroulé la semaine dernière à Santa Clara, Californie (15-17 avril), IBM, cofondateur avec Cisco du projet OpenDaylight destiné « à apporter un cadre Open Source au Software-Defined-Networking afin de stimuler le développement d'applications SDN », a voulu rassurer sur les intentions et les buts du consortium.

En effet, parce que ce dernier est composé d'un grand nombre d'acteurs qui ont beaucoup à gagner ou à perdre avec le SDN, certains se demandent si le projet n'est pas un alibi pour limiter l'élan et l'impact du SDN. D'autres pensent également que le groupe veut offrir un standard alternatif à celui de l'Open Networking Foundation (ONF), fervent partisan du protocole OpenFlow auquel Cisco est particulièrement opposé. L'ONF, qui fait la promotion du SDN et de ses technologies sous-jacentes, compte plus de 70 membres. Elle a été créée à l'initiative de gros utilisateurs réseaux comme Deutsche Telekom, Facebook, Google, Microsoft, Verizon et Yahoo. « Nous avons été submergés de questions, mais nous avons entendu aussi beaucoup de fausses informations », a déclaré Inder Gopal, vice-président de l'activité réseau chez IBM, pendant son discours à l'ONS.

« L'objectif du groupe OpenDaylight est de définir un framework SDN commun pour l'industrie », a-t-il ajouté. Et même si le travail du consortium se déroule sous les auspices de la Fondation Linux, le projet « n'a rien à voir avec Linux », a-t-il poursuivi. « Il ne fonctionnera pas exclusivement sous Linux », a encore affirmé le dirigeant. «La Fondation Linux a une expérience inestimable en matière de projets Open Source et sa réputation n'est plus à faire ». Ajoutant que « OpenDaylight sera disponible sous licence publique Eclipse au troisième trimestre de cette année ».

Rassurer sur les intentions

L'ambition du projet est d'inclure un contrôleur SDN, des extensions d'API propriétaires avec des interfaces northbound et southbound - OpenFlow compris - et des protocoles est-ouest pour fédérer les contrôleurs entre eux. Les membres contribuent en donnant de l'argent, en fournissant des développeurs, en livrant de la propriété intellectuelle et du code. « L'objectif, c'est vraiment le code, c'est de contribuer à l'écriture de code Open Source », a répété Inder Gopal, ajoutant qu'à sa connaissance « aucun autre projet Open Source n'avait suscité, au départ, autant d'intérêt et de participation de la part d'un groupe d'acteurs aussi différents ».

L'une des diapositives de la présentation du responsable pose abruptement la question : «  Quelle est notre véritable intention ? Honnêtement, il n'y a pas de piège ! » Selon Inder Gopal, « le groupe pense que le projet sera bénéfique pour l'industrie ». Ajoutant : « Vous nous jugerez sur nos actes. Le processus sera très ouvert et participatif. Il ne sera pas influencé par les intérêts des fournisseurs. Le travail sera mené de manière transparente. Le bien-fondé des décisions primera sur tout autre chose et en particulier sur les tiraillements politiques ou les intérêts commerciaux ».

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Ces derniers points suscitent les plus fortes préoccupations sur le projet OpenDaylight, à savoir, qu'il serve à imposer la technologie d'un ou de fournisseurs particuliers comme standard pour la mise en oeuvre du SDN. « L'un des atouts du framework OpenDaylight c'est qu'il peut accélérer l'adoption du SDN », a affirmé Indar Gopal. Selon lui, un certain nombre de clients potentiels ne sont pas pressés de se lancer dans le SDN «  à pied joint » parce qu'ils estiment que la technologie n'a pas encore fait ses preuves. « Le framework va obliger les acteurs à innover, il va favoriser l'interopérabilité entre fournisseurs, et l'adoption des API via une plate-forme logicielle « largement reconnue», l'accès rapide aux nouvelles technologies et empêcher le lock-in », a ajouté le responsable. « Pour les clients, l'Open Source est une garantie contre le verrouillage », a-t-il encore affirmé.

Un gros effort sur le code

« Le but est de développer le code des composants communs essentiels à la mise en place d'un SDN », a déclaré Inder Gopal, « Il s'agit de produire du code. Les fournisseurs utiliseront le code OpenDaylight dans leurs produits commerciaux en ajoutant au-dessus, en dessous et autour du framework une couche personnalisée. Il y aura également une communauté de contributeurs de code et de fournisseurs », a-t-il dit. « Le choix du code qui se retrouvera dans le framework dépendra de sa qualité », a déclaré Indar Gopal. « S'il est reconnu comme code Daylight, il restera un code Daylight. Le meilleur code gagnera ». Actuellement, c'est un comité de pilotage technique OpenDaylight qui sélectionne les contributions afin de déterminer les bases du framework.

« Les sceptiques devraient laisser un peu de temps au processus », a suggéré Inder Gopal. « Revenez dans deux ans et vous pourrez juger sur pièce », a-t-il lancé, avant de conclure son discours par une diapositive affichant plusieurs questions ouvertes, comme « Pourquoi n'y a-t-il pas d'utilisateurs dans le consortium ? », ou encore « Comment travailler avec l'Open Networking Foundation et d'autres organisations qui planchent sur les standards SDN ? ».

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