Eric Besson ministre de l'économie numérique, a lancé le13 juillet dernier un appel à projets européens : « Open Data Proxima Mobile ». Les projets retenus devront développer des applications mobiles exploitant des données publiques à l'échelle européenne.

Reste que l'on est encore loin du but ne serait-ce qu'en France. Dans l'hexagone, le portail gouvernemental de données publiques « data.gouv.fr » ne sera disponible qu'à partir de la fin de l'année 2011. Et à entendre certains acteurs privés présents lors de l'intervention du ministre, il reste encore du chemin à parcourir avant de pouvoir accéder aisément à ces informations.

Doté de 200 000 €, l'appel subventionnera une douzaine de projets d'intérêt général pour les citoyens de l'Union européenne. Ces projets doivent utiliser des jeux de données publiques issus d'organismes européens. En France, le portail data.gouv.fr mettra à disposition librement des données brutes dans un format exploitable et développera, à partir de certaines de ces données, de nouveaux services en ligne au profit des citoyens. Les dossiers de candidature peuvent être déposés jusqu'au 5 octobre 2011 sur le site de Proxima Mobile.

Sur le fond, ce volontarisme d'Eric Besson semble avoir pour objectif de pousser les usages afin d'accélérer la diffusion des données publiques les plus intéressantes. Pour Sévrin Naudet directeur Etalab en charge du portail data.gouv.fr : « l'objectif est que les acteurs privés aillent regarder ce qui se fait dans les autres pays en Europe. Si les acteurs privés ne trouvent pas de données, il faut nous le dire. » Il ajoute que c'est dans cette optique que des ateliers de travail sont organisés par Etalab afin de partager les retours d'expériences.

Des applications gratuites et sans publicité

Quant au ministre, il insiste, « les applications sélectionnées [dans le cadre de l'appel à projets européens] seront gratuites pour les utilisateurs finaux et dépourvues d'annonces de publicité ». Bernard Benhamou, délégué aux usages de l'internet et en charge du portail Proxima Mobile, également présent, ajoute que pour qu'une application soit subventionnée elle devra aussi être ergonomique et simple d'utilisation. Pour lui, les entreprises privées doivent voir dans l'Open Data une opportunité de se développer à l'international - l'application du Musée du Louvre en est un bon exemple - mais aussi de construire une communauté - l'application de covoiturage Comuto.

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Eric Besson revient sur les motivations du gouvernement à s'engager dans l'ouverture des données publiques : « d'une part il faut renforcer la transparence de l'action de l'Etat et rapprocher les services publics des usagers. D'autres part cela constitue un facteur d'innovation et un enjeu de compétitivité économique et scientifique ». Concrètement, le gouvernement donne plusieurs exemples d'applications proposant des services fondés sur des données publiques mais avec une valeur ajoutée que seuls des acteurs privés peuvent apporter. « La mise à disposition du plan du métro permettrait l'émergence d'un réseau social des usagers qui pourraient s'informer sur les éventuels incidents ou formuler des commentaires sur les artistes qui s'y produisent » illustre Eric Besson. C'est un créneau sur lequel se positionne CheckMy!Metro, mais cette start-up rencontre encore des difficultés pour obtenir les plans et les horaires des métros. 

Ouvrir l'accès pour progresser

Cette démarche vers l'Open Data est fortement encouragée par quelques économistes. On citera David Thesmar, auteur de « La Société translucide - Pour en finir avec le mythe de l'Etat bienveillant », paru en mai 2010, qui souligne tout l'intérêt de l'exploitation de ces masses de données entassées par les organismes publics. Coïncidence, il s'exprimait lors d'un déjeuner organisé par la DFCG (Association des Directeurs Financiers et des Contrôleurs de gestion), le mardi 12 juillet, veille de la conférence de Eric Besson. « L'usage de ces données ne va pas tout résoudre, mais cela permettra de progresser » dit-il, dans un univers qui aura pâti fortement de l'opacité comme lors de la crise des subprimes.

Les données publiques permettront d'ouvrir à des intervenants extérieurs à un domaine, tels que des statisticiens, des journalistes ou des experts, un tas d'informations permettant d'apprécier l'état d'un marché ou les résultats d'une politique publique, comme la mise en place de la vidéo-surveillance, par exemple.

Il cite alors l'exemple de la CNAM (Caisse Nationale d'Assurances Maladie) qui détient les enregistrements sur les parcours médicaux des Français. « Traiter toutes ces données permettrait de connaître l'efficacité des médicaments, en particulier lorsqu'ils sont employés avec d'autres traitements et donc de connaître l'impact des interactions, ce à quoi les laboratoires privés n'ont pas accès puisqu'ils ne suivent habituellement lors des tests que leur propre molécule ».

Or, ces données sont jalousement contrôlées par la CNAM, qui complique à outrance les modes d'accès à ces informations. Récemment toutefois, un monsieur Open Data aura été nommé avec comme tâche de faciliter les accès à ces données. De quoi lancer réellement le mouvement pour tirer le meilleur de ces masses d'informations.