Massive porte blindée de 50 tonnes, multiples contrôles... Le décor ne trompe pas. C'est bel et bien dans un ancien bunker militaire suisse que Radix Technologies a décidé d'installer son datacenter. Il faut dire que le marché des centres de calcul, principalement au sein d'ancien bunker, est en plein essor en Suisse. Et si dans un premier temps le lieu, qui peut résister à une attaque nucléaire de 20 mégatonnes, peut paraître démesuré pour une telle installation, Stephan Grouitch, PDG de Itecor, se félicite du choix d'un tel cadre. Selon lui, les compagnies hébergeant des données ultra sensibles seraient de plus en plus demandeuses de sécurité en terme d'attaque physique. "Nos clients s'intéressent de très près à la problématique d'une hypothétique attaque physique visant leurs données" déclare-t-il. "Grâce à cette infrastructure, je pense qu'il n'ont a plus rien à craindre" poursuit-il.



Eloignée des grandes villes, l'installation, qui peut paraître exagérément excentrée, possède l'avantage de ne pas être exposée aux même risques que les datacenters situés en ville comme celui de Capgemini à coté du Stade de France et du canal à St Denis. "En cas de catastrophe naturelle ou d'attaque humaine, une trop grande proximité des centres de stockage de données pourrait entraîner une perte massive de celles-ci", affirme l'équipe.
Et la position du centre n'est pas seulement un argument de sécurité. Situé à seulement un kilomètre du principale noeud européen, par lequel converge près de 75% du trafic nord/sud, la position géographique du datacenter présente aussi un gage d'efficacité.

Un centre dédié aux grandes entreprises

Dans cet antre souterrain de plus de 15 000 mètres carré dont les deux tiers devraient à terme être utilisés comme zone d'exploitation, près de 25 clients sont pour le moment hébergés grâce à plus de 125 serveurs. "A l'heure actuelle, nous pourrions stocker les données de centaines de clients", explique Andrea Dossena, vice-président EMEA des marchés émergents et des activités partenaires, "mais nous avons pris la décision de ne fournir nos services qu'aux très grosses compagnies".
Parmi celles-ci, des financières, un géant du monde pharmaceutique ou encore le plus sérieux concurrent de Kaspersky. Impossible d'obtenir des noms, les données sont confidentielles. Pour faciliter la transition des entreprises ciblées vers le cloud, Radix utilise la plate-forme de cloud de CA Technologies, AppLogic, en tant que solution. "C'est un bon choix pour les entreprises en transition et qui ne veulent pas ou ne peuvent pas déplacer leur centre de données en dehors de leur établissement ou ne savent pas encore gérer leur infrastructure informatique en tant que cloud" déclare David Corriveau, directeur de Radix.

La "green technology" exploitée à son maximum

Ultra-sécurisé, le datacenter de Radix Technologies n'en est pas moins l'un des plus écologique qui soit. La consommation électrique provient en effet de 80 à 100% de l'énergie hydraulique pour puissance actuelle de 4 mégawatts, qui devrait sous peu atteindre les 9 mégawatts. Et si le besoin d'une puissance plus conséquente était amené à se faire ressentir, celle-ci pourrait être augmentée selon le besoin, le centre n'ayant pas à se plier aux restrictions des grandes agglomérations.
Du côté du refroidissement aussi, les moyens mis en place semblent on ne peut plus "green". Les chambres de serveurs sont maintenues à température grâce à la fraîche température du lieu et un double circuit d'échangeur de chaleur en acier chromé reliés aux gigantesques réserves d'eau souterraines du bunker permettent un refroidissement du système tout ce qu'il y a de plus naturel. Un atout certain en terme d'image pour les clients du centre, qui peuvent se convaincre des bon résultats écologique de leurs installations en utilisant un programme spécialement conçu pour gérer l'alimentation et les dépenses en énergie et baptisé EcoMeter. Résultat: les émissions en Co2 du datacenter sont en constante baisse.
Questionné sur le prix d'achat du lieu, Radix ne tient pas à s'exprimer. Toutefois, le prix de 1 millions d'euros circule. A ce dernier, l'entreprise aura ajouté 8 millions d'euros en réhabilitation.Â