La série noire se poursuit au Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines). Le site en est en désormais à son quatrième suicide, et la dernière victime est un informaticien. Il s'agit d'un technicien de 47 ans qui travaillait depuis trois ans au support informatique de production d'Assystem, pour le compte du Technocentre, et qui a mis fin à ses jours le mois dernier à son domicile. Selon nos confrères de La Tribune, qui citent une source syndicale de Renault, le salarié se serait dit surmené. Pour Emmanuelle Capiez, DRH d'Assystem, il est impossible à ce stade d'établir un lien entre le suicide de son collaborateur et les conditions de travail du centre d'ingénierie de Renault. « C'était un salarié apprécié par son entourage professionnel et son management, qui était bien intégré dans l'entreprise, indique la DRH. Ses entretiens d'évaluation faisaient apparaître un ressenti positif sur son intégration, son positionnement, la politique de la société et son manager. » Autant d'éléments qui ne pouvaient laisser présager un tel événement. En réaction à cette annonce, la DRH a organisé, dans les jours qui ont suivi le drame, une réunion extraordinaire avec le CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) afin d'analyser les faits et avoir un premier échange plus large autour des conditions de travail. Suite à cette réunion, la direction du groupe confirme sa volonté d'engager des actions en coordination avec les partenaires sociaux et notamment les CHSCT sur les mesures à mettre en place en vue de prévenir toute forme de mal être au travail. [[page]] Le rapport sur les risques psychosociaux au travail remis à Xavier Bertrand De son côté Renault a notamment souligné qu'un certain nombre de mesures avaient été prises depuis un an, dont « la mise en place d'un DRH à part entière dont la mission est de s'occuper des conditions de travail au Technocentre ». Hasard du calendrier, ce suicide intervient au moment de la remise d'un rapport remis à Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, sur les risques psychosociaux au travail. Ce rapport sur « la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail » a donné lieu à neuf propositions d'actions concrètes pour prévenir le mal-être en entreprise. Le ministère du Travail souhaite notamment rendre obligatoires des négociations sur le stress dans les branches où le phénomène est le plus marqué. Une initiative qui semble utile à l'heure où le stress touche les salariés des services informatiques : les rapports des médecins du travail d'IBM France, par exemple, ont déclaré, pour la seule année 2006, 29 dépressions, 9 cas d'épuisement mental ('burns-out'), un suicide reconnu en maladie professionnelle et 206 urgences. En 2007, au cours des 6 premiers mois, 19 dépressions, 2 'burns-out' et 116 urgences ont également été comptabilisés chez IBM.