Le monde professionnel est à la traîne du grand public en ce qui concerne les usages des NTIC. Chacun le ressent dans son quotidien, mais cette fois, une enquête commanditée par Microsoft France, et dévoilée à l'occasion des Techdays, vient le confirmer. « Avec 63% des foyers équipés d'au moins un ordinateur, la majorité des collaborateurs sont plus et mieux équipés à domicile que sur le lieu de travail : ordinateur plus puissant, équipement technologique plus avancé, logiciels plus récents, plus grande liberté de communication et d'accès à l'information... » L'enquête quantitative a été confiée à l'Ifop, qui dit avoir mené des entretiens en face à face avec quelque 2000 personnes, puis isolé une population d'un millier d'actifs (et actuellement employés) auprès de qui le sondage en ligne a été effectué. Nonobstant les biais (approximations, lacunes...) inhérents à ce genre d'exercice, il en ressort que « près d'un actif sur deux utilise un ordinateur au travail, soit 12 millions de personnes en France ». Prenant ce résultat pas l'autre bout, Marc Jalabert, directeur du marketing et des opérations de Microsoft France, ajoute que « si 13,8 millions d'actifs n'utilisent pas un ordinateur au travail, 9 millions d'entre eux en utilisent un à la maison ». Ce qui lui fait dire que si les Français ne sont pas en retard dans leur compréhension des bénéfices des nouvelles technologies, le monde de l'entreprise est en retard, qu'il s'agisse des PME, souvent sous-informatisées, ou des grands comptes qui tardent à appréhender le phénomène des 'digital natives'. Les actifs passent 4h30 par jour à utiliser les nouvelles technologies Quant aux actifs équipés au bureau, l'étude indique qu'ils « passent 4h30 par jour à utiliser les technologies de l'information et de la communication dans leur travail ». Un temps réparti entre le travail sur du contenu (2h40), la collaboration (1h20) et la gestion des plannings (30 minutes). A noter une grande révélation de l'étude : les actifs qui communiquent le plus sont des hommes. Explication de texte de Marc Jalabert : « Dans le monde du travail, les hommes ont souvent des postes plus élevés, de management, que les femmes, et la communication fait partie du boulot de management. » La liste des outils technologiques les plus utilisés comporte le courriel (96% des réponses), les moteurs de recherche Internet (93%), les traitements de texte (89%), les tableurs (82%), les logiciels de présentation (66%), mais aussi le fax (82%) et surtout le téléphone fixe (97% des réponses). Un palmarès qui contraste fortement avec celui des usages personnels, où les appareils photo numériques et téléphones mobiles dépassent les 80%, où le recours à la messagerie instantanée atteint les 50% (contre 36% dans l'univers professionnel), et où l'activité sur les réseaux sociaux et les blogs représente en moyenne un quart des réponses, contre une moyenne de 15% dans l'univers professionnel. Deux grands catégories d'utilisateurs, les « faber » et les « ludens » [[page]] A partir de ces données, des consultants de Bearingpoint conduiront des entretiens dans des entreprises, pour approfondir les usages actuels. Il s'agira entre autres de voir si les managers ont bien conscience que « les technologies constituent le deuxième facteur d'attractivité d'une entreprise pour ses futures recrues ». Parmi les « ludens », l'étude distingue quatre profils Outre Bearingpoint, Microsoft s'est entouré des cabinets AddedValue et Eranos pour établir une analyse qualitative et en tirer des profils sociologiques. Dès lors, on entre dans l'univers du concept latinisant et des anglicismes superfétatoires. Analyse d'Eranos : « On peut distinguer deux grands schémas mentaux qui coexistent dans le monde de l'entreprise aujourd'hui qui permettent de rendre les attitudes plus lisibles : d'un côté, on trouve des profils "Faber", orientés sur le 'faire', le travail individuel et de l'autre, des profils plus "Ludens ". Ces derniers se caractérisent par une culture du social et de la collaboration, des relations d'égal à égal, la connectivité. Ils revendiquent facilement un comportement et une psychologie de jeune, plus immédiate et ludique. » AddedValue ajoute de son côté une segmentation des « Ludens » : les « Digital creators » (créateurs de contenu numérique), censés travailler « dans des agences de communication ou à la communication » ; les « Information flow obsessed » (obsédés des flux d'information), dont l'institut explique qu'ils veulent travailler « plus vite et en équipe », et qu'ils « sont cadres et leur métier requiert de l'analyse » ; les « net com workers » (travailleurs en réseau), « très engagés dans les réseaux sociaux », « commerciaux et jeunes cadres » ; enfin les « techno followers », pour qui « il faut que ça marche et que ça soit facile à utiliser », qu'on retrouve « en particulier aux postes d'assistants ». Un site Web regroupera toutes les informations de cette enquête au long cours : www.aucentredesusages.com.