Alors que les premiers contrats d'infrastructures tombent http://www.weblmi.com/daily/2001/0404/umts.htm, il s'avère difficile d'avoir des explications sur la réalité d'un réseau UMTS. Qu'il s'agisse de sa vitesse réelle, de la qualité de service ou du niveau du déploiement, les opérateurs restent muets et les équipementiers prudents.
Une gestion des ressources difficile
Contrairement au couple GSM/GPRS, l'UMTS administre simultanément et de manière indifférenciée voix et données. Le problème réside cependant dans la gestion des ressources. L'idéal théorique de 2 Mbit/s n'est pas pour demain. Paul-Henri Ferrand, directeur général de Nokia Networks France explique que "dans un premier temps les débits seront de 144 kbit/s (contre 40 à 50 au mieux pour le GPRS, ndlr) avant de passer à 384 kbit/s puis 2 Mbit/s en 2003 pour quelques services". Cependant Philippe Keryer, président marketing de l'infrastructure mobiles chez Alcatel, est beaucoup moins optimiste. Il estime qu'il sera impossible en mode FDD (Frequency Division Duplex, qui alloue une fréquence au trafic descendant et une autre au trafic montant) donc pendant les premières années de l'UMTS, d'avoir de tels débits et parle plutôt de 384 Mbit/s.
Le 3GPP, institut de normalisation de l'UMTS, a donné un certain nombre de scénarios de référence qui associent chaque débit (2 Mbit/s, 384 kbit/s ou 60 kbit/s) à un type de service. Mais impossible de connaître ceux que choisiront les opérateurs. Chez Cegetel, on se refuse même à tout commentaire sur la technologie UMTS.
Quoiqu'il en soit, Les débits constatés dépendront du dimensionnement du réseau par les opérateurs mais aussi de la capacité des terminaux à les supporter et de la localisation des utilisateurs. Ces derniers devront demeurer immobiles à quelques centaines de mètres de l'émetteur pour obtenir un débit optimal.
Plus de bascules brutales
Par ailleurs, avec le GSM, il peut exister plusieurs connexions radio, mais la communication n'est relayée que par une station de base, d'où des coupures de communication lors du passage d'une cellule à l'autre. Les terminaux UMTS supporteront jusqu'à six liaisons radio avec des stations de base différentes. Chacune d'entre elles peut alors capter les signaux de transmission de données du terminal mobile (technologie soft handover) et les faire suivre à un RNC (Radio Network Controller). Ce dernier reconstitue la communication en choisissant le signal qui dispose de la meilleure qualité.
Le support d'IPv6 devra attendre
Concernant les connexions à Internet, une zone d'ombre assez importante demeure quant à l'utilisation d'IPv6. Ce protocole réseau est destiné à remplacer IPv4 pour pallier leur explosion, mais l'institut de normalisation 3GPP doit d'abord développer une architecture de sécurité pour pouvoir utiliser IPv6 dans des réseaux UMTS. Les premiers réseaux seront donc déployés en IPv4.
L'UMTS mieux partagée que le GSM
En terme d'infrastructure, si le GPRS n'est qu'une évolution de la norme GSM, l'UMTS constituera, au contraire, une remise à plat de l'ensemble du réseau de téléphonie mobile. En Europe, il reposera sur la technologie radio W-CDMA (Wideband Code Division Multiple Access, accès multiple par répartition de code large bande) en lieu et place de TDMA (Time Division Multiple Access) utilisé pour le GSM.
CDMA permettra le codage intrinsèque des données, donc l'utilisation intégrale du spectre, et non la division de la fréquence en unité de temps allouée à chaque utilisateur d'une même base.
Un déploiement au secret
Enfin, côté déploiement, les contrats de construction d'infrastructures se multiplient sans que l'on en connaisse la teneur réelle. Selon Paul-Henri Ferrand, "on évalue à 20 000 le nombre de sites W-CDMA nécessaire pour couvrir 100% du territoire, contre 13 000 sites pour un réseau GSM. 4 000 sites devraient être en place et 50% de la population concernées d'ici à 2003". Il admet cependant que "le déploiement des infrastructures pour les sites les moins rentables en terme de retour dépendra du fonctionnement des premiers services".