Les formats Flash utilisables sans restriction et le lecteur diffusable sans royalties : voilà les principales inflexions de la stratégie d'Adobe pour s'imposer dans les appareils mobiles. L'éditeur a pris conscience de la nécessité de proposer une expérience utilisateur unique pour les contenus riches quelle que soit la plateforme utilisée par l'internaute. Et n'allez pas dire que cette nouvelle politique d'Adobe a été aiguillonnée par l'apparition d'une version mobile de Silverlight et l'accord entre Microsoft et Nokia. Pour Frédéric Massy, directeur marketing Europe de l'Ouest d'Adobe, il s'agit simplement de suivre l'évolution du marché : « Flash est présent sur 98% des ordinateurs personnels Mac et Windows, dit-il. Or aujourd'hui, il y a davantage d'appareils mobiles connectés que de PC. » Cette stratégie d'uniformisation est la suite logique d'une réorganisation intervenue quelques semaines plus tôt, explique de son côté Kevin Lynch, directeur technique d'Adobe, qui a regroupé les équipes de développement desktop et mobile en une entité unique qu'il dirige : Experience and Technology Organization. Pas d'Open Source, mais des protocoles et API ouverts Concrètement, Adobe publiera les spécifications de l'API de son Flash Player (pour en simplifier le portage), ainsi que les protocoles de Flash Cast (interface pour délivrer des services via un portail sur mobile) et AMF (format du langage ActionScript), annulera les restrictions sur l'utilisation des formats Flash (SWF et FLV/F4V) et éliminera les royalties sur les prochaines versions du Flash Player et du lecteur AIR (son offre d'application Internet riche). Pas de standardisation ni de mise en Open Source dans l'immédiat, donc. « Nous sommes un peu dans la situation que nous avons connue il y a quelques années avec PDF », commente Frédéric Massy. [[page]]L'ouverture de PDF a été progressive, et le format n'a été soumis à l'ISO que quand Adobe a jugé que son évolution devenait marginale. « On n'en est pas encore à ce niveau de maturité pour Flash. » Ces annonces font partie d'une initiative plus globale intitulée Open Screen Project, à laquelle sont conviés les fabricants d'appareils mobiles, les opérateurs, les fournisseurs de contenu, etc. Ont déjà répondu à l'appel, notamment, les opérateurs japonais NTT DoCoMo et taiwanais Chunghwa Telecom, et les industriels Nokia, Sony Ericsson, Samsung, Motorola et LG. Adobe espère que cette alliance inclura aussi des opérateurs européens. « C'est un écosystème excessivement complexe, note Frédéric Massy, particulièrement en Europe. » Un milliard de mobiles équipés de Flash Lite d'ici à 2009 Adobe comptabilise aujourd'hui 500 millions d'appareils embarquant sa technologie Flash Lite. Et il estime que fin 2008 ou début 2009, ce nombre devrait doubler. D'ici là, le projet Open Screen aura peut-être aussi abouti à un système de mise à jour automatisée des lecteurs Flash sur les mobiles, pour éviter les désagréables écrans noirs. « C'est très important », confirme Kevin Lynch, qui reconnaît : « Nous ne pouvons faire cela tout seuls. » Apple, qui refuse pour l'instant de voir Flash Lite s'installer sur l'iPhone, le jugeant trop léger justement, ne fait pas partie de la liste des partenaires. Cette annonce favorisera-t-elle un rapprochement ? « La balle est avant tout chez Apple, répond Frédéric Massy. Il n'y a rien de spécifique lié au lancement de ce projet. Mais le fait de fédérer plusieurs acteurs pourrait jouer... »