( Source EuroTMT ) Longtemps présentée comme un secteur résistant à la crise économique, la téléphonie mobile a, en fait, connu une année 2009 plutôt difficile. Tout au moins en Europe. Dans une étude consacrée au secteur dans les 30 pays de l'OCDE (dont Allemagne, Australie, Canada, Corée, Etats-Unis, France, Japon, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, ...), le cabinet Wireless Intelligence souligne en effet que pour contrer les effets de la récession, les opérateurs ont massivement réduit leurs dépenses opérationnelles et leurs investissements. Premier enseignement de cette étude : les revenus de la téléphonie mobile devraient rester quasiment stables, dans les trente pays OCDE, en 2009 : ils s'établiraient à 408 milliards d'euros, contre 411 milliards en 2008. Cette stabilité cache pourtant des évolutions divergentes du secteur entre l'Europe et l'Amérique du Nord. Le marché se porte mieux en Amérique du Nord En Amérique du Nord, les opérateurs connaissent une situation florissante : le cabinet Wireless Intelligence estime qu'ils devraient enregistrer une croissance de 4,3 % à 135 milliards d'euros. En revanche, en Europe, la situation est toute autre : les revenus des opérateurs devraient diminuer de 4,3 %. Le recul pourrait atteindre 5 % dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, l'Espagne ou l'Autriche, voire dépasser les 10 % en Europe centrale (Pologne, République tchèque). Cette baisse de revenus en Europe est un constat que partagent bon nombre d'analystes financiers. Ainsi, dans une étude récente sur la téléphonie mobile en Europe, la banque UBS soulignait que la décroissance des revenus du secteur s'accélérait : la baisse s'établissait à 0,9 % au premier trimestre, puis passait à 1,7 % au deuxième trimestre, et s'établissait à 2,7 % à fin septembre. [[page]] Dans cette descente, l'étude confirme cependant l'exception française. Le rythme de la croissance s'est affaibli cette année mais le secteur progressait néanmoins de 2 % (en rythme annuel) à l'issue du premier semestre, selon l'Arcep. Et à l'issue du troisième trimestre, France Télécom annonçait une croissance de 3,9 % de ses revenus mobiles en France et le chiffre d'affaires de Bouygues Télécoms grimpait de 5 %. Seul SFR enregistrait une légère baisse (- 0,5 %). Qui dit environnement difficile, dit serrage de ceinture chez les opérateurs mobiles. Toujours selon Wireless Intelligence, leurs coûts opérationnels sont passés en un an de 63% à 60% de leurs revenus au troisième trimestre 2009. Même évolution pour les dépenses d'investissement : elles sont tombées à 10 %, contre 14 % un an plus tôt. Ces gestions serrées ont eu pour effet de maintenir la marge d'Ebitda à 33 %, et se sont traduites par un effet positif sur le niveau des cash-flows opérationnels : ils représentaient 22 % des revenus, contre 20 % l'an dernier. Mais le cabinet Wireless Intelligence s'inquiète aussi des effets à moyen terme de ces politiques restrictives. Les investissements ne suivent pas les besoins des clients En effet, les opérateurs doivent investir dans leurs réseaux pour améliorer la couverture 3G et supporter le développement des nouveaux services gros consommateurs de bande passante. Or, dans de nombreux pays européens, ces investissements ont été réduits, cette année, au strict minimum et de nombreux opérateurs (comme O2 UK) reconnaissent être confrontés à un problème de saturation dû à l'explosion du trafic de données. Ces investissements, ils ne vont plus pouvoir les reporter longtemps. Seul problème : les opérateurs, notamment européens, sont confrontés à une chute de leurs revenus voix, alors que les pressions réglementaires s'accroissent. Et personne n'est capable, aujourd'hui, d'affirmer que la donnée sera, un jour, rentable. Si l'année 2009 a été difficile, l'année 2010 recèle donc de nombreux dangers pour les opérateurs, leur modèle économique étant manifestement en bout de course.