L'année 2009 peut être considérée comme très bonne pour le groupe Iliad dans un contexte de crise. Le chiffre d'affaires est en progression de près de 25% et l'EBITDA affiche une progression de 26% pour atteindre 661,4 millions d'euros. Elément important, car cette somme servira à autofinancer le déploiement de la fibre optique. Iliad a confirmé son intention d'allouer 200 millions d'euros en 2010 pour déployer son réseau. Maxime Lombardini, directeur général de Free, a souligné «cet investissement devrait d'ici le deuxième semestre 2010 concerner la « verticalité » du déploiement (c'est-à-dire dans les immeubles) et non plus uniquement dans « l'horizontalité » (c'est-à-dire dans les égouts ou dans les tranchées) ». L'investissement total dans la fibre optique est toujours estimé à 1 milliard d'euros et le nombre de prises raccordables estimé à 4 millions à l'horizon 2012.

Des risques d'augmentation des forfaits à la fin de l'année

Toujours dans les chiffres, les dirigeants d'Iliad ont insisté sur le travail réalisé autour d'Alice, acquis en 2008 et qui après beaucoup d'efforts, réduction drastique de salariés, uniformisation du système d'information et rationalisation des offres commerciales, participe aujourd'hui à hauteur de 24 millions d'euros  à l'EBITDA du groupe. Mais le DG de Free ne se satisfait pas du taux de churn (désabonnement) d'Alice, trop important (supérieur à 2% par mois) et souhaite le stabiliser. Sur les abonnés Free, le FAI a recruté 389 000 abonnés en 2009 et dispose d'une part de marché de 23%. Le revenu moyen par abonné est de 36,6 euros par mois sur le 4ème trimestre.  Le FAI compte toujours séduire 5 millions d'abonnés d'ici 2011, dont 90% en dégroupage. Interrogé sur les plaintes déposées par l'UFC-Que Choisir notamment sur les conditions générales de vente, Xavier Niel, fondateur d'Iliad a estimé que « les actions de l'UFC (comme vouloir une facture papier par exemple) plus les taxes que le gouvernement imposent aux opérateurs feront que d'ici à la fin de l'année, le prix du triple play augmentera de l'ordre de 5 euros pour les nouveaux abonnés » et d'expliquer par la suite que « les taxes affecteront de 3 à 4 euros la facture des abonnés ».

 

Illustration Xavier Niel, vice-président du conseil d'administration, directeur général délégué à la stratégie

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La grande ambition du mobile

Thomas Raynaud, directeur financier d'Iliad a souligné « le faible endettement du groupe par rapport à ses concurrents et la génération d'une trésorerie de 376 millions d'euros, dont 240 ont servi à payer la licence pour devenir opérateur de téléphonie mobile ». Sur ce marché, Xavier Niel estime que les offres de Free Mobile interviendront au début 2012 et prévoit 1 milliard d'euros d'investissements pour avoir une couverture nationale. 200 millions d'euros vont être affectés pour construire ce réseau entre 2010 et 2011. D'ici là, pas question de signer un accord de MVNO de transition, « nous voulons être maître de notre réseau » affirme Xavier Niel. Pas de difficultés prévues a priori sur les points hauts « depuis 3 ans, nous avons dialogué avec les prestataires qui ont déjà déployés 3 réseaux et nous avons une bonne base de données des points hauts ». Les accords d'itinérance sont en discussion et « cela intéresse beaucoup les trois opérateurs, car ils permettent de compenser la baisse des parts de marché » déclare Maxime Lombardini. Le groupe travaille aussi sur les femtocell pour étendre sa couverture mobile en intégrant les puces probablement dans les Freebox. Pour rappel, Free Mobile a sélectionné principalement Nokia Siemens Network et de manière secondaire Alcatel-Lucent comme équipementiers. Le fondateur d'Iliad a émis des doutes sur les offres quadruple play (fixe+internet+télévision+mobile), lancées récemment par SFR, Bouygues Telecom et prochainement Orange, « il s'agit de faux-semblant et on commence à voir des résiliations d'abonnés à ces offres pour venir chez Free ».

Au final, avec un taux de churn de moins de 1% par mois, un coût d'acquisition par abonné très faible, un Arpu en progression, la génération d'une trésorerie capable d'autofinancer la fibre optique, une forte ambition dans la téléphonie mobile, Thomas Raynaud résume « Iliad n'est pas un opérateur assailli, mais il dispose de beaucoup d'armes face à la concurrence. »