ARM a livré les designs de ses deux premières puces graphiques Mali, dont une version 16-coeurs qui permettra d'ajouter des capacités graphiques haut de gamme, comme l'édition vidéo et le contrôle gestuel, aux smartphones et aux tablettes. La puce Mali-T760, la plus performante des deux, est aussi la plus puissante puce GPU conçue par ARM à ce jour. Elle devrait équiper des terminaux dont le prix dépasse les 350 dollars, a déclaré ARM hier. Par rapport au design de sa précédente puce graphique, ARM a doublé le nombre de coeurs tout en diminuant sa consommation d'énergie. Ce résultat a été obtenu en partie en réduisant de moitié la quantité de bande passante nécessaire pour déplacer les données dans et hors de la mémoire, a expliqué ARM. Si bien que le traitement graphique est meilleur, mais n'affecte pas l'autonomie.

Pour la première fois également, ARM a livré une puce GPU Mali-T720 destinée à des terminaux milieu et bas de gamme. Celle-ci prend en charge la version 3.0 de l'interface de programmation graphique OpenGL ES devenue incontournable sous Android. Avec cette puce T720, les fabricants de terminaux mobiles bon marché vont pouvoir faire tourner leurs appareils avec les dernières versions de l'OS mobile de Google, selon Trina Watt, vice-présidente des solutions marketing chez ARM. Aujourd'hui, la plupart des smartphones et des tablettes milieu et bas de gamme tournent en effet avec les anciennes versions d'Android.

Près de la moitié des tablettes Android ont des puces Mali

Comme on le sait, ARM ne fabrique pas de puces, mais vend ses designs sous licence. Le concepteur est surtout connu pour ses designs de processeurs Cortex utilisés dans la plupart des smartphones et tablettes, y compris l'iPhone et l'iPad d'Apple. Mais ARM est moins présent sur le front du processeur graphique, où il est largement devancé par Qualcomm et Imagination Technologies. Néanmoins, sa part augmente sur le marché des GPU pour mobiles. Elle se situe aujourd'hui autour de 18 %, selon le cabinet d'études Jon Peddie Research.

Près de la moitié des tablettes Android et environ un cinquième des smartphones vendus aujourd'hui utilisent des processeurs Mali, évalue Trina Watt. C'est le cas par exemple du Galaxy Note 3 de Samsung et de la Nexus 10 de Google. Mais le plus gros volume concerne des produits bon marché vendus en Chine. En ce sens, la puce graphique T720 aura peut-être plus d'impact, du fait du marché potentiellement plus large qu'elle est susceptible d'atteindre. [[page]]Associée au standard Open GL, la Mali-T720 va permettre d'apporter des capacités de traitement graphique aux Mali de milieu de gamme. Les appareils qui en seront équipés pourront par exemple être dotés de fonctions comme la reconnaissance faciale et les utilisateurs pourront assembler des photos pour créer des panoramas. En général, pour ce type de fonctions, les puces graphiques sont plus efficaces que les CPU en terme de consommation énergétique, si bien que la Mali-T720 devrait contribuer à la fois à prolonger la vie de la batterie et à libérer le processeur principal pour l'exécution d'autres tâches. Parmi les autres priorités des fabricants, il y a la taille des puces - selon ARM, la T720 est 30% plus petite que la version précédente - et la rapidité de leur mise sur le marché. 

Compresser l'image et limiter les transferts

« Le doublement des coeurs de la version T760 haut de gamme va permettre d'ajouter des fonctionnalités comme le montage vidéo, la reconnaissance gestuelle et le traitement de l'affichage 4K sur les tablettes », a déclaré la vice-présidente des solutions marketing chez ARM. « Nous voulons éviter aux utilisateurs de démarrer leur PC », a-t-elle ajouté. De son côté, Andy Loats, chef des produits graphiques chez ARM admet que, probablement, la plupart des terminaux n'ont pas besoin de ces puces 16 coeurs aujourd'hui, mais pointent que certains fabricants de tablettes réclament déjà des puces 12 à 14 coeurs. Et si la puce Mali-T760 est encore sur le marché au moment où les fondeurs passeront à un processus de fabrication plus avancé -  pour réduire la taille des transistors notamment - les puces 16 coeurs ne poseront pas de problème, a-t-il ajouté.

Pour améliorer l'efficacité énergétique, le design T760 introduit une technologie de compression d'image dans la mémoire tampon qui réduit la quantité de bande passante nécessaire au transfert des données entre les différentes parties du système sur puce. « Chaque fois que la GPU doit accéder à la mémoire, elle consomme de l'énergie, donc, en comprimant les données et en limitant leur va-et-vient, on prolonge la vie de la batterie », a expliqué Andy Loats. La puce graphique Mali-T760 est basée sur le nouveau coeur de GPU conçu par ARM nommé Skrymir. ARM a sans doute pris le nom de ce géant de la mythologie nordique pour rappeler que son entrée dans le marché de la puce graphique date du rachat du fondeur norvégien Falanx.

Les deux designs sont d'ores et déjà disponibles sous licences, a indiqué la vice-présidente des solutions marketing chez ARM, Trina Watt. Ce qui permet de supposer que dans 18 mois environ on trouvera sur le marché des appareils intégrant de nouvelles puces graphiques basées sur le design ARM. Mais comme l'a fait remarquer la vice-présidente des solutions marketing chez ARM, du fait de la pression de la concurrence, ce délai pourrait dans certains cas être ramené à moins d'un an.