IBM ouvre son architecture Power, dans le cadre du consortium OpenPower qu'il vient d'annoncer avec Google, à un moment où le marché est difficile pour lui. Sa division Power a enregistré une baisse de 25% de son chiffre d'affaires au dernier trimestre, tandis que celui de sa division Systèmes et Technologie baissait de 12% (*). En dehors d'IBM et de Google, les premiers membres de l'alliance OpenPower présentée mardi dernier sont Nvidia (fabricant de cartes graphiques), Tyan (constructeur de serveurs) et Mellanox (solutions de réseau et de stockage).

La société Tyan, dont le siège social est basé à Taipei, sera la première à livrer un serveur basé sur l'architecture Power. Le système est prévu comme une alternative aux serveurs x86. Les premiers produits à sortir dans le cadre du consortium OpenPower devraient être basés sur l'architecture du prochain Power8, même si ce n'est pas explicitement indiqué dans l'annonce. IBM a notamment inclus dans les Power8 une fonctionnalité pour les fabricants de composants, afin qu'ils puissent facilement associer leur propre technologie à la puce. D'autres sociétés devraient rejoindre l'alliance dans les prochains mois, a assuré Brad McCredie, vice président et CTO d'IBM STG. D'autres fournisseurs pourront livrer des SoC basés sur Power dans quelques années, selon B. McCredie, qui explique que le cycle de conception demande deux ans voire davantage. La propriété intellectuelle Power est aussi ouverte aux fabricants de PC et IBM continuera à faire des puces pour des fournisseurs en tierce partie.

IBM cible notamment le marché asiatique

Le consortium OpenPower bénéficiera à IBM et à ses partenaires en favorisant la collaboration et l'innovation, a pointé Brad McCredie. Il aidera aussi IBM à pénétrer plus avant certains marchés comme le cloud computing qui sont dominés par les puces x86 d'Intel et d'AMD. Les processeurs Power sont principalement utilisés sur les serveurs haut-performance, même si Big Blue a commencé à les introduire dans des serveurs de moyenne et d'entrée de gamme. L'an dernier, IBM a baissé le prix de certains Flex Systems et préconfiguré des serveurs PureSystems, les deux lignes utilisant des puces x86 et Power. Il a aussi configuré des serveurs pour les déploiements dans le cloud et la virtualisation.

Les mégadatacenters établis par Google, Facebook et Amazon s'appuient surtout des serveurs à base de puces x86, mais il y a un intérêt croissant pour les processeurs ARM à basse consommation, principalement utilisés dans les smartphones et les tablettes. On croit beaucoup que les serveurs ARM seront plus efficaces dans la gestion des transactions cloud très rapides telles que les recherches sur le web et les flux sur les réseaux sociaux. L'architecture Power apporte davantage de fiabilité, de puissance de calcul et de longévité aux serveurs dans les déploiements cloud, affirme Brad McCredie. Il ajoute aussi qu'IBM cible le marché asiatique en plein développement à travers sa nouvelle alliance OpenPower.

Complémentaire du projet Open Compute de Facebook

L'architecture et les processeurs Power continueront à être développés pour les datacenters et ne devraient pas aller vers les smartphones et tablettes comme le font les puces Atom x86 d'Intel ou celles d'ARM, selon Brad McCredie. Le design des processeurs Power pour serveurs n'est pas le même que les designs Power utilisés dans les microcontrôleurs de sociétés comme Freescale Semiconductor. Brad McCredie a par ailleurs expliqué que l'ouverture de l'architecture Power était complémentaire de l'Open Compute Project lancé par Facebook, celui-ci se concentrant principalement sur la conception des serveurs.

IBM a cherché à pousser son architecture Power dans d'autres applications depuis de nombreuses années, a rappelé Jim McGregor, analyste chez Tirias Research, interrogé par notre confrère d'IDG News Service. « Le seul succès d'IBM concerne les grands serveurs et les mainframes, mais ce marché se réduit au fil des années à mesure que les entreprises migrent lentement leurs logiciels vers d'autres plateformes matérielles et logicielles comme les x86 et Linux. La plus grosse difficulté a toujours été le logiciel », rappelle encore Jim McGregor. 

Cette initiative d'IBM pourrait être vue comme une tentative désespérée de maintenir Power en vie, mais il y a bien une opportunité pour des processeurs basés sur cette architecture dans les datacenters, assure l'analyste. « Il y a toujours eu et il y aura toujours de la place pour de multiples architectures dans les serveurs en raison des différents types de charges de travail et de besoins en puissance de calcul », pointe-t-il.