« Un E10000 dans le creux de votre main », clame la brochure de présentation du Niagara 2, évolution du processeur UltraSparc de Sun, présenté officiellement aujourd'hui. Autrement dit, il y a dix ans, il fallait un serveur Sun E10000 entier pour fournir 64 threads, tandis qu'aujourd'hui l'UltraSparc T2 fournit ces 64 threads « pour 50 fois moins cher » - étant entendu qu'il s'agit de 'threads' liés au système, c'est-à-dire des domaines d'exécution, par opposition avec les 'threads' applicatifs, ou flux d'instructions, qui se comptent par dizaines. En utilisant la technologie de containers de Solaris 10, explique Sun, on peut donc faire tourner 64 domaines. Mieux, affirme Sun, le dernier-né de ses processeurs est un véritable « serveur sur une puce », intégrant, outre les contrôleurs mémoire, deux ports Ethernet 10 Gbps et huit connecteurs d'entrées/sorties PCI-Express. Jamais à court d'une pique pour IBM (qui le lui rend bien), Sun souligne que sa seule puce vaut deux p 570, des serveurs Power6 d'IBM (lequel expliquait de son côté, lors de la présentation des Power6 en mai dernier, que 30 SunFire V890s pourraient être consolidés dans un seul rack de p 570). Sun espère que ces caractéristiques séduiront des fabricants de routeurs et de matériels de stockage. « Nous sommes en contact avec certains fabricants », a admis David Yen, vice-président exécutif de la division micro-électronique, sans donner davantage de précisions. Par rapport à l'UltraSparc T1, le T2 « double les performances sans augmenter la fréquence d'horloge », précise David Yen. C'est une innovation architecturale, continue-t-il, « contrairement à certains [IBM et son Power6, NDLR] qui suivent la vieille stratégie d'augmenter la fréquence ». Avec 500 millions de transistors gravés en 65 nm, la puce Niagara contient donc toujours huit coeurs à 1,4 GHz, mais double son nombre de threads par coeur, et chacun d'entre eux se voit désormais secondé par un coprocesseur cryptographique et par une unité de calcul en virgule flottante. Une consommation de 1,5 W par thread Bien sûr, les aspects écologiques et économiques ne sont pas oubliés dans la présentation de Sun. [[page]]En affichant la consommation de sa puce, 95 W, David Yen demande à ce qu'on ne compare pas les pommes et les oranges, puisque, faut-il le rappeler, Niagara 2 est un serveur sur une puce. Sun fournit donc un tableau comparant son T2 sur la base du nombre de Watts par thread. L'UltraSparc T2 affiche alors moins de 1,5 W par thread, contre 30 W pour l'Intel Xeon 5300, 33 W pour le Power6 d'IBM et 60 W pour l'Opteron 2nde génération d'AMD. CQFD. Sun en conclut que « l'UltraSPARC T2 est sans conteste le champion du rendement et de l'informatique 'verte' », et qu'il peut donc « faire économiser des millions de dollars dans les centres de données, face à l'envolée des coûts d'alimentation, de refroidissement et d'espace ». De fait, l'UltraSparc T2 apparaît comme la puce idéale pour un serveur de consolidation. Les premiers sont attendus sur le marché dès cet automne. Mais le processeur ne répond pas encore aux besoins des plus gourmands : comme son prédécesseur, cette version du Niagara n'existe qu'en version mono-processeur. La version bi-processeur est promise pour début 2008 : les 16 coeurs de la puce « Victoria Falls » fourniront 128 threads. Comme pour le T1, l'ensemble de la propriété intellectuelle autour du T2 sera mis en Open Source. Sun indique que le code source du T1 a été téléchargé 5400 fois. Très fier, David Yen a indiqué que des universités utilisent ce matériau pour enseigner à leurs étudiants l'architecture des processeurs.