« Performant » est ressorti comme le terme récurrent de la conférence de presse sur Windows 7 organisée par Microsoft le jeudi 8 avril. Est-ce l'heure de la rédemption pour l'éditeur après la très grosse déception de ses clients face à Windows Vista ? Jean-Pascal Cousin, directeur Entreprise Technologies et Services chez la multinationale Sanofi-Aventis, l'un des leaders mondiaux des laboratoires phamarceutiques, se souvient : « Vista n'était pas bien-né pour les entreprises. Il y avait beaucoup de problèmes de compatibilité des applications, de drivers, en plus d'un côté intrusif pour l'utilisateur. » Beaucoup d'entreprises ont ainsi conservé Windows XP dans l'attente d'un meilleur système d'exploitation.

Après cet échec cuisant, Microsoft est aujourd'hui fier d'annoncer crânement que « Windows 7 est vendu toutes les 7 secondes dans le monde. » A ce jour, on en serait à 16 millions d'installations du système d'exploitation dans les entreprises, soit un décollage trois fois plus rapide que pour Vista. Suite à une campagne marketing savamment orchestrée (bêta et RC en libre accès) et à une appropriation rapide du grand public, les entreprises ont du faire face à une demande pressante de la part des utilisateurs. Pour les responsables en entreprise qui témoignaient lors de cette conférence, c'est l'une des raisons majeure d'une future migration de leur parc de postes de travail vers Windows 7. « Les salariés veulent les même outils à leur bureau que chez eux et, aujourd'hui, ils ont plus de produits IT que les entreprises » constate Jean-Pascal Cousin. Quant à Philippe Dalle Nogare, DSI de Bouygues Construction, il ajoute que : « nous sommes victimes de l'utilisateur qui demande un outil plus performant ».

Illustration : Les responsables IT de Sanofi Aventis, Bouygues Construction et Vinci Energie lors de la conférence de presse organisée par Microsoft, jeudi 8 avril. De gauche à droite : Jean-Pascal Cousin, directeur Entreprise Technologies et Services chez Sanofi-Aventis, Philippe Dalle Nogare, DSI de Bouygues Construction, l'animateur de la table ronde, et Jean Huot, directeur technique de Vinci Energie.

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Tous s'entendent à dire que le système d'exploitation est performant et qu'il n'est pas nécessaire d'attendre les correctifs du Service Pack 1 pour le déployer. Selon Jean-Pascal Cousin « c'est une première de pratiquer de la sorte et de ne pas attendre les premiers correctifs ». Quant à Jean Huot, directeur technique de Vinci Energie, il estime que « Windows 7 apporte une vraie valeur ajoutée. »

Comment expliquer un tel engouement pour Windows 7 ?


Selon Jean-Pascal Cousin l'ergonomie, la sécurité et la robustesse du nouveau système d'exploitation sont ses véritables atouts. Mais il ne faut pas oublier un autre facteur clé dans la mise en place d'un projet dans l'entreprise : la réduction des coûts. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles un groupe décidera ou non de changer de système d'exploitation sur l'ensemble de son parc. Microsoft parle d'un gain en moyenne de 82 à 141 € relatifs au support informatique, à l'administration du PC, au déploiement ainsi qu'aux économies d'énergie. Et selon l'éditeur, le ROI ne devrait pas dépasser les 12 mois.
Résultat, le groupe Bouygues Construction a entamé un processus de migration depuis novembre dernier. Les équipes de cette société travaillent actuellement sur le déploiement et cherchent à automatiser la migration, en parallèle de quoi ils tentent d'accélérer l'évaluation des applications, de vérifier leur compatibilité et d'anticiper les alternatives possibles. A noter qu'en sus des frais de déploiement, les entreprises devront prévoir des coûts de formation de leur personnel.

La virtualisation couplée à Windows 7 est un autre atout majeur sur lequel communique beaucoup Microsoft. La réponse côté responsables en entreprise est malgré tout beaucoup plus nuancée. Jean-Pascal Cousin pense que « virtualiser c'est bien mais ce n'est pas universel. Ce n'est valable que pour des utilisateurs sédentaires or nous avons un nombre conséquent de salariés nomades. » De plus, lorsque l'entreprise virtualise ses postes de travail, elle risque de faire face à des problèmes de maintenabilité.

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Dans tous les cas la migration se fera par étape et pourra intégrer les solutions actuellement en cours de conception chez Microsoft : Windows Online Enterprise et Office 2010 qui devrait être commercialisé dans les semaines à venir. Sans oublier la plate-forme Azure, le cloud maison principalement conçu pour les développeurs, les éditeurs et les intégrateurs.

Un succès à relativiser

En six mois, Microsoft annonce 10% de parts de marché pour Seven. Un chiffre certes encourageant pour le géant informatique, mais il faut prendre en considération l'ensemble des ventes : achats de particuliers et licences OEM (Original Equipment Manufacturer). Car dans ce cas de figure l'utilisateur n'a pas choisi son système d'exploitation. De même; les entreprises ont la possibilité de s'abonner à la Software Assurance et disposent alors des licences de toutes les mises à jour du système d'exploitation. Ainsi, elles peuvent avoir Windows XP sur l'ensemble de leur parc mais seront comptabilisées dans la part de marché de Windows 7, dont ils disposent de fait de la licence. La part de marché annoncée se base en effet sur les licences et non sur les déploiements réels.

Autre chiffre clé affiché : 57% des entreprises devraient migrer vers Seven dans les 12 à 18 mois. Ce processus ne sera pas immédiat mais devrait se dérouler sur une durée moyenne de 4 ans. Microsoft n'a pas souhaité communiquer au sujet des chiffres de ventes à l'unité, notamment de mises à jour d' XP ou Vista vers Seven. Or seules ces ventes sont les témoins de la véritable attractivité du produit.