Microsoft et Salesforce ont réglé leur différend portant sur la violation croisée de propriété intellectuelle, chacun ayant porté plainte contre l'autre. L'accord qu'ils viennent de conclure donne aux deux éditeurs une protection sous couvert du portefeuille de brevets de l'autre. La société dirigée par Steve Ballmer Microsoft a également indiqué qu'elle recevrait une compensation de la part de Salesforce.com, mais sans en préciser le montant. En pointillé, Microsoft laisse entendre qu'il a obtenu la meilleure part dans cet accord.

La bataille a débuté en mai quand l'éditeur de Redmond a porté plainte contre Salesforce.com, estimant que la plateforme de CRM (gestion de la relation client) de ce dernier utilisait illégalement 9 de ses brevets. Il réclamait une compensation financière. Quelques semaines plus tard, la société de Marc Benioff poursuivait à son tour Microsoft, estimant que l'environnement .Net et l'application collaborative SharePoint violaient eux aussi des brevets dont elle avait la propriété intellectuelle.

Microsoft a déjà signé 600 accords de licence

Dans le communiqué publié le 4 août 2010 par Microsoft pour annoncer l'accord trouvé, Horacio Gutierrez, vice-président et responsable juridique de l'éditeur pour la propriété intellectuelle et les licences, a déclaré que le « portefeuille de brevets de Microsoft compte parmi les plus importants de l'industrie du logiciel et qu'il résulte de décennies d'innovation ». Selon lui,  l'accord signé montre que « les entreprises peuvent se livrer une concurrence féroce tout en respectant les droits relatifs à la propriété intellectuelle de l'adversaire ». Microsoft a indiqué que son programme permettant d'utiliser ses brevets (IP licensing program), lancé en décembre 2003, avait conduit à plus de 600 accords de propriété intellectuelle, notamment avec Apple, HP, Amazon.com, LG, Nikon, Novell, Samsung et bien d'autres.

Illustration : Horacio Gutierrez, vice-président et responsable juridique de l'éditeur pour la propriété intellectuelle et les licences[[page]]
Des acteurs majeurs comme Google, Amazon et Salesforce.com, qui ont évolué exclusivement dans le cloud ont su faire valoir les avantages de ce dernier pour les applications et le stockage, amenant les entreprises à migrer vers le cloud. L'avantage de Microsoft réside surtout dans sa vision du cloud. Certes, rappellent nos confrères de PC World, il est plus facile de prendre une position dominante dans les technologies client-serveur, la messagerie, et les outils de productivité (sur la base de logiciels et de services auxquels les entreprises font déjà confiance), puis de convaincre les clients de migrer vers le cloud, plutôt que de s'installer d'emblée dans le cloud et de construire des outils et des services crédibles pour concurrencer Microsoft.

Par le passé, Microsoft a déjà montré sa capacité à entrer sur un marché en fin de partie et à se l'approprier jusqu'à devenir après coup une force dominante. Est-ce que ce scénario va aussi se dérouler sur le terrain du cloud. Au départ, Microsoft semblait s'opposer à cette évolution vers le cloud, luttant pour le modèle client-serveur traditionnel sur lequel il avait construit un empire pour son système d'exploitation desktop et serveur. Quand il a cessé de nier la tendance - le cloud s'étant développé malgré lui - il a reconnu le changement culturel et s'est demandé comment s'y adapter.

Assimiler, s'adapter et dépasser

Heureusement pour lui, Microsoft possède la propriété intellectuelle nécessaire pour créer un service cloud convaincant, souligne encore PC World. Il dispose aussi d'une base de clients et du crédit des entreprises pour commercialiser avec succès ses services Azure et gagner une part importante du marché du cloud. Avec l'annonce des serveurs spécialisés Windows Azure Platform (lors de la Worldwide Partner Conference de juillet dernier) qui permettent de créer des clouds privés, Microsoft propose également une passerelle entre le modèle traditionnel client-serveur et la plateforme cloud Azure.  Libéré de la plainte de Salesforce.com concernant les brevets, sans pour autant négliger la compensation monétaire qui atterrira dans ses poches, Microsoft peut se consacrer à ce qu'elle fait le mieux : assimiler, s'adapter et surmonter.