« Le projet de la Commission européenne de baisser les prix d'accès aux réseaux en cuivre afin de stimuler l'investissement dans les réseaux de prochaine génération est une erreur, » ont fait savoir les principales entreprises de télécommunication européennes. C'est au mois d'octobre que Neelie Kroes, la commissaire chargée de la stratégie numérique en Europe, a révélé cette mesure de baisse du prix du dégroupage. Mais une étude, réalisée par Plum Consulting pour le compte de l'ETNO (European Telecommunications Network Operators Association), l'association qui regroupe les plus grands opérateurs européens ex-monopoles, montre que l'abaissement du prix de l'accès aux réseaux en cuivre pourrait avoir un effet inverse.

Selon ce rapport, la réduction du prix du dégroupage nuirait à l'investissement, car elle ferait baisser les prix de détail dans le marché, aussi bien pour l'accès à la génération actuelle que l'accès à la suivante. « Avec pour conséquence, une baisse de la demande et une réduction du prix de la fibre, » explique le rapport. L'enquête de Plum Consulting affirme qu'en baissant les prix du cuivre on réduirait également le cash-flow disponible, avec le risque de réduire les dépenses sur les infrastructures.

Les acteurs du câble protestent aussi


Selon Cable Europe, une association professionnelle qui regroupe tous les principaux opérateurs de télévision par câble à haut débit et leurs associations nationales à travers l'Europe, la Commission a adopté une approche « à court terme. » Gregg Svingen, porte-parole de Cable Europe a déclaré que cette mesure « ne tenait pas compte de la dynamique concurrentielle à laquelle contribuent les câblo-opérateurs. » Aujourd'hui, « nous nous déployons en Europe, où il s'agit de concurrencer les opérateurs historiques. Fort de ses critères concurrentiels, le câble est un bon exemple pour rappeler qu'il y a des forces déjà en action dans le marché, qui poussent les opérateurs historiques à investir dans les infrastructures de prochaine génération, » a-t-il déclaré.

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« Il est également important de voir que chaque nouvelle action règlementaire a des conséquences, et certaines peuvent être imprévues ou inattendues. Tout effet de laminage sur le marché global pourrait éloigner les investisseurs et les orienter vers d'autres secteurs de ce marché crucial. Nous demandons à la Commission de réfléchir à une règlementation moins intrusive, en particulier en ce qui concerne ses méthodes de calcul », a poursuivi Gregg Svingen.

Casser la rente de l'ADSL

Mais, au mois d'octobre, Neelie Kroes a répondu que les opérateurs des réseaux alternatifs considéraient que les prix d'accès aux réseaux en cuivre étaient trop élevés, étant donné que la valeur des actifs en cuivre des opérateurs était largement amortie. « Pour le moment, les entreprises de télécommunications hésitent à engager des fonds importants pour le déploiement de la fibre. En conséquence, les opérateurs historiques préfèrent réaliser de bons profits, facilement, sur l'infrastructure existante, plutôt que d'investir des sommes importantes dans les réseaux en fibres, » a-t-elle fait valoir.

La Commission s'est engagée à favoriser le déploiement des réseaux en fibre optique de façon à ce que tout Européen puisse profiter du haut débit à 30 Mbt/s à l'horizon 2020, et qu'au moins 50%  des Européens puissent profiter d'un accès à 100 Mbt/s.