L'Agence américaine pour la protection de l'environnement (Environmental Protection Agency, EPA) est en train de boucler les travaux du programme Energy Star pour les datacenters qui, pense t-elle, sera opérationnel en juin. « L'objectif est de sensibiliser les entreprises et de les inciter à améliorer l'efficacité énergétique de leurs centres de données, mais aussi de leur donner un moyen de suivre dans le temps l'efficacité des projets », a déclaré Alexandra Sullivan, membre de l'EPA, lors de la Green Grid Data Center Conference qui s'est tenue à San Jose, en Californie. Les centres de données souhaitant prendre part au programme disposeront d'un outil en ligne pour évaluer leur efficacité énergétique sur une échelle de 1 à 100. Les datas centers qui obtiendront un score supérieur ou égal à 75 pourront faire, auprès de l'EPA, une demande de certification afin d'obtenir le label Energy Star. L'EPA fortement impliquée dans les datas centers L'Agence américaine pour la protection de l'environnement est devenue de plus en plus active dans les datacenters. Elle a déjà mis en place un programme Energy Star pour les serveurs x86, et son programme pour les équipements de stockage est en cours. Elle a aussi commencé à travailler sur un programme Energy Star pour les systèmes UPS, les systèmes d'alimentation sans coupure. Tous ont été conçus pour aider les entreprises à choisir des produits éco-suffisants en énergie. Le programme élaboré pour les centres de données est un peu différent dans ce sens qu'il se veut plus incitatif. Du fait de la grande sensibilisation du public aux questions environnementales, l'EPA espère que les entreprises verront dans la norme Energy Star un moyen de mieux vendre leurs produits. L'EPA qualifie déjà l'efficacité énergétique d'une vingtaine de types de bâtiments différents, y compris les bureaux et les hôpitaux. Les critères essentiels sont la surface au sol et le temps d'occupation. Mais pour les centres de données, elle a du élaborer un système d'évaluation différent. Dans leur cas, l'évaluation se fera largement fonction du PUE (Power Unit Efficiency), qui mesure la puissance énergétique totale fournie à un datacenter, divisée par la quantité effectivement dépensée par les équipements informatiques, qui échappe à la dissipation par des systèmes de refroidissement ou des équipements électriques inefficaces. L'évaluation de l'EPA prendra également en compte la production d'énergie par les systèmes UPS. « Cela signifie que, même si les centres de données ayant de bons scores PUE seront les mieux classés, ce ne sera pas le seul facteur d'évaluation », a déclaré Alexandra Sullivan. Le PUE comme étalon, mais l'EPA reste ouverte Mais le programme risque de faire débat. Certains participants à l'événement Green Grid ayant été surpris que d'autres critères ne soient pas pris en considération. Par exemple, si un centre de données est situé dans un région froide ou chaude, ou le niveau de redondance que cela procure. Selon Don Klein, vice-président du marketing et du développement chez Modius, qui fabrique des appareils mesurant la consommation d'énergie des datas centers, « il faut prendre en compte la situation géographique, parce que c'est plus facile d'avoir un score PUE faible si le centre se trouve dans une région froide. » Mais ce n'est pas l'avis d'Alexandra Sullivan. Pour elle, les données analysées, provenant de 108 centres, ont montré que seuls les systèmes UPS devaient être pris en compte. «Nous avons été surpris de constater qu'il n'y avait pas beaucoup de variables opérationnelles à avoir un effet statistiquement significatif sur le PUE, a t-elle indiqué. « La différence vient plus des pratiques de gestion en matière énergétique que des caractéristiques. » [[page]] Toujours selon Alexandra Sullivan, « le niveau de redondance ne devrait pas jouer non plus parce que de nombreux centres de données fonctionnent sur plusieurs niveaux dans un espace unique, » a t-elle fait valoir. Par contre, les entreprises qui utilisent l'air frais ambiant pour suppléer aux conditionneurs d'air obtiendront toujours un meilleur classement, parce que ce type de refroidissement tend à abaisser les scores PUE. Cependant, l'EPA n'exclut pas d'améliorer ses méthodes de mesure. Ainsi, les centres de données auront la possibilité de fournir des informations sur leur niveau de redondance. « De cette manière nous pourrons l'analyser et voir si cette donnée est pertinente pour être prise en compte dans les futurs modèles d'évaluation, » a déclaré Alexandra Sullivan. Gary Murphy, principal chez idGROUP, une entreprise qui conçoit des datas centers, a qualifié le programme de «très utile». Selon lui, « il procurera aux gestionnaires de centres de données un bilan à montrer aux cadres de niveau C - très concernés par le coût en énergie des datas centers - pour prouver que leurs installations sont efficaces » D'un autre côté, Gary Murphy se demande si l'EPA a collecté suffisamment de données pour son analyse, car «108 centres de données, ce n'est pas beaucoup», dit-il. L'EPA devrait intégrer les données d'évaluation pour les data centers à son outil en ligne en juin, et permettre aux entreprises qui souhaitent y participer d'y entrer leurs données pour estimer leur score. En dehors de l'Europe, où le programme Energy Star est également reconnu, Andrew Fanara, directeur du programme, a fait savoir que la Chine et l'Inde avaient également accepté « le principe» de l'utilisation du système de l'EPA pour le classement de leurs produits. « Il est important d'éviter de créer une mosaïque de programmes régionaux, a t-il déclaré, surtout pour les entreprises multinationales. »