Compubase a comparé la population des acteurs IT de 2010 à celle de 2005. Le premier enseignement pourrait être considéré comme une bonne nouvelle : le nombre total d'acteurs (22 603) est resté stable. Cela signifie deux choses : la première est que le nombre de créations d'entreprise a compensé le nombre de disparitions, la seconde est que le nombre de défaillances n'a pas « explosé » après 2008, comme on pouvait le craindre.

Toutefois, la filière a bel et bien été bouleversée. La fameuse antienne de l'évolution vers la « valeur ajoutée » doit aujourd'hui être reformulée. « Dans les faits, on constate une vaste migration des acteurs vers les activités qui génèrent des marges brutes importantes », explique ainsi Jack Mandard, Président de Compubase. Une précision importante concerne la méthodologie de l'étude : les entreprises étaient interrogées sur leur « 1ère activité », ce qui permet notamment d'identifier les activités où la part des pure players a le plus progressé.

Vainqueurs : les éditeurs verticaux

Les secteurs qui enregistrent les plus fortes progressions en nombre d'acteurs sont clairement l'édition de logiciels spécifiques (+ 36,7%) ou métiers (+ 27,7%). D'où sortent-ils ? « Il ne s'agit pas nécessairement de nouveaux entrants, précise Jack Mandard. Nombre d'entre eux sont devenus des pure players de l'édition, alors que c'était leur seconde activité auparavant ». De fait, l'actualité de ces dernières années a montré que de nombreuses sociétés de distribution ont cédé leur activité d'édition, considérant notamment qu'il est difficile de ne pas se consacrer entièrement à ce métier.

Les autres progressions notables concernent les intégrateurs télécoms et réseaux (+ 25,4%) et les services informatiques (+ 11,4%). A elle seule, cette catégorie représente désormais un tiers des entreprises de la filière (7 279 sur 22 603). Là encore, les nouveaux venus ne sont pas en majorité des start-up, mais plutôt des intégrateurs ou des revendeurs qui ont abandonné le négoce pour se consacrer aux services.

 

Crédit photo : Toshiba


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« La conclusion n'est pas que les ventes de matériels et de logiciels ont  baissé, mais que le nombre d'acteurs qui réalisent ces ventes est en recul », insiste Jack Mandard. Sans surprise, une des baisses les plus fortes concerne la revente aux particuliers (- 22,3%). Les difficultés des computers shops se sont multipliées à partir de 2006. Sur ce créneau, la suprématie de la grande distribution paraît définitive. Compubase note également une baisse du nombre de grossistes (- 10,6%), notamment du fait de la disparition de petits grossistes spécialisés.

Le phénomène de « vases communicants » est particulièrement visible chez les intégrateurs (- 23,7% pour les logiciels et - 30,8% pour les infrastructures), qui ont basculé vers les services. Mais le recul le plus impressionnant concerne sans surprise les grands assembleurs : - 61,5%. Ils ne sont plus que 25 en France à déclarer que l'assemblage est leur principale activité.

Enfin, on doit noter la baisse du nombre de fournisseurs (c'est-à-dire l'ensemble des fournisseurs de matériels IT présents en France) : - 11%, soit tout de même 1 242 sociétés. « Il ne s'agit bien sûr pas d'une baisse de l'activité, mais d'une concentration logique, sans compter que le nombre de nouveaux entrants est faible, notamment parce que le ticket d'entrée pour s'implanter en France est désormais très élevé », conclut Jack Mandard.