C'est plutôt une bonne surprise, pour Gartner : les budgets informatiques ne diminueront pas en 2009. Le cabinet d'études a publié son enquête annuelle « CIO Agenda Survey », réalisée auprès d'un peu plus de 1500 entreprises et administrations, représentant un montant de dépenses IT annuelles de plus de 138 Md$. Il en ressort qu'après plusieurs années de croissance continue (1,3% en 2004, 2,5% en 2005, 2,7% en 2006, 3,0% en 2007 et 3,3% en 2008), les dépenses en 2009 seront étales, à + 0,16%. Le cabinet s'attendait-il à bien pire ? « Oui, répond Dave Aron, vice-président de Gartner. Nous prévoyions un tableau bien plus négatif, avec davantage de coupes, et de projets d'externalisation. » Ces derniers permettent en effet de transformer la structure des coûts, une opportunité bienvenue en ces temps de crise économique. « Or, il n'y a pas de signaux en ce sens. » De même, si Gartner conseille aux DSI de saisir l'opportunité de remettre à plat leur organisation, et de « couper les branches mortes », il ne devrait pas y avoir de plans de licenciements, du moins pas en grand nombre. « Rien ne le laisse présager, et les départements informatiques sont déjà bien maigres. Il faut noter en outre que très peu d'entreprises subiront une baisse de leur budget IT de plus de 10%. En Europe, par exemple, cela ne concernera que 8% des entreprises. » Gartner aux DSI : « travaillez plus intelligemment » Reste que les DSI devront tout de même se serrer la ceinture, alors que la pression venant du métier n'a aucune raison de diminuer, au contraire. Pour Gartner, l'informatique pourra toujours apporter de la valeur à condition d'être plus efficace. En d'autres termes, « il ne s'agit pas de faire plus avec moins, mais de travailler plus intelligemment ». Dave Aron explique que « les DSI vont devoir prendre au sérieux la notion de stratégie, et établir des priorités en fonction de ce que l'IT peut apporter au business ». L'analyste s'attend à très peu d'investissements dans les nouvelles technologies. « Un peu de Web 2.0, de virtualisation, de collaboratif. » Gartner conseille plutôt de faire porter le gros des efforts sur « une utilisation plus stratégique des technologies déjà en place, comme le décisionnel, dont la plupart des projets jusqu'à présent ont échoué à vraiment délivrer de la valeur ». Gartner conseille un pilotage des projets par le risque [[page]] Le conseil de Gartner pour utiliser plus efficacement des technologies déjà installées ? « Etablir des métriques strictes pour mesurer la valeur en termes métier, explique Dave Aron. C'est ce que font les DSI les plus avancés. » Ils doivent aussi sortir de leur sphère d'influence, et parler en termes métier avec le directeur financier et le directeur général. C'est ainsi qu'avec les outils de gouvernance appropriés, ils pourront piloter les projets en termes de risques. « Les DSI doivent se demander : quels risques y a-t-il si j'annule tel projet ? Quels risques y a-t-il si j'investis dans tel projet ? » SOA, virtualisation et cloud apportent une flexibilité bienvenue Pour Dave Aron, si les DSI mettent en place cette stratégie, tous les projets à long terme ne sont pas condamnés. On pense par exemple aux SOA (architectures orientées services), qui impliquent à la fois de la transformation du SI et une démarche transversale. « Les SOA sont toujours sur le radar des DSI, d'autant plus qu'elles n'impliquent pas nécessairement un projet d'un seul tenant, cela peut être fait de façon très modulaire. » En outre, remarque Dave Aron, « les SOA contiennent une promesse de flexibilité, d'agilité, tout comme la virtualisation et le 'cloud computing', ce qui rend ces technologies particulièrement intéressantes en ce moment ». Parmi les autres priorités des DSI listées par l'enquête de Gartner, on retrouve, principalement en France, d'ailleurs, la volonté d'améliorer la qualité du service rendu par l'IT. Ce qui dénote peut-être un léger manque de maturité sur les solutions orientées Itil (référentiel de bonnes pratiques), observe Dave Aron. La bonne nouvelle est que les DSI français devraient être un peu plus gâtés que leurs homologues étrangers. Gartner, qui a interviewé 16 entreprises françaises (totalisant 4 Md$ de dépenses informatiques), arrive à la conclusion qu'en France les budgets devraient connaître une légère augmentation, de 1,26% en moyenne.