Le temps où Google admettait que ses Docs ne possédaient pas la sophistication ou les fonctionnalités de Microsoft Office, appartient au passé. Désormais la suite bureautique en ligne est construite pour pouvoir supporter des améliorations rapides et importantes explique Anil Sabharwal, chef de produit chez Google Enterprise. « Pour les Docs 2.0, nous avons créé une base technologique entièrement nouvelle qui nous permet d'être innovant plus rapidement. »

Pendant longtemps, Google a surtout vanté les capacités collaboratives que son modèle SaaS (Software-as-a-Service) apporte à Docs. Mais la suite bureautique manque de fonctionnalités, empêchant les entreprises de l'utiliser comme une alternative possible à Microsoft Office. En particulier, les utilisateurs se sont plaints des difficultés de mise en forme des documents dans le traitement de texte, les forçant à exporter des fichiers Docs vers MS Office pour résoudre des problèmes de pagination et de réglage de marges. Jusqu'à présent, seule la composante Gmail de Apps a réussi à s'imposer comme une alternative viable aux plateformes de messagerie MS Exchange ou IBM Lotus Notes. Pour ne pas rester un simple outil de complément sur le web, Google entend maintenant pousser Docs pour vraiment concurrencer MS Office.[[page]]Ainsi, Google a annoncé des améliorations des fonctions de mise en forme dans son application de traitement de texte Docs, y compris une meilleure «fiabilité» lors de l'importation et de l'exportation de documents vers et depuis Microsoft Office. L'amélioration des réglages de marges et des taquets de tabulation, un meilleur traitement d'image et une amélioration de la gestion des commentaires dans le document sont également annoncés. L'éditeur de traitement de texte gèrera aussi ce que Google appelle l'édition collaborative en temps réel, ce qui signifie qu'un groupe d'utilisateurs pourra suivre « caractère par caractère » les changements effectués par l'un d'eux sur un document partagé. D'autant que, autre nouveauté, une fenêtre de discussion permet aux collaborateurs de communiquer en direct via la messagerie instantanée.

Le tableur disposera d'une barre de formule pour éditer les cellules, de même que des fonctionnalités de remplissage automatique et de glisser-déposer. L'outil de dessin permettra aussi aux utilisateurs de travailler ensemble en temps réel. Enfin, les documents de ces versions revisitées du traitement de texte, du tableur et de l'outil de dessin seront modifiables simultanément par 50 collaborateurs au plus, et, d'une manière générale, Docs sera aussi, grâce à sa nouvelle infrastructure, plus rapide. A noter cependant, même si ce ne sera que temporaire, que Google prévoit de désactiver la technologie Gears en mode hors connexion de Docs à partir du 3 mai, pour la rétablir dès que celle-ci pourra fonctionner en HTML 5. Les outils Gmail et Calendar continueront eux à utiliser Google Gears.

Déplacer l'usage de la bureautique vers le cloud

Rebecca Wettemann, analyste chez Nucleus Research, qualifie les améliorations apportées à Docs de nécessaires et progressives, sans les juger exceptionnelles. « Ce sont des fonctionnalités que tout le monde attend de ce genre de produits. Elles ne rendent pas les Docs plus utiles que Microsoft Office au point de s'y substituer, » dit-elle. « Néanmoins, ces mises à jour font de Docs une alternative plus crédible à MS Office, et peuvent favoriser Google dans sa campagne de promotion de ses applications en environnement Cloud dans l'entreprise, » ajoute t-elle. « Avec son modèle, l'objectif de Google est d'amener les gens à déplacer leur usage des applications bureautiques vers le cloud. Et plus ses outils seront attractifs, plus Google aura d'arguments pour convaincre les entreprises et les institutions, » poursuit Rebecca Wettemann. Google espère en effet que ses Apps, déjà principalement adoptées par les petites entreprises, gagneront en popularité auprès des grandes organisations. Notamment son édition Premier, dont la licence a été fixée à 50 dollars US par utilisateur et par an, qui, en matière de mode de gestion, de sécurité et de caractéristiques, apporte aux départements informatiques des entreprises ce dont ils ont besoin.
[[page]]Google soutient que ses Apps, développées depuis l'origine sur une architecture informatique Cloud, sont la meilleure alternative - la moins onéreuse aussi - aux plateformes collaboratives et bureautiques traditionnelles de Microsoft, IBM et Novell, d'abord conçues pour être installées chez sur les serveurs des clients. Mais ces fournisseurs réaménagent également leurs logiciels pour tirer parti du modèle Cloud. « Il est important et significatif de voir Google continuer à améliorer ses Docs, a déclaré Ted Schadler, analyste chez Forrester Research. « Google continue d'investir dans ce produit et n'a pas l'intention de le laisser en l'état. Le modèle Cloud lui permettra d'innover plus rapidement, » a-t-il dit. « Ces améliorations régulières vont se poursuivre et accompagner la volonté de faire entrer Docs et Apps dans l'environnement d'entreprise, même si Docs n'est pas encore au même niveau de fonctionnalités que Microsoft Office, » a t-il ajouté.

Les CIO ne cherchent pas forcément à lâcher Office

« Je ne vois pas cela comme une stratégie de remplacement, mais plus comme une stratégie d'augmentation, » précise encore Ted Schadler. « Les CIO et les responsables informatiques ne désirent pas forcément se débarrasser de Microsoft Office. Ils recherchent des solutions aux problèmes de leurs salariés/utilisateurs qui ne sont pas suffisamment bien résolues par Office. L'un d'entre eux, et il est de taille, concerne les fonctionnalités collaboratives au sein de l'entreprise. » En tant que tel, Docs procure aux entreprises une suite bureautique qui facilite la collaboration entre les salariés. « Ils remplacent les échanges par emails et le va-et-vient de multiples fichiers qui restent stockés sur leur PC. Docs offre donc une meilleure solution. »

« Le déménagement des données de leurs serveurs vers les machines de fournisseurs de services Cloud comme Google reste la grande préoccupation des entreprises », avance Rebecca Wettemann. La firme de Mountain View devra probablement répondre à cette question épineuse, lors de sa conférence Atmosphere cloud computing, à laquelle elle a convié près de 400 CIO. Au-delà de l'annonce des améliorations apportées à Docs, Google a prévu de mettre en avant quelques hauts responsables pour répondre à ses invités, y compris Bradley Horowitz, vice-président Gestion produits chez Google, Mario Queiroz, VP Gestion produits Android, Marissa Mayer, VP, chargée de la recherche Produits et Expérience utilisateurs, et Dave Girouard, président de Google Enterprise. Prendront également la parole, Alan Eustace, VP de l'ingénierie et de la recherche, Jeff Huber, VP senior de l'ingénierie et Vint Cerf, promoteur attitré de l'Internet chez Google. Enfin, ce panel sera complété par Marc Benioff, président-directeur général de Salesforce.com et de Vogels Werner, CTO d'Amazon.com.