La Galerie de l'histoire du château, qui mêle oeuvres originales, maquettes et dispositifs multimédias, est le "fruit d'un partenariat exemplaire" entre l'établissement public et Google, a déclaré mercredi Catherine Pégard, présidente du Château de Versailles lors d'une conférence de presse. "C'est la première fois que Google investit un espace physique muséal de manière un peu permanente. Je ne connais pas d'autre expérience au monde y compris aux Etats-Unis", a déclaré à l'AFP Carlo d'Asaro Biondo, président des opérations Google d'Europe du sud et de l'est, du Moyen-orient et de l'Afrique. "J'en suis très content car il s'agit de la première grande manifestation physique de l'Institut culturel Google que j'ai voulu créer après mon arrivée en 2009" et qui a été lancé récemment, ajoute-t-il.

La galerie de l'histoire du Château, qui ouvre jeudi au public, propose onze nouvelles salles - dont quatre multimédias - situées au rez-de-chaussée de l'aile nord du château, juste avant le circuit très visité des Grands appartements. Il s'agit des appartements des princes de sang qui avaient été radicalement transformés au XIXe siècle par le roi Louis-Philippe.

Une mise en scène très moderne

La scénographie, réalisée par l'agence Projectiles, est résolument moderne, très architecturée - et réversible. Près de 90 oeuvres (peintures, sculptures racontant Versailles) sont présentées sous un éclairage sophistiqué. Un tiers n'avaient jamais été présentées au public.

Le château de Versailles a veillé a ce qu'il n'y ait pas de confrontation entre les oeuvres anciennes et le multimédia. "C'était un principe intangible", explique à l'AFP Béatrix Saule, directrice générale de l'établissement.

Les films 3D de Google, aux détails extrêmement précis, sur l'histoire de la construction du domaine royal ou ses jardins sont projetés dans des salles dédiées, intercalées entre les salles traditionnelles. Un site www.versailles3d.com a également été développé ainsi qu'un jeu interactif en ligne Pagaille à Versailles a été créé.

Un mécénat accompagné de prestations techniques

Pour cette opération, Google a apporté un mécénat de compétence et un soutien financier dont il ne souhaite pas divulguer le montant. Près de 50 personnes ont été mobilisées pendant près d'un an, à Versailles mais aussi parmi les ingénieurs de Google à Paris, New York et dans le Colorado. "C'est la reconstitution 3D la plus avancée que nous ayons jamais faite", a déclaré l'ingénieur Steve Crossan, qui dirige l'Institut culturel de Google à Paris.

Que Google soit physiquement présent dans le château de Louis XIV est "extraordinaire", pour M. d'Asaro Biondo. "C'est un signe de respect réciproque, un symbole de toute l'évolution que Google a dû faire sur la culture et les droits d'auteur ces dernières années et qui nous a conduit à signer des accords" dont un sur la numérisation de certains livres en France annoncé cette semaine, a-t-il ajouté. "Google doit créer ses racines locales et pour cela respecter les cultures locales", souligne le dirigeant.

Versailles et Google collaborent depuis plusieurs années. D'abord avec Google Street view. Puis avec le Google Art Project (plateforme de visite virtuelle des musées) auquel le château a participé dès le départ, en février 2011. Google veut étendre cette expérience de présence physique ailleurs. La société "a mis le site de Pompéi sur le web et voudrait créer un lieu là-bas", indique M. d'Asaro Biondo. Idem pour Rome, qui a été mis en 3D. "Maintenant on aimerait trouver des lieux pour montrer ça", dit-il.