Le 27 mai dernier s'est tenu à Bruxelles le forum européen « TIC pour une ville verte et connectée. » L'Acidd (Association communication et information pour le développement durable) a organisé cette manifestation afin d'identifier les acteurs des mondes des TIC et des autorités locales qui tentent d'agir ensemble pour enrayer le changement climatique. Le lendemain 28 mai, deux des intervenants de Bruxelles sont venus faire partager leur expérience à quelques auditeurs parisiens dans les locaux de l'Echangeur au coeur du quartier du Marais. L'Américain Warren Karlenzig, ancien conseiller de Bill Clinton, a fondé la société californienne Common Current qui conseille les organisations publiques comme privées dans la pratique du développement durable. La firme a publié cette année une impressionnante étude qui mesure le niveau de préparation des 50 plus grandes villes américaines face à une éventuelle crise du pétrole. Est-il utile de rappeler le prix du baril et le probabilité que se réalise très vite cette éventualité ? Les cités sont jugées sur la qualité de leur air, leur réseau de circulation des personnes, la mise en oeuvre du covoiturage ou du télétravail... Le trio gagnant classe dans l'ordre San Francisco, New York puis Chicago. Louisville, Tulsa et Oklahoma City ferment la marche. Les TIC au coeur d'une bonne gestion durable des villes Warren Karlenzig est convaincu que les TIC sont la clé pour une bonne gestion durable des villes sur le long terme. A commencer, sans surprise, par Internet. « Les villes qui gèrent seules et efficacement leur développement durable le font sur Internet et surtout avec le Web 2.0, insiste-t-il. Qui plus est, ce sont celles qui s'améliorent le plus en continu. » [[page]]L'Américain rappelle combien il serait utile pour chacun d'avoir des informations à jour en ligne, sur son mobile, sur le train, le bus ou le métro que l'on doit prendre. Il évoque le contrôle et la surveillance des immeubles par les réseaux, des outils qui pourraient aussi permettre de mieux gérer la température, l'électricité voire l'arrosage chez soi. Enfin, son entreprise a participé à la constitution d'une base de bonnes pratiques environnementales alimentée collaborativement par plus de 700 villes dans le monde. Beki Nkala, lui, est le directeur de la recherche et de la connaissance pour l'école de gestion Link Centre de Johannesburg en Afrique du Sud. Avec ses équipes de Research ICT Africa, il parcourt le continent africain pour connaître le niveau d'équipement et d'usage des TIC. Il ne s'agit pas pour eux d'identifier uniquement dans les TIC les moyens de mieux gérer les villes. Mais il s'agit bien de démontrer le lien entre un bon niveau d'utilisation de l'informatique et des télécoms, et la croissance de l'économie locale, au sens large du terme. L'étude analyse ainsi l'impact des TIC sur la vie quotidienne, l'éducation, l'emploi, etc. [[page]]Ce travail exposé en ligne a abouti entre autres à l'ouvrage « towards an african e-index ». Pour respecter leurs convictions jusqu'au bout, les enquêteurs de Research ICT Africa ont adopté le zéro papier et n'utilisent plus pour leurs entretiens que des formulaires électroniques sur des PDA. En Afrique, difficile d'expliquer que l'informatique et les télécoms sont une priorité Bien entendu, Beki Nkala rappelle tous les freins rencontrés par les TIC sur le continent africain. Il explique déjà combien il est difficile de sensibiliser ce dernier au développement durable en général. Même dans son propre pays, considéré comme le plus développé d'Afrique, quasiment personne ne se sent concerné par les émissions de carbone. « On considère que c'est le problème des pays industrialisés. Et puis, il est difficile pour des gens qui ont l'électricité depuis quelques années seulement, parce qu'on les a poussés à l'avoir, de comprendre qu'il faut en consommer moins... Qui plus est, si nous avons des problèmes d'accès à l'énergie, nous en avons bien sûr aussi pour le haut débit, l'infrastructure informatique et télécoms, etc. » Sans oublier qu'il est encore plus dur de convaincre de l'intérêt prioritaire de la connectivité dans des contrées où règnent bien souvent la pauvreté et la faim.