Le « guide pour une électronique plus verte » de Greenpeace, huitième édition, est paru. Et une fois encore, la plupart des acteurs du marché se retrouvent sous la moyenne (5 sur 10). Seuls Sony Ericsson et Sony se placent tout juste au dessus, avec une note égale à 5,1 pour le premier! Il faut dire que le classement de l'association se fait désormais plus sévère. Greenpeace a renforcé le critère concernant la présence de produits chimiques toxiques et a ajouté des éléments liés à la consommation énergétique globale du processus de production de l'entreprise. En resserrant ses exigences, l'association tient les industriels sous la moyenne et maintient ainsi la pression. Et ce, même si tous - ou presque - font des progrès. «Beaucoup d'industriels ont déjà pris les mesures idoines sur les PVC et les retardateurs de flammes bromés, avoue volontiers Zeina Al Hadjj, responsable de la campagne sur les produits toxiques pour Greenpeace International et en charge du guide. Nous leur demandons maintenant d'établir un vrai programme d'élimination d'autres types de produits toxiques comme le beryllium ou les phtalates. » Ces derniers sont respectivement un élément isolant et des plastifiants du PVC. Du côté de l'énergie, les exigences de Greenpeace sont imposantes. L'association ne contente plus du label Energy Star pour les produits des industriels mais réclame qu'ils communiquent la consommation énergétique de tous leurs processus de production... Pas simple. »Les industriels doivent mesurer la consommation de tous leurs processus de production « Est-ce qu'ils connaissent leur consommation énergétique dans la production ? La réponse est non pour la plupart d'entre eux, confirme Zeina Al Hadjj. Ces chiffres n'existent tout simplement pas. Notre stratégie consiste donc à pousser les industriels à les compiler. C'est la responsabilité des entreprises de commencer à s'engager. C'est une responsabilité légale, mais aussi une démarche essentielle pour leur image ! » La porte-parole de Greenpeace explique que pour une industrie vraiment propre, il faut une approche globale, et non partielle, du cycle de vie des produits : substances chimiques, énergie, responsabilité au niveau des déchets, etc. Coté résultat, Sony emporte donc la palme. Mais il aurait pu faire mieux. Bien que son Vaio ait été élu produit électronique le plus vert par Greenpeace au printemps, Sony est sanctionné car il n'applique pas sa surveillance environnementale à l'ensemble de ses produits. HP, pris la main dans le sac dans un des précédents rapports, avec un retardateur de flamme bromé dans un de ses produits, est remonté dans l'estime de l'association. Quant à Nokia, bien que globalement très bon élève, il a perdu un point à cause de certaines pratiques peu claires de retrait pratiquées en Inde. Le fabricant de la Wii se joue des mises à l'index de Greenpeace [[page]]Mais le bonnet d'âne revient à l'irréductible nippon Nintendo. L'industriel semble rester imperméable aux mises à l'index répétées de Greenpeace. Heureux fournisseur de la Wii et de la DS, il nargue l'association en ne faisant quasiment aucun cas de ses classements calamiteux dans le guide. Le Japonais reste bon dernier en ce mois de juin avec une note minable de 0,8, juste derrière Microsoft évalué à 2,2. Plus de contact en face à face avec Nintendo « Depuis que nous publions notre rapport, Nintendo a tout de même publié quelques messages sur son site dédié à l'environnement », se défend Zeina Al Hadjj. Selon la porte-parole, qui en rit presque, Nintendo estime avoir fait des efforts en recyclant ses propres déchets au sein de son siège social. « C'est un minimum pour une entreprise aujourd'hui ! Mais ce n'est surement pas ce que nous voulons : ils doivent éliminer les déchets chimiques. Ils ont près de la moitié du marché des consoles, ils ont une responsabilité. » Mais avec une telle part de marché et les succès réunis de la DS et de la Wii, Nintendo n'a que peu de raisons purement économiques de rendre ses produits plus verts... « Nintendo est la seule des 18 sociétés que nous étudions avec laquelle nous n'avons plus de contact en face à face, depuis près d'un an, malgré nos messages, nos mails, confirme d'ailleurs Zeina Al Hadjj. » Les engagements ne sont pas des promesses à Greenpeace Pour Nintendo comme pour tous les autres, Greenpeace établit ses rapport trimestriels à partir des informations rendues publiques par les fournisseurs. L'association scrute les documents électroniques à la recherche des engagements vis à vis des émissions de gaz à effets de serre ou des calculs de consommation électrique. « Leurs engagements ne sont pas des promesses faites à Greenpeace, rappelle Zeina Al Hadjj. Il doit s'agir d'informations rendues volontairement publiques. » Quand c'est possible, l'organisation croise certaines de ces données avec des études indépendantes, mais elle réalise aussi des tests. « Nous avons une équipe qui « détruit » toutes ces machines, s'amuse Zeina Al Hadjj. Nous avons démonté un iPhone, un Sony Vaio, une Wii, un Lattitude de Dell, une Xbox de Microsoft, etc. » Greenpeace soupçonne Apple de ne pas avoir « dépollué » son iPhone 3G [[page]]A propos d'iPhone, Greenpeace n'a pas encore démonté le modèle tout récent 3G. « Quand Apple a des informations à communiquer, il le fait. Souvenons-nous du lancement du MacBook Air. Et là, nous n'avons toujours aucune donnée environnementale sur ce produit, s'étonne Zeita Al Hadjj. Nous soupçonnons Apple d'avoir laissé dans ces nouvelles versions les mêmes produits chimiques toxiques que dans son premier modèle. Mais nous attendrons patiemment la fin de l'année pour vérifier. » Et pour cause. Steve Jobs en personne a fait une promesse qui intéresse beaucoup Greenpeace : plus aucun produit de la firme ne devrait contenir de phtalates, ni de retardateurs de flamme bromés ou autre substance dangereuse, d'ici la fin de l'année. Chez Greenpeace, tournevis en mains, les militants piaffent d'impatience en attendant la prochaine Saint-Sylvestre...