Au coeur de l'empire Huawei, sur le gigantesque campus de Shenzhen, le constructeur chinois a présenté à une brochette de journalistes français ses solutions télécoms et réseaux, ses terminaux mobiles, ses serveurs, ses systèmes de stockage et sa plate-forme de cloud computing. Si en Europe, le nom de Huawei ne fait pas spontanément penser à des serveurs ou à des baies de stockage, en Asie, le constructeur est déjà un fournisseur global d'infrastructures pour datacenter. Les salles informatiques de géants chinois comme Baidu (le Google national) ou Alibaba (le numéro de la vente en ligne en Chine) sont par exemple équipés avec des solutions serveur et stockage, nous a confié Leon He, vice-président en charge des ventes enterprises chez Huawei. Sans état d'âme, le dirigeant avoue volontiers être désormais en compétition avec HP, Dell, EMC ou Cisco, mais exclut encore IBM.

Un géant chinois à l'assaut du reste du monde

Crée en 1987, Huawei a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 29 milliards de dollars US et a investi près de 2,5 milliards en R&D en 2010. Si les revenus de l'activité entreprise sont encore modestes, 2 milliards de dollars, le marché est porteur et aucun nouvel entrant majeur n'est venu le chahuter sur ce segment. Huawei se fait donc fort de réveiller le marché. Parmi les serveurs proposés par le constructeur chinois, deux modèles ont particulièrement retenu notre attention. Les modèles E6000 et X6000. Le premier peut accueillir 10 lames verticales équipées d'un ou deux processeurs Xeon 5500/5600 avec quatre ou huit coeurs épaulés par un maximum de 192 Go de RAM. Le second peut recevoir des demi-lames animées par un Xeon 3400 quatre coeurs avec 32 Go de RAM max (XH-310), un ou deux Xeon 5500/5600 avec 192 Go de RAM (XH-320) et, enfin, un ou deux Xeon 5500/5600, mais avec 288 Go de RAM (XH620). Le design modulaire du X6000 peut combiner 4 demi-lames dans un noeud occupant 2U dans l'armoire qui fait au total un maximum de 84 blades (voir illustration principale).

Impossible d'obtenir des prix pour ces serveurs. Catherine Hu, directrice de la branche IT chez Huawei, nous a simplement précisé que ces produits seront commercialisés en France à des tarifs très compétitifs. La responsable fonde notamment de grands espoirs sur le modèle X6000, baptisé Cloud Server. C'est la seconde brique dans la stratégie du chinois qui a construit une plate-forme cloud de type IaaS et une offre de stockage cloud reposant sur des stacks Open Source. « Nous sommes clairs, nous poussons une plate-forme ouverte », précise Leon He. « Sur le marché français, nous recherchons des partenaires et poursuivons nos études marketing pour bien affiner notre offre. Nous travaillons d'ailleurs avec les opérateurs télécoms pour évaluer le marché. Notre ambition est de les aider à réduire leurs coûts et à améliorer leurs revenus. » Un centre de compétences va également ouvrir en région parisienne pour accélérer le mouvement.

[[page]]

Huawei n'arrive pas les poches vides sur le marché du cloud. « 10 000 personnes dans la Silicon Valley à Santa Clara, en Europe et en Chine travaillent à l'intégration de notre offre cloud privé avec l'écosystème et les partenaires », indique Catherine Hu. 55 300 employés sur un total de 120 000, soit près de 44%, travaillent ainsi à la R&D du chinois. Ce cloud repose sur quatre fonctions clefs : virtualisation, automatisation, distribution et parallélisme. En Europe, Huawei travaille déjà avec Deutsche Telekom et sa filiale T-System sur le sujet. « L'année prochaine, un de nos clients européens pourra témoigner de son expérience », confie encore Catherine Hu. A la question de savoir pourquoi Huawei serait mieux placé qu'un autre pour démarrer un cloud privé, la responsable répond sans détour que « nous n'avons pas seulement du matériel ou du logiciel, nous apportons une plate-forme cloud complète ». Il s'agit ici encore d'une question de confiance et c'est ce qui est le plus long à construire.

« Par nos succès européens avec les opérateurs, nous pensons avoir les atouts pour percer sur le marché avec nos solutions cloud. Le cloud computing est une opportunité de revoir l'informatique dans les entreprises, voilà pourquoi nous poussons nos solutions aujourd'hui. » Mais le cloud chez Huawei passe également par une offre stockage baptisée CloudStor. Cette solution qui propose stockage et sauvegarde en ligne repose sur des produits maison. En sus des serveurs, Huawei propose en effet une ligne stockage complète avec SAN (les S3900 et S5900), NAS (N8000), bandes (VTL 3000 et 6000) et plate-forme de virtualisation (VIS-6000). Le chinois se mesure d'ores et déjà à IBM, EMC, HP, Hitachi ou NetApp comme le souligne la présentation ci-dessous. Un marché fort disputé où les rachats récents n'ont pas fini de redistribuer les cartes. Nous verrons bien dans les mois qui viennent si Huawei réussit à placer ses solutions.